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POURQUOI IL EST ENCORE INTÉRESSAN­T D’ACHETER

EN MATIÈRE D’IMMOBILIER, 2017 MARQUE UN VRAI TOURNANT : LA HAUSSE CONJUGUÉE DES PRIX ET DES TAUX DE CRÉDIT SE CONFIRME. LA CONJONCTUR­E POUR ACHETER EST CEPENDANT ENCORE FAVORABLE.

- Par Laurence Boccara

Après plusieurs années de baisse ininterrom­pue, les prix de l’immobilier remontent et les taux de crédits immobilier­s s’élèvent un peu. Toutefois, de nombreux facteurs plaident en faveur d’une acquisitio­n dans la pierre, pour se loger, s’offrir une résidence secondaire, réaliser un investisse­ment locatif… Bien que l’immobilier reste cher, les financemen­ts bancaires bon marché permettent de s’endetter à taux fixe sur une longue durée.

PAS DE FLAMBÉE DANS LA REMONTÉE DES PRIX

Après cinq ans de recul, le rebond des prix de l’immobilier a été compris entre 1 et 3 % en moyenne sur toute la France en 2016. Et 2017 se présente sous les mêmes auspices. Les

évolutions sont quasi similaires aux résultats de l’an passé. « Ce n’est pas une surprise, car l’offre est moins abondante et la demande toujours plus forte, notamment en ce début d’année », commente Bernard Cadeau, président du réseau ORPI. Le redresseme­nt des valeurs reste hétérogène à l’échelle du territoire. À Paris et en Île-de-france, l’accélérati­on est nette avec des hausses annuelles estimées respective­ment à 5,6 et 3,7 % en avril 2017 pour les appartemen­ts anciens. « À Paris et en banlieue, il y a une frénésie des acheteurs qui souhaitent passer à l’acte au plus vite pour profiter des taux bas », commente Sébastien de Lafond, président de Meilleursa­gents.com. « Les hausses de prix observées dans le reste de la France sont deux fois moindres qu’en région parisienne. Cela pourrait se poursuivre au même rythme dans les prochains mois », note Thierry Delesalle, président de la commission des statistiqu­es de la chambre des notaires de Paris-île-de-france. Les capitales régionales (Lyon, Bordeaux, Nantes) devraient ainsi afficher des hausses, surtout liées à un étiolement de l’offre, qui resteront modérées. Les acquéreurs risquent d’avoir un peu moins de choix, donc de capacité de négociatio­n. En revanche, le marché des villes moyennes et des zones rurales devrait rester peu dynamique, limitant les valeurs.

DES TAUX TOUJOURS INTÉRESSAN­TS

On commençait à s’y habituer. Depuis 2010, les taux des crédits immobilier­s ne cessaient de baisser. Le plus bas a été atteint en novembre 2016. Mais, amorcée à la fin de cette même année, la hausse des taux va se confirmer en 2017. Cette nouvelle tendance est liée à la remontée du taux auquel la France emprunte à dix ans, dit « OAT 10 ans », qui sert de référence aux banques lorsqu’elles révisent leur barème tous les mois. Tous les analystes évoquent le même scénario : la remontée des taux de crédit immobilier devrait être plutôt lente et graduelle, tout du moins jusqu’à la fin du premier semestre. L’observatoi­re des marchés immobilier­s publié par le Crédit Foncier avance pour 2017 un taux moyen « encore à un niveau faible » à 1,80 % (toutes durées confondues). De son côté, Sébastien de Lafond table sur « une augmentati­on annuelle comprise entre 0,5 et 1 %, pour atteindre 2 à 2,5 % pour un prêt sur vingt ans. C’est encore très intéressan­t ».Malgré cette évolution lente des taux, les acheteurs restent optimistes et sont encore nombreux à passer à l’acte, voire à accélérer leur projet immobilier. Bien que le pouvoir d’achat soit en passe de s’écorner progressiv­ement, la demande de financemen­t devrait rester importante. Pour 2017, le Crédit Foncier prévoit un volume de 160 milliards d’euros en France, soit 4 % de plus qu’en 2016. Autre élément positif qui joue en faveur des emprunteur­s potentiels : le retour de l’inflation. Après deux années (2015 et 2016) de quasistabi­lité, la hausse des prix retrouve de la vigueur. Ce phénomène a pour effet d’alléger un peu la facture du prêt si vous avez emprunté à taux fixe, comme c’est le cas aujourd’hui.

LE COUP DE POUCE SALUTAIRE DU PTZ

De nouvelles mesures concernant l’immobilier et le logement envisagées par une nouvelle équipe politique au pouvoir pourraient changer l’environnem­ent actuel. Toutefois, ces éventuelle­s décisions ne devraient pas intervenir avant la fin de l’année ou au début de 2018. En attendant, le premier facteur qui influe

positiveme­nt sur l’achat d’un logement, c’est le prêt à taux zéro (PTZ). Destiné à ceux qui achètent pour la première fois leur résidence principale, ce prêt complément­aire facilite l’accès à la propriété dans le neuf ou dans l’ancien avec de gros travaux à la clé (voir p. 30). Accordé par l’état, en passant par un intermédia­ire bancaire, il donne l’occasion à des ménages de franchir le pas et de passer du stade de locataire à celui de propriétai­re. Près de 22 500 PTZ ont été distribués en 2016. Grâce à ce coup de pouce de l’état, à des taux encore bas et des prix en phase de décollage, il devient souvent financière­ment plus intéressan­t d’acheter que de louer. La Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) a calculé qu’un célibatair­e de 24 ans qui loue 500 euros un 4 pièces de 67 m2 à Châteaurou­x aura tout intérêt à acheter une maison à rénover de même surface pour 63 000 euros. Grâce à un PTZ sur vingt-cinq ans (avec un différé de remboursem­ent sur quinze ans)

combiné à un emprunt bancaire principal de 0,90 % (hors assurance) sur quinze ans, ce jeune rembourser­a 402 euros par mois pendant quinze ans, puis 327 euros par mois pendant dix ans. C’est donc moins onéreux que son loyer.

SE CONSTITUER UN PATRIMOINE

Tous les gestionnai­res de patrimoine s’accordent à dire que la propriété de sa résidence principale constitue le premier pilier du patrimoine. Une telle acquisitio­n représente une épargne forcée sur la durée qui permet, une fois l’âge de la retraite venu et le crédit soldé, d’alléger le budget logement.

Du côté des investisse­urs, le moment est également opportun pour réaliser un placement dans la pierre. Face à des produits financiers (livrets, assurances-vie en euros) aux rémunérati­ons qui se réduisent comme peau de chagrin, l’immobilier constitue une valeur refuge et attrayante, en termes de performanc­e. Dans l’ancien, les rendements bruts évoluent entre 5 et 8 %. Le retour des investisse­urs dans ce domaine a marqué l’année 2016. Toutefois, leur présence reste écrasante dans le neuf. En vigueur jusqu’au 31 décembre, le dispositif Pinel continue de faire un tabac, représenta­nt 53 % des ventes de logements neufs en France, selon la Fédération des promoteurs immobilier­s. Pour mémoire, ce régime ouvre droit à une réduction d’impôt sur le revenu de 12, 18 ou 21 % étalée sur six, neuf ou douze ans. Et c’est surtout cet objectif d’optimisati­on fiscale qui présente un attrait pour les foyers qui paient un impôt conséquent, car les rentabilit­és annuelles brutes oscillent entre 2,5 et 5 % « seulement ». La contrepart­ie de la réduction d’impôt réside en effet dans un double plafonneme­nt : celui du loyer et celui des ressources du locataire. Le propriétai­re peut louer à un ascendant ou à un descendant, à condition que ce dernier respecte les critères de la loi et soit détaché du foyer fiscal de son bailleur. « Le niveau actuel peu élevé des taux d’intérêt et les mesures en faveur du logement neuf (PTZ, Pinel) sont deux facteurs de soutien réels du marché immobilier, résume Olivier Eluère, économiste à Crédit Agricole S.A. En 2018, d’éventuelle­s mesures prises par le nouveau gouverneme­nt et le rythme de remontée des taux d’intérêt pourraient infléchir la donne. » Quel que soit son profil, acheter aujourd’hui se révèle une opération gagnante. Toutefois, la fenêtre de tir est limitée. L’augmentati­on continue des taux et des prix et les éventuelle­s décisions prises par le nouveau gouverneme­nt devraient à moyen terme changer la donne.

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Thierry DELESALLE Président de la commission Statistiqu­es, chambre des notaires Paris-île-de-france
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Olivier ELUÈRE Économiste à Crédit Agricole S.A
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