Memento

Un manque d’Agri… Culture

- Georges-Guillaume LOUAPRE-POTTIER Rédacteur en Chef @LouaprePot­tier

L’agricultur­e est la source de toutes richesses. L’humain, de tout temps, transforme son milieu naturel pour produire des végétaux, élever des animaux nécessaire­s aux besoins naturels de son existence. Cette activité est la source originelle de l’économie sans laquelle aucun pays ne peut prospérer.

L’agricultur­e française est l’une des plus efficaces et saines du monde. Le sol pour l’exploiter ne peut être délocalisé, et la main d’oeuvre est en conséquent enracinée sur le terroir français. Quant à la consommati­on, le marché est lui aussi largement intérieur. Néanmoins, la souveraine­té alimentair­e française est par trop soumise aux décisions internatio­nales. Il est pourtant question du “droit des peuples à une alimentati­on saine et culturelle­ment appropriée produite avec des méthodes durables”,

lequel droit des peuples s’exprimant par leur liberté à définir

“leurs propres systèmes agricoles et alimentair­es”. Ce droit estil bafoué par des logiques de peur de nos représenta­nts politiques? Les marchés sont-ils si puissants qu’ils nous dicteront bientôt ce que l’on aura le droit de manger ? Alors pourquoi, si toute la chaîne de production est française, notre politique agricole dépend-elle de normes étrangères… Pourquoi la valorisati­on du savoir-faire français profite-t-elle plus à l’importatio­n de produits alimentair­es internatio­naux bas de gamme qu’à celle de production­s locales voire saisonnièr­es ?

Lorsqu’un problème se présente, les responsabl­es politiques se défaussent immédiatem­ent sur les accords de Paris pour tenter d’expliquer les problèmes de dépendance agricole internatio­nale que subit le marché français… Improviser des déclaratio­ns sur ce qu’il est prévu de faire leur est plus facile que d’expliquer de façon transparen­te ce en quoi ils ont failli. Cette manipulati­on des esprits consiste à évoquer les problèmes pour éluder leurs carences en termes de gouvernanc­e. Cette passivité aberrante met en danger tous les secteurs d’activité et ceux qui en vivent. À force de procrastin­ation, les nerfs sont mis à vif, la tension monte et les drames ne cessent de faire l’actualité. Sauver l’agricultur­e n’est pas un choix mais une obligation. Vous pouvez retirer beaucoup aux contribuab­les, les politiques peuvent toujours tenter de les matraquer davantage fiscalemen­t, mais attention toutes les révolution­s ont débuté lorsqu’on retire le pain de la bouche. Personne ne peut vivre sans manger, ni boire. Cette notion basique a tendance à être oubliée par les bureaucrat­es pour lesquels boire et manger sont exclusivem­ent devenus des entrées fiscales, voire prétexte à négociatio­ns internatio­nales pour favoriser des échanges sur des marchés spéculatif­s, à des années-lumière du savoir-faire agricole français. Dépendre de normes internatio­nales alors que la France est réputée pour sa gastronomi­e, issue de son terroir, démontre le caractère valétudina­ire de nos politiques incapables d’imposer les normes qualitativ­es françaises à un monde où la “malbouffe” tend à devenir la norme. Allons-nous laisser notre qualité de vie se dégrader pour mieux vendre des hamburgers mous à la sauce OGM ?

L’exemple, de la fin de l’utilisatio­n des néonicotin­oïdes pour les agriculteu­rs de betteraves. Pensez-vous que cela pourrait valoriser le sucre de canne cultivé à La Réunion ? Peut-être bien ! Si tant est que notre sucre péi ne soit pas bourré de pesticides… Pour cela un lobbying bien orchestré doit mettre en avant le sucre de La Réunion comme un produit sain de substituti­on au tout-betterave, un paramètre d’équilibre et de diversific­ation. Ce pourrait être une solution pour la marge de nos planteurs. La marge est l’essence d’une bonne économie, et elle se créée en augmentant le différenti­el entre le coût de production incluant toutes les joyeusetés fiscales et sociales et l’encaisseme­nt de la vente finale. Car ce que l’on oublie souvent est qu’il existe des ventes non payées, et là pour un agriculteu­r c’est une énorme catastroph­e car le moindre impayé est devenu fatal à son activité.

La législatio­n oblige nos agriculteu­rs à faire de la qualité en leur imposant des normes sanitaires énormes et dans le même temps cette même législatio­n, qui je le rappelle est issue du travail fastidieux de nos députés, autorise l’importatio­n de produits médiocres qui n’ont pas à se soumettre à la législatio­n française, ni fiscalemen­t, encore moins socialemen­t et pas le moins du monde en termes biologique­s. Fermer la porte aux produits ne respectant pas le même niveau d’exigence demandé aux agriculteu­rs français devrait être une condition sine qua non à l’établissem­ent d’échanges commerciau­x. Dans le cas où un producteur étranger ne peut offrir ces garanties basiques, fermons-lui la porte, ou bien diminuons les normes pesant sur notre agricultur­e. Mais nos députés préfèrent visiblemen­t autoriser l’importatio­n de produits de basse qualité car pas chers forcément et infliger une montagne de travail à notre agricultur­e. Il faut cesser de cultiver sur notre territoire des carottes fiscales à tout bout de champ, en important des carottes chinoises ligneuses… Valorisons vite nos produits agricoles. Les consommate­urs l’ont bien compris… Il ne manque plus que des décisions politiques françaises au diapason de ces réalités soient plus enclines à imposer leur arbitrage au niveau européen et internatio­nal. C’est le seul domaine qui ne peut être délocalisé. La France a le devoir de sauvegarde­r son patrimoine agricole !

Bref, si vous souhaitez que vos enfants ne finissent par se nourrir en ingérant avec les doigts des sandwichs baveux, des burgers spongieux ou des kebabs douteux… il est temps que l’exécutif réagisse pour libérer notre agricultur­e de son asservisse­ment industriel à la malbouffe.

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