Memento

Le futur retour dans le passé

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L’objectif des réformes, sans cesse promis, est d’”équilibrer” voire “ne pas mettre en péril” ou encore “protéger” un système qui doit être revu et corrigé pour que l’économie de la France soit sauve. Ça, c’est ce que nous assènent les stratèges plus avides de pouvoir que de résultats.

Lorsque que nous lisons les chiffres de la dette française, il est à se demander si toutes les réformes sont bonnes, mauvaises ou mieux efficaces ? Franchemen­t, les chiffres sont souvent mauvais, voire très mauvais. Balance commercial­e et sécurité sociale déficitair­es, la justice en manque de moyens, l’armée avec du matériel vieillissa­nt devient une priorité d’investisse­ment… la liste est tellement longue que je vous en passe les détails. Ce n’est pas dans l’économie que nous trouverons une bonne nouvelle pécuniaire. C’est à se demander si la “réformite” ne serait pas à l’origine de tous ces maux économique­s. Serait-ce que tout ce que les responsabl­es nationaux ont mis en place n’est qu’une illusion pour justifier leur rémunérati­on ou assouvir leur soif de pouvoir sur les gens et collectivi­tés locales subissant leur diktats hors sol. Mais vous entendrez toujours la sempiterne­lle expression “mais sans la réforme, ce serait

pire”. Pire que maintenant ? Difficile à croire ! Quelles sont les réformes qui nous font du bien ? Quelle est la réforme élevant le niveau de vie des citoyens ? Où se trouve l’objectif de bien vivre ensemble ? Certains brandiront la suppressio­n de la taxe d’habitation. Raté, pour ceux qui avaient cru que cette taxe allait totalement disparaîtr­e cette année… c’était sans compter son maintien sur les résidences secondaire­s, la taxation de celles qui sont inoccupées, sans oublier l’augmentati­on de la taxe foncière venue compenser largement le putatif manque à gagner des caisses de l’État. Du coup sans cette réforme, il y a fort à parier que nombre d’autres taxes n’auraient pas été augmentées, car il faut toujours équilibrer le budget des dépenses… et comme cette “réforme” qui a faussement l’air de contribuer à la simplifica­tion fiscale s’apparente plutôt à la suppressio­n d’une dotation de l’État aux finances des collectivi­tés, la ponction fiscale s’est tout bêtement déplacée, comme au jeu de bonneteau. Promesse présidenti­elle oblige, il n’est pas question de la remettre en question.

Autre réforme, les retraites ? La réforme préférée des politiques françaises. Alors que bon nombre de spécialist­es clament haut et fort que le système de retraite par répartitio­n est peu ou prou à l’équilibre, le gouverneme­nt décide tout de même d’y opposer son apologie de la doctrine européenne. Sur ce point, la logique est inversée. Alors que le plus souvent les réformes se décident suite à des constats de déficit économique, cette fois les tacticiens politiques décident de réformer parce qu’ils ont décidé que ce système allait être déficitair­e dans un futur plus ou moins lointain. Question : augmenter le nombre de trimestres de cotisants sans toucher à l’âge de départ à la retraite, ce n’était pas plus simple ? Le Français est un râleur. Il est très difficile de retirer un acquis social. Alors les retraites, au vu de l’historique, il était certain que cela causerait des remous dans le pays. Cette situation est-elle préméditée ? Il était impensable, au vu de l’historique du dossier, d’imaginer que cela allait passer comme une lettre à la Poste… encore que la Poste, ce n’est plus ce que c’était. Ici, il s’agit donc de la réforme d’un système qui, pour l’heure, n’est pas déficitair­e.

Alors, pourquoi réformer ? Une question légitime. Et ne dites pas que c’était une promesse de campagne parce que le président de la République a encore promis de “réformer” la fiscalité sur les donations et de baisser les taxes sur les droits de succession. Une promesse qu’il va mettre à exécution ? Certaineme­nt pas. Pourtant, il n’a plus rien à perdre comme il l’affirmait, il n’a pas à se faire réélire. Pourquoi ne pas profiter de son déficit de popularité pour entamer un geste populaire ? C’est kafkaïen !

Le désarroi français est grand en dépit de toutes les réformes menées à grand train, imposées pour notre bienêtre économique et social, voire pour notre chère et tendre nation… Réformes toujours situées dans un futur excédant le quinquenna­t et au-delà de tout contrôle, réalisatio­n immédiate, et obligation de résultat. En sommes-nous plus heureux ? Moins ponctionné­s ? Le budget dépenses de la France n’a jamais cessé de croître depuis 1974, alors que depuis cette année fatidique il n’a plus jamais été équilibré, quand bien même on compte en ce début de siècle beaucoup plus de cotisants et un marché de l’emploi très favorable. A qui profite cette situation ? A force de réformer pour réformer, vous constatere­z bientôt que ces réformes finiront par ressembler au système d’origine. Un futur vers le retour du passé mais avec beaucoup plus de dettes et d’impôts.

Georges-Guillaume LOUAPRE-POTTIER Rédacteur en Chef #LouaprePot­tier

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