Une économie numérique solide et ambitieuse
En dépit d’un poids limité dans l’économie réunionnaise, le numérique apparaît de longue date comme un secteur d’avenir. À ce titre, il s’invite au coeur de toutes les stratégies et de tous les projets de développement. État des lieux d’une économie en plein essor, avec le concours de l’IEDOM pour la statistique et de Digital Réunion pour les perspectives.
L’économie numérique réunionnaise dispose d’atouts considérables parmi lesquels un réseau particulièrement performant et inclusif.
“La Réunion se présente comm e un exemple en
termes d’infrastructures de réseau”, confirme l’IEDOM dans une étude thématique publiée en novembre 2020. L’autorité de régulation des communications électroniques, l’ARCEP, faisant pour sa part état d’une augmentation de 57% de l’accès THD en un an, permettant à l’île de devancer les autres territoires ultramarins. L’accès THD s’opère principalement au travers de la fibre optique qui couvre aujourd’hui plus de 80% du territoire et fait de La Réunion l’une des régions les plus fibrées de France à ce jour. Ce résultat conforte le territoire dans son ambition de devenir la première région fibrée de France.
Fruit de deux décennies de développement d’infrastructures et d’investissements de la part d’acteurs privés et publics, l’efficacité du réseau réunionnais a encore été renforcée fin 2020, avec l’arrivée du nouveau câble sous-marin METISS.
Appuyée sur cette performance, la population s’est équipée : 96 % des Réunionnais disposent d’un téléphone mobile, et 3 foyers sur 4 d’un ordinateur ou d’une tablette. Des Réunionnais qui, à 80%, surfent tous les jours sur Internet, consultent les réseaux sociaux et achètent désormais plus facilement en ligne. En 2020, le marché de l’e-commerce local a pesé 280 millions d’euros, pour environ 100.000 acheteurs. Cette même année, près de 80% des 593 000 internautes réunionnais ont déclaré avoir acheté en ligne, ce qui représente quelque 480 000 acheteurs, pour un panier moyen à 198€.
Les activités de conseil ont le vent en poupe.
L’économie réunionnaise étant plutôt jeune, plus d’une entreprise sur deux a moins de dix ans et un tiers, moins de quatre ans. Le secteur de l’économie numérique réunit 1524 entreprises, soit 2,5 % des entreprises de l’île. En grande majorité, ce sont de très petites structures : près de 80% d’entre elles n’ont aucun salarié. Il s’agit principalement d’entreprises intervenant dans la programmation informatique
Quand on parle de transformation, il faut certes maîtriser la technique mais aussi comprendre les organisations
et le conseil (46%) et la distribution (commerce d’équipement informatiques et services de réparation 33 %). La filière intègre également l’ensemble des activités liées au traitement de la donnée et l’édition de logiciels (10%).
Ces dernières années, on constate une forte évolution des activités de programmation conseil et de traitement des données : entre 2009 et 2019, le nombre de salariés y a doublé. Ce dynamisme se confirme au regard de l’évolution des crédits bancaires accordés à ces entreprises : en six ans, leurs encours de crédits ont doublé pour s’élever, en 2019, à 84 millions d’euros, soit 0,7% du total alloué aux entreprises marchandes dans le département.
Une offre de formation qui s’accroît. La filière emploie 4 000 personnes, majoritairement dans les télécommunications (1700 emplois), devant les secteurs de la fabrication industrielle de TIC (740), de la programmation (700) et du commerce/réparation (600), du traitement des données/éditions de logiciels (200). Ces emplois ne correspondent pas à des métiers spécifiquement numériques mais à des entreprises de l’économie numérique.
Par exemple, les comptables ou responsables RH sont pris en compte, au même titre que les informaticiens.
Ces dernières années, plusieurs écoles spécialisées dans les métiers du numérique ont ouvert leurs portes sur le territoire pour répondre aux besoins établis, avec le concours de la filière, au travers d’une méthode de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC). En terme de formation continue, le digital affiche de même un fort dynamisme, passant de 2750 places de formation offertes en 2017 à 4051 en 2019 (source Réunion Prospective Compétences).
Si beaucoup a été fait, cela reste encore insuffisant au regard d’un marché dont les besoins se cristallisent aujourd’hui autour de deux catégories: des profils spécifiquement techniques types ingénieur développement, cybersécurité… mais aussi des profils intermédiaires capables
“en même temps d’aligner les outils et les systèmes et d’accompagner le déploiement de modèles d’organisation et de stratégie” confirme Yannick Berezaie, viceprésident de Digital Réunion. Et de conclure : “Quand on parle de transformation, il faut certes maîtriser la technique mais aussi comprendre les organisations”.