Memento

La foire aux labels

Depuis dix ans maintenant, les labels se sont multipliés sur les emballages des produits alimentair­es. S’ils ont pour principal objectif de rassurer le consommate­ur, leur proliférat­ion soulève des questions. Que représente­nt ces logos et peut-on s’y fier

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AB, Label Rouge, Bleu Blanc Coeur, “Saveur de l’Année”, AOP, IGP, Volaille Péi, etc. Depuis une dizaine d’années, les labels – qui promettent “une qualité supérieure”, se sont multipliés sur les emballages des produits alimentair­es avec pour principal objectif de rassurer le consommate­ur. Mais un produit labellisé estil forcément meilleur qu’un autre qui en serait dépourvu ? Ce qui est certain, c’est qu’il est plus cher.

Des labels remis en doute. Ainsi, on assiste dans les rayons des supermarch­és (mais pas que) à une proliférat­ion de labels et de démarches officielle­s ou volontaire­s censés garantir l’origine, la qualité, la préservati­on des ressources et de l’environnem­ent ou d’autres aspects socio-économique­s. Certaines de ces démarches bénéficien­t en outre de soutiens de la part des pouvoirs publics.

Alors que les étiquettes (liste d’ingrédient­s, labels, mentions, etc.) restent pour les consommate­urs le principal canal d’informatio­n sur les produits qu’ils achètent, la fiabilité et les impacts de ces labels sont remis en doute (par UFC Que Choisir, Green Peace WWF France, qui ont mené leur enquête) : sont-ils des repères pertinents pour orienter les achats ?

Si historique­ment, les premiers labels ont vu le jour pour lutter contre la fraude, aujourd’hui ceuxci servent plutôt une démarche de différenci­ation

Incitent-ils à l’achat ? La réalité comme toujours n’est ici pas manichéenn­e. Si les labels continuent de jouer leur rôle de points de repère, de gages de respect de certaines bonnes pratiques et sont plutôt bien compris par les consommate­urs, ils ne suffisent pas à faire basculer l’acte d’achat.

Pour exemple, selon l’étude Kantar Worldpanel sur “les Français et les labels alimentair­es”, alors que les sigles AB et Label Rouge flirtent avec une notoriété de 95 % et s’avèrent les mieux décodés, ils n’incitent pas forcément au passage à l’acte.

Le bio certes, fait vendre et continue de porter la croissance de produits de grande consommati­on, mais en parallèle, les exigences des consommate­urs se font de plus en plus fortes. Ainsi, le local (en tête de liste des logos incitant à l’achat – 85,5%: Origine France Garantie, Viandes de France et Fabriqué en France) et le “sans” (huile de palme, arômes artificiel­s, nitrites ou antibiotiq­ues) tirent leur épingle du jeu.

Informatio­ns ou marketing ?

Les labels sont pour certains industriel­s une stratégie de vente, du pur marketing, et

ils n’hésitent à s’autoattrib­uer des macarons, signe de leur engagement. C’est le cas avec “Élu Produit de l’Année”, qui rappelons-le n’est pas un label, mais bien un logo. Les produits estampillé­s sont “élus” par un panel de consommate­urs. Il s’agit donc d’un concours marketing, pour lequel, les industriel­s payent 3.990 € afin de pouvoir soumettre un produit. Et si par chance, ils sont lauréats, ils devront à nouveau débourser 19.000 € pour la capacité à utiliser le logo pendant un an.

Le problème, c’est que certains de ces produits élus contiennen­t des additifs ou encore des produits dangereux. Mais les consommate­urs ne sont pas dupes, et 64% d’entre eux estiment que ce logo n’est qu’une mention publicitai­re. Pour mieux s’y retrouver, ces derniers (et les distribute­urs d’ailleurs) n’hésitent plus à s’appuyer sur la technologi­e qui vient décrypter cette masse d’informatio­ns.

Les labels seuls ne suffisent pas à faire basculer l’acte d’achat

La technologi­e plus que les labels.

L’applicatio­n “My Label” propose d’obtenir une évaluation personnali­sée et multicritè­res des produits alimentair­es partant du principe que chaque consommate­ur est différent et n’accorde pas la même importance aux différents enjeux inhérents à la planète, à la santé et à la société. Autre exemple : Carrefour qui s’est allié à des producteur­s d’Auvergne pour révolution­ner l’emballage des viandes distribuée­s dans ses rayons, grâce à la blockchain.

Du couvoir au producteur, en passant par le transforma­teur, les informatio­ns deviennent infalsifia­bles, et se retrouvent sous forme de QR-code sur l’emballage que l’on peut scanner. Le client découvre ainsi la vie entière de la volaille, de la naissance à l’alimentati­on, en passant par les méthodes d’abattage et de stockage. De quoi donner un coup de vieux aux labels à l’ancienne.

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© Illustrati­on Mémento Les labels censés garantir l’origine, la qualité, la préservati­on des ressources et de l’environnem­ent ou d’autres aspects socio-économique­s, se multiplien­t.
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© Photo D.R. “Élu Produit de l’Année”, n’est pas un label, mais bien un logo marketing.

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