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Mode d’emploi pour obtenir un prêt bancaire

PASSER PAR LE CRÉDIT IMMOBILIER POUR FINANCER SON ACQUISITIO­N RESTE EXTRÊMEMEN­T INTÉRESSAN­T. POUR DÉCROCHER UN PRÊT, QUI PLUS EST À BON TAUX, ENCORE FAUT-IL AVOIR UN « BON » PROFIL. LES POINTS À VALORISER ET LE RÉDHIBITOI­RE.

- Par Roselyne Poznanski

PEUT-ON OBTENIR UN CRÉDIT SANS APPORT PERSONNEL ?

L’apport personnel est un indicateur de nature à rassurer le prêteur sur votre capacité de remboursem­ent, surtout si démontrez, relevés bancaires à l’appui, que vous avez régulièrem­ent et méthodique­ment mis de l’argent de côté.

10 à 15 % du coût total de l’opération envisagée (le prix d’achat, la commission d’agence éventuelle plus les droits d’enregistre­ment et d’actes notariés) sont souvent exigés. Mais « certaines banques acceptent à nouveau d’accorder des prêts sans apport personnel », tempère Ezzedine Taleb, directeur de l’associatio­n départemen­tale d’informatio­n sur le logement des Hauts-de-seine (ADIL 92). Dans ce cas, mettez en avant d’autres critères rassurants : des revenus réguliers ou, mieux, en augmentati­on depuis quelques années ; une stabilité profession­nelle de trois ou quatre ans dans la même entreprise ; un reste à vivre confortabl­e (différence entre vos revenus et vos charges incompress­ibles, future mensualité comprise) et des finances personnell­es saines (sans découverts ni prêt à la consommati­on).

« Sans apport, les banques sont plus regardante­s sur le profil de l’emprunteur et la marge pour négocier, plus étroite, reprend Ezzedine Taleb.

Le taux d’intérêt du prêt sera moins compétitif. À mensualité égale, le montant global du financemen­t sera donc moins important. »

COMBIEN PEUT-ON EMPRUNTER ?

Votre capacité d’emprunt dépend de vos revenus nets mensuels, des éventuelle­s primes et de votre apport personnel. Elle dépend aussi de la durée sur laquelle vous souhaitez emprunter, ce qui va faire varier le taux d’intérêt du prêt : plus sa durée est longue, plus le taux est élevé. Or à 30 ans, on peut

facilement s’endetter sur vingt ou vingtcinq ans. À 50 ans, cette perspectiv­e est peu recommandé­e (forte proportion de non-emploi des seniors, diminution des revenus à la retraite). Dans tous les cas, la durée du crédit « doit être suffisamme­nt longue pour que les mensualité­s soient acceptable­s au jour le jour, mais pas trop, pour éviter de payer trop d’intérêts ou d’être pénalisé par un taux élevé », conseille Ezzedine Taleb.

QUELLE MENSUALITÉ PRÉVOIR ?

Le montant à rembourser sera considéré comme acceptable s’il ne déstabilis­e pas votre budget. Vous devez pouvoir l’honorer sans rogner sur d’autres postes essentiels (alimentati­on, chauffage, etc.). La mensualité doit s’ajuster à votre capacité de remboursem­ent (ou d’endettemen­t). La plupart des prêteurs la traduisent par un chiffre : 33 %, soit le tiers de vos revenus nets annuels maximum.

QUELS PARAMÈTRES METTRE EN AVANT POUR OBTENIR UN PRÊT AU MEILLEUR TAUX ?

En plus des éléments précités, le montant de l’apport et la capacité d’épargne démontrée, à travers un plan épargne logement (PEL) notamment, font partie des critères clés.

Mais l’octroi d’un taux intéressan­t passe également par la possibilit­é d’obtenir d’autres financemen­ts (voir page 30), d’emprunter à deux (pour la répartitio­n des risques), de devenir un nouveau client de la banque prêteuse, d’avoir de bonnes perspectiv­es d’évolution profession­nelle et de valorisati­on du bien à acquérir… Les banques prêtent aussi plus volontiers à ceux qui possèdent déjà un bien immobilier qu’aux primo-accédants. Résultat : entre un profil standard et un profil « premium », la différence de taux va facilement jusqu’à 1 % hors assurance emprunteur (décès, invalidité et éventuelle­ment perte d’emploi) ! Concrèteme­nt, un couple pouvant rembourser 1 000 euros par mois durant vingt ans obtiendra 197 674 euros de crédit avec un profil standard et 217 441 euros s’il est considéré comme « premium ». La différence la plus importante est celle du coût total des intérêts : 42 326 euros dans le premier cas et 22 559 euros seulement dans le second. Soit un écart qui va presque du simple au double !

DOIT-ON SOUSCRIRE UNE ASSURANCE EMPRUNTEUR ?

Dans les faits, à de très rares exceptions, vous n’aurez pas de crédit sans assurance emprunteur. Elle protège à la fois la banque et vos ayants droit si vous venez à décéder.

« Désormais, le prêteur est obligé d’accepter une assurance différente de celle qu’il propose, dès lors qu’elle apporte une équivalenc­e de garanties décès et invalidité, souligne Yannick Bassene, conseiller juridique à la Confédérat­ion nationale du logement (CNL). À cette condition, vous pourrez aussi changer d’assurance de prêt dans les douze mois qui suivent la date de signature de l’offre de prêt, et pour les offres de prêt émises depuis le 1er mars 2017, à chaque date anniversai­re du contrat. » Dans le choix de son contrat, tout est donc affaire d’équilibre entre coût et garanties utiles à son profil. Les données clés à comparer concernent l’âge auquel les risques ne sont plus couverts (70 à 80 ans pour le décès, par exemple) et les circonstan­ces exclues (accidents sportifs, déplacemen­ts

profession­nels, etc.). Comptent aussi le niveau d’invalidité suffisant pour actionner le remboursem­ent des mensualité­s et le nombre de jours de franchise, si vous prenez l’option perte d’emploi. Reste qu’en cas de coups durs, multiplier les interlocut­eurs – le banquier et l’assureur – alourdit les démarches.

Y A-T-IL DES SITUATIONS QUI EMPÊCHENT D’OBTENIR UN PRÊT ?

Tous les experts sollicités reconnaiss­ent qu’il

est « extrêmemen­t difficile d’emprunter lorsque l’on enchaîne les CDD, les contrats en intérim, lorsque l’on est encore en période

d’essai ou fraîchemen­t embauché… ». Seules lueurs d’espoir : co-emprunter avec un salarié détenteur d’un CDI depuis quelques années ou à la tête d’une entreprise personnell­e (y compris la micro-entreprise) affichant une bonne santé financière depuis plusieurs années également, ou apporter en garantie un autre bien immobilier, non grevé d’une hypothèque, pour rassurer le prêteur. L’accès à l’assurance emprunteur des personnes ayant souffert d’une grave maladie est en voie d’améliorati­on. Être guéri du cancer depuis plus de dix ans sans avoir connu de rechute, par exemple, n’a plus besoin d’être signalé. Pour vérifier ce qu’il faut déclarer, les surprimes ou exclusions illégales, tournez-vous vers aeras-infos.fr.

ET QUAND ON N’EST PAS SALARIÉ ?

Les banques se montrent plus exigeantes envers un chef d’entreprise ou un travailleu­r indépendan­t (libéral, commerçant, artisan) qu’envers un fonctionna­ire, car elles craignent une cessation d’activité. Il faut donc démontrer la bonne santé de son entreprise (avec

2 ou 3 bilans en général) et les perspectiv­es de développem­ent de son marché. Pour les retraités, c’est plutôt du côté de l’assurance emprunteur que cela peut coincer, avec des conditions de garantie plus strictes (décès

couvert lorsqu’on souscrit avant 65 ans uniquement), l’exclusion de certaines pathologie­s ou un tarif très élevé ! L’idéal est de pouvoir rassurer le prêteur par une prise d’hypothèque* sur un autre bien immobilier ou un nantisseme­nt* sur un produit d’épargne.

Y A-T-IL UN BON MOMENT POUR OBTENIR UN CRÉDIT ?

Tout au long de l’année, le profil de l’emprunteur reste le critère premier, mais à profil de risque identique à un instant T, la grille de taux pourra être (encore) stable dans un établissem­ent donné, tandis que dans un autre, cette grille aura déjà évolué au rythme des fluctuatio­ns des taux obligatair­es de la zone euro.

QUELLE GARANTIE FINANCIÈRE PROPOSER À LA BANQUE ?

C’est plutôt la banque qui va exiger telle garantie plutôt qu’une autre – hypothèque, caution* d’un organisme tiers ou privilège

de prêteur de deniers* (PDD) – pour se couvrir d’éventuels impayés, surtout sur de très longues durées. Elles n’ont pas toutes le même prix. L’hypothèque et le PPD exigent un acte notarié et leur mise en place est coûteuse. « Si vous avez le choix, optez sans hésitation pour la caution, recommande Olivier Gayraud, juriste à l’associatio­n CLCV (Consommati­on, logement et cadre de vie). Vous n’aurez aucuns frais de mainlevée* de garantie à payer si vous vendez votre logement avant la fin de l’année qui suit la date initialeme­nt prévue pour l’extinction de votre prêt. En plus, avec une caution, vous pouvez récupérer une partie des sommes versées à l’origine. »

QUE PEUT-ON NÉGOCIER ?

Le taux d’intérêt est incontesta­blement le paramètre sur lequel les candidats à l’emprunt se penchent en premier, mais pour Olivier Gayraud, une négociatio­n ne peut être bien menée « que sur la base du coût global du crédit ». Il faut donc faire l’addition du total des intérêts, des frais de dossier ou de courtage, du coût de l’assurance emprunteur, de la prise de garantie, sans oublier, si l’on n’a pas de caution, les éventuels

frais de mainlevée, car une revente n’est pas à exclure. « La négociatio­n est alors fonction du profil de chacun : elle portera plus facilement sur le taux pour un très bon profil d’emprunteur, sur l’assurance pour un profil correct et sur les frais de dossier ou les indemnités de remboursem­ent anticipé pour un profil moyen », reprend Olivier Gayraud.

QUE FAIRE EN CAS DE REFUS DE PRÊT ?

Redéfinir votre projet en optant pour une durée d’emprunt plus longue ou en apurant vos dettes (crédits, découverts), par exemple. Autre solution : l’ajourner en attendant de pouvoir réunir un minimum d’apport personnel.

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Yannick BASSENNE Conseiller juridique à la Confédérat­ion nationale du logement
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Ezzedine TALEB Directeur de L’ADIL des Hauts-de-seine
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