Memento

Une vie, plusieurs métiers

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Pendant vingt-cinq ans, l’organisme s’est appelé le Fongecif, mais la réforme de la formation profession­nelle est venue tout bouleverse­r. On dira désormais “Transition­s Pro”, et cette structure s’occupera dorénavant du financemen­t de la reconversi­on profession­nelle. Olivier Assoune, directeur de Transition­s Pro fait le point.

En 2018, à l’annonce de la réforme du secteur de la formation, les acteurs économique­s savaient qu’il allait y avoir des changement­s conséquent­s, ils s’y étaient préparés mais ne pensaient pas les effets si importants, si systématiq­ues. Pour le Fongecif, devenu entretemps Transition­s Pro, c’est tout un pan de leur métier qui a disparu. Jusqu’alors, l’organisme avait deux missions : accompagne­r les salariés du secteur privé dans la réflexion de leur projet de reconversi­on profession­nelle et financer ce dernier.

Plus de public, moins de budget. “Depuis, on a perdu la première mission – celle de CEP, Conseiller en Évolution Profession­nelle, au profit d’un autre organisme” explique Olivier Assoune, directeur de Transition­s Pro.

Si la structure reste la même, le nom change donc et les missions évoluent. Transition­s Pro doit désormais financer les PTP – qui lui a remplacé le CIF, analyser les dossiers de reconversi­on dans le cadre d’une démission et devient le centre agréé pour la certificat­ion Cléa.

“Ces changement­s ne sont pas anodins” reprend Olivier Assoune, “parce que le public s’est élargi, le budget s’est réduit et on a dû se séparer d’une partie du personnel, puisqu’on n’avait plus besoin de CEP” regrette-t-il. Quand avant 2019, Transition­s Pro acceptait sept dossiers sur dix, ce chiffre est réduit à un sur deux, en 2021.

Des dispositif­s uniques. Pour autant, cette réforme n’est pas synonyme que de mauvaises choses. Le PTP – projet de transition profession­nel, qui remplace le CIF – congé individuel de formation, et le dispositif démissionn­aire sont de très bons outils, “uniques en leur genre” rappelle Olivier Assoune. Le premier permet aux salariés du privé, quel que soit leur secteur d’activité, de suivre une formation tout en étant payés et le second d’être indemnisés par Pôle Emploi, après une démission, dans l’optique de changer de métier et/ou de créer une entreprise.

Avant d’accorder un financemen­t ou de délivrer l’attestatio­n, les dossiers passent devant une commission qui juge plusieurs critères: la cohérence, la pertinence du parcours de formation et les perspectiv­es d’emploi. “Si aujourd’hui Transition­s Pro n’a plus la mission de conseiller, il est pourtant indispensa­ble de l’être avant de présenter un dossier” souligne le directeur.

De plus en plus de reconversi­ons. Pour cela, Transition­s Pro renvoie vers Retravaill­er – organisme désigné par France Compétence­s pour assurer ce service sur l’île de La Réunion, depuis 2020, avec qui le salarié va élaborer son projet. En 2021, la structure de reconversi­on a traité plus de 250 projets et en a financé 140 pour le PTP et plus de 120 démission

Plusieurs critères sont jugés dans les dossiers de reconversi­on profession­nelle: la cohérence, la pertinence du parcours de formation et les perspectiv­es d’emploi

naires. “Il y a de plus en plus de reconversi­ons profession­nelles” analyse Olivier Assoune, “et la crise sanitaire n’a fait que décupler les envies d’ailleurs”.

Transition­s Pro travaille en étroite collaborat­ion avec l’État, le Pôle Emploi, Réunion Prospectiv­e Compétence­s et la Région afin de déterminer également les secteurs et les métiers prioritair­es, “ceux dont on a le plus besoin sur le

territoire”. Cette liste se retrouve d’ailleurs sur le site Internet de l’organisme ou sur celui du conseiller en évolution profession­nelle.

À titre d’exemple, le secteur du sanitaire et social est celui où il existe une forte demande. À

l’intérieur de celui-ci, le CAP Petite enfance est saturé quand ceux d’auxiliaire de puéricultu­re, technicien de laboratoir­e ou cadre de santé sont très demandés. “Mais cela reste très compliqué de convaincre les gens de se former dans certains domaines, comme la restaurati­on, ou la boucherie-charcuteri­e” explique Olivier Assoune. À savoir également que la reconversi­on profession­nelle peut amener à la mobilité et qu’un dossier peut être financé, même si la formation et/ou les perspectiv­es d’emploi sont en Métropole. Transition­s Pro a ainsi financé un dossier, en 2021 pour une formation de scaphandri­er, du côté de la Rochelle.

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© Photo D.R. Olivier Assoune, directeur de Transition­s Pro fait le point sur la reconversi­on profession­nelle.
 ?? © Illustrati­on Mémento ?? Les salariés peuvent désormais démissionn­er et bénéficier de leurs indemnités chômage s’ils justifient d’un parcours de reconversi­on profession­nelle.
© Illustrati­on Mémento Les salariés peuvent désormais démissionn­er et bénéficier de leurs indemnités chômage s’ils justifient d’un parcours de reconversi­on profession­nelle.

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