L’assurance-vie est-elle encore un bon placement ?
LE RENDEMENT BRUT DES FONDS EUROS FLÉCHIT ET LA LOI SAPIN II A CHANGÉ QUELQUES RÈGLES DE FONCTIONNEMENT DU PLACEMENT PRÉFÉRÉ DES FRANÇAIS. TROIS EXPERTS ANALYSENT LA SITUATION.
Jean Aulagnier
Vice-président de l’association universitaire de recherche et d’enseignement sur le patrimoine (Aurep)
Avec les fonds euros, le capital est garanti
\\Tout placement est risqué dès lors qu’on le confie à un professionnel. Mais en investissant en fonds euros, on prend des risques mesurés, plutôt bien maîtrisés par les assureurs, excellents gestionnaires. En quarante ans, aucun sinistre en assurance-vie n’a été constaté. Avec les fonds euros, le capital est garanti. La loi Sapin II renforce même la sécurité de ce placement en demandant aux assureurs de maintenir leurs réserves. Certes, la rémunération des fonds euros diminue en valeur absolue (de 2,3 % en 2015), mais cela ne se traduit pas pour l’instant par la baisse des rendements, inflation déduite. Le seul danger, c’est l’inflation, qui, si elle reprend, concernera tous les placements.
Avec les fonds euros, le risque est supporté par l’assureur. Avec les unités de compte (UC) sans garantie du capital, il est assumé par l’assuré. Ainsi, les épargnants âgés de 70 à 99 ans peuvent opter à 90 %, voire 100 %, pour les fonds euros. Les plus jeunes, eux, peuvent investir massivement dans les UC : ils ont du temps devant eux, ce qui leur permet d’attendre le retournement de l’évolution des actifs. Sur le long terme, le rendement des UC excède celui des fonds euros.//
\\L’assurance-vie reste préférable à un portefeuille de titres en direct : en cas de retraits, elle bénéficie toujours d’une fiscalité avantageuse sur les gains réalisés. Compte tenu de la faible rentabilité des fonds euros, les investisseurs ont intérêt à s’orienter vers les unités de compte (UC), en principe de meilleur rendement. La loi Sapin II renforce la possibilité de blocage des rachats pour tout ou partie du portefeuille (pendant six mois au maximum) en cas de crise financière. Ce dispositif, qui n’est pas nouveau, constitue une sécurité pour l’assuré. Il existe une grande diversité D’UC éligibles à l’assurance-vie : actions en direct, immobilier, fonds Sicav… Reste à choisir celles qui correspondent au profil de l’épargnant.
Par exemple, l’investisseur qui ne veut pas prendre trop de risque doit préférer aux fonds actions des fonds plutôt flexibles ou des SCPI (société civile de placement immobilier). Celui qui a besoin de liquidités à court terme évitera d’investir dans l’immobilier. Dans tous les cas, il faut suivre l’évolution de son portefeuille, ce qui implique d’être guidé par un conseiller en gestion de patrimoine ou un conseiller clientèle indépendant ou bancaire. Plus on cherche du rendement, plus on va prendre des risques : c’est là toute la difficulté.//