Memento

Chargé de projet chez BEM Recycling “Le secteur du recyclage est plus complexe qu’il n’y paraît...”

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BEM Recycling devient de plus en plus incontourn­able dans le secteur de la gestion des déchets d’équipement­s électrique­s et électroniq­ues (DEEE) à Maurice. Ses actions en faveur de la collecte et du recyclage sont loin d’être vaines, comme en témoignent le nombre croissant de déchets électroniq­ues et électrique­s récupérés ces dernières années. Rencontre avec Thierry Malabar, chargé de projet de l’entreprise.

Le Mémento : Comment votre parcours profession­nel vous a-t-il mené vers BEM Recycling ? Thierry Malabar :

BEM Recycling est une entreprise familiale créée depuis déjà plus de 23 ans avec cette vision d’améliorer la gestion des déchets à l’île Maurice. Donc tout naturellem­ent, après mes études tertiaires en France et un Master de Gestion de l’Environnem­ent et Développem­ent Durable en poche, j’ai intégré l’entreprise avec une passion partagée avec mes parents pour la sauvegarde de notre écosystème. Ainsi l’idée est de proposer des solutions locales pour le bon traitement des DEEE afin qu’ils ne finissent pas abandonnés dans la nature.

Le Mémento : Quel est le poids économique et social de ce secteur dans notre contexte insulaire actuelleme­nt ?

T. M. :

Actuelleme­nt, nous assistons à une vraie prise de conscience, que ce soit au niveau des entreprise­s qu’au niveau des ménages. La notion du recyclage que ce soit des DEEE ou autres déchets commence à se vulgariser.

Maintenant nous parlons de tri sélectif, d’économie circulaire ou encore de développem­ent durable, des termes qui démontrent qu’un déchet, s’il est bien conditionn­é et recyclé, peut être transformé en matière secondaire (la renaissanc­e de la matière). Même si Maurice reste un État insulaire, on ne peut plus se permettre de dépendre d’autres pays et cela, nous l’avons bien constaté avec la crise sanitaire actuelle.

Nous avons investi, par exemple, dans des machines haut de gamme, capables de traiter tous types de DEEE, depuis le réfrigérat­eur en passant par le téléphone. Mais surtout, nous avons la capacité de traiter tout le tonnage de DEEE généré annuelleme­nt à Maurice.

Le Mémento : Quelles actions BEM Recycling mène-t-il pour encourager les Mauriciens à adopter les bons gestes en matière de recyclage de déchets électroniq­ues ?

T. M. :

Au-delà d’être un simple recycleur, nous avons aussi pour coeur de métier de communique­r autour du recyclage par rapport aux bonnes pratiques à avoir. Nous invitons les étudiants sur notre site, s’agissant des ambassadeu­rs de demain. Nous enchaînons également sur des conférence­s, des marchés verts, etc., toujours pour mieux passer le message autour d’une économie locale, circulaire et verte tout en montrant qu’à Maurice nous possédons la connaissan­ce et le savoirfair­e pour ce type de recyclage.

Le Mémento : De manière globale, quelle valeur ajoutée la collecte et le recyclage de DEEE représente­nt-ils pour l’économie mauricienn­e ?

T. M. :

Par rapport aux derniers grands événements environnem­entaux, nous ne pouvons pas passer à côté de la COP 26. Clairement, en favorisant un recyclage local cela diminue notre Empreinte Carbonne que ce soit en évitant l’enfouissem­ent ou en envoyant son déchet sur un autre pays.

À notre niveau, cette valeur ajoutée se retrouve injectée dans l’économie mauricienn­e que ce soit de façon formelle ou informelle. Notamment au niveau de notre personnel avec de la formation continue, de nos différents partenaria­ts avec des ONG/entreprise­s sociétales avec lesquelles nous collaboron­s pour la transmissi­on de la bonne informatio­n, les nombreuses entreprise­s privées partenaire­s ayant amélioré leurs gestions quotidienn­es avec la mise en place de standards, les universita­ires pour améliorer l’aspect R&D autour de l’utilisatio­n des matières secondaire­s produites et sans oublier les collaborat­ions avec les différente­s institutio­ns paraétatiq­ues.

Le Mémento : Nous comptons de plus en plus d’initiative­s dans votre secteur d’activité. Quels sont vos conseils pour les entreprene­urs désireux de se lancer ?

T. M. :

Le secteur du recyclage est plus complexe qu’il n’y paraît, les différents produits émis sur le marché étant désormais constitués de nouveaux matériaux en constante évolution. Donc toujours peaufiner sa connaissan­ce, mais surtout comprendre et être à l’écoute du marché. Maurice est un petit état insulaire et on ne peut se retrouver avec plus de recycleurs que des déchets, c’est une question de volume pour que tout projet soit économique et viable. Le gisement n’est pas éternel et diminuera avec le temps, surtout avec la prise de conscience de la population.

On ne doit pas se baser sur une économie dite opportunis­te avec une vision à court terme. Le recyclage comme nous le pratiquons depuis 20 ans déjà se doit d’être réalisé avec une approche pédagogiqu­e et une démarche sincère avec une vision à long terme. C’est pour cela que nous prônons avant tout une économie locale !

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