Réparer plutôt que racheter
Au départ de l’aventure, nous avions beaucoup de retours sur l’économie. De plus en plus, nous dressons le constat d’une réelle prise de conscience écologique
Substituer le réflexe de réparer à celui de jeter, c’est la mission que s’est fixé l’association Ekopratik au travers des Réparali Kafés, ces ateliers participatifs et solidaires qu’elle essaime depuis près de 10 ans sur tout le territoire.
Un micro-ondes qui disjoncte, une cafetière qui “sent le chaud”, un aspirateur qui ne répond plus ? Tenter de réparer son électroménager en panne devrait toujours être le premier réflexe avant d’envisager son remplacement. Au-delà des économies réalisées, réparer concourt à préserver le climat et l’environnement, mais offre aussi d’acquérir de nouvelles compétences tout en redécouvrant les vertus du faire-ensemble.
Créée en 2013 autour d’une ambition : “Faire que l’écologie soit vue comme un moyen de simplifier la vie et non comme une contrainte” explique Sylvain Barbot son directeur, Ekopratik promeut l’éducation populaire, l’entraide et la solidarité et déploie de nombreux outils collectifs pour permettre aux Réunionnais.e.s de réduire leur impact sur l’environnement. L’association regroupe aujourd’hui plus de 400 adhérents dont 150 membres actifs, et 9 salariés dont 6 en CDI, mobilisés sur la mise en place et l’animation d’outils de sensibilisation. Objectif: faire changer les comportements.
A zot i fé. Au sein de Recup’R, un tiers lieu intégrant ressourcerie et boutique solidaire, l’association propose plusieurs rendez-vous hebdomadaires : Repar’gayar, un atelier de réparation appliquée à destination des bénévoles au bénéfice de l’activité ressourcerie ; Repar’ansamb un rendez-vous dédié à la remise en état d’équipements autres que ceux généralement amenés dans les Reparali Kafés, comme les machines à laver ; Fabrikali un atelier grand public offrant de réaliser à partir de récup,’ four solaire, rocket stone (barbecue économe en bois), vélo-blender et enceintes bluetooth sur la base de prototypes développés au sein et du Low Tech Lab Pei dédié à la R&D appliquée aux technologies frugales. Dans le Nord et plus particulièrement au sein de l’ancienne école des Camélias à Saint-Denis, l’association propose depuis deux ans, des ateliers Vélo Clinik. Un concept qu’elle s’attache aujourd’hui à essaimer dans l’Ouest et le Sud.
La magie du Reparali. L’émergence de l’écosystème Récup’R n’aurait sans doute pas été possible sans le succès des Reparali Kafés. Initiés à Saint-Leu en 2014 par 4 amis partageant goût du bricolage et valeurs d’écoresponsabilité, ces rendez-vous ont séduit un public large : enfants désireux de réparer leurs jouets, adultes n’ayant pas les moyens de faire face à un nouvel investissement, inattendu la plupart du temps. De l’électroménager du quotidien (grille- pain, marmite à riz, débroussailleuse…) qui ne nécessite la plupart du temps que de petites réparations (changement de fusible, soudure), voire non fonctionnel car tout simplement mal utilisé. Stable depuis 9 ans, le taux de réussite des réparations atteint les 62%.
Rapidement contactée par des associations et bailleurs sociaux présents dans toute l’île, Ekopratik, au-delà de déployer ses propres bénévoles et salariés dans différents lieux de l’île: bars, quartiers, écoles… oeuvre également à accompagner les initiatives. Deux associations: Le Café culturel Domoun de La Montagne et la Recyclerie de la Petite île ont ainsi bénéficié de la transmission de savoirs appliqués à la technique, la sécurité, l’accueil et la sensibilisation du public, pour être en mesure de proposer à leur tour et toute autonomie, des ateliers collaboratifs et solidaires de réparation.
Autre motif de fierté : le lancement il y a deux ans des “24 heures du Réparali”. La dernière édition a permis à l’association de sauver plus de 300 kg de matériel. Le prochain rendez-vous sera très probablement fixé au mois de novembre, pour la Semaine Européenne de Réduction des déchets. L’occasion également de fêter les 10 années d’existence de l’association mais aussi et mesurer tout le chemin parcouru : “À chaque Réparali, nous interrogeons les visiteurs sur leurs motivations. Au départ de l’aventure, nous avions beaucoup de retours sur l’économie. De plus en plus, nous dressons le constat d’une réelle prise de conscience écologique” se réjouit Sylvain Barbot.