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Rupture de pacs : ce qu’il faut savoir

SIMPLE À CONCLURE, LE PACS PEUT RÉSERVER QUELQUES SURPRISES À L’HEURE DE SA DISSOLUTIO­N. ATTENTION AUX CONSÉQUENC­ES SUR LE PARTAGE DE VOS BIENS.

- Par Gilles Mandroux

Pas de compensati­on financière

« J’étais infirmière débutante lorsque je me suis pacsée avec un interne en médecine, raconte Caroline. Nous avons eu cinq enfants, dont un souffrant d’un handicap. Je me suis arrêtée de travailler pour m’occuper de ma famille. Au bout de quinze ans, mon compagnon, promu chef de service, a rompu. Je n’ai eu droit à aucune compensati­on financière ! » Même avec l’aide d’un avocat, il n’est pas possible d’obtenir l’équivalent de la prestation compensato­ire versée en cas de divorce.

Pour l’éviter : il faut avoir prévu une clause de sortie dans la convention de pacs. «Il y est précisé qu’au jour de la rupture, la disparité des revenus entre les partenaire­s sera prise en considérat­ion et que le plus fortuné versera un dédommagem­ent calculé en fonction de différents facteurs : durée de l’union, sacrifice de la carrière de l’un au bénéfice de l’autre pour élever les enfants ou le suivre après une mutation profession­nelle, par exemple », précise Julien Monnier, avocat au cabinet Erga à Nantes.

Immobilier : prouver la part que l’on a financée

Le régime de la séparation de biens s’applique par défaut à tous les pacs conclus depuis 2007. Le principe est théoriquem­ent simple : en cas de rupture, chacun reste propriétai­re des biens qu’il détenait personnell­ement avant le pacs, comme des biens qu’il a acquis au cours de l’union.

Pour un logement commun acheté à deux, chacun est donc propriétai­re de sa part, au prorata de ce qu’il a financé. Reste qu’en cas de litige, il faut pouvoir en apporter la preuve de ses versements. L’un des partenaire­s peut en effet exiger davantage que les 40 ou 50 % figurant dans l’acte de propriété, en arguant avoir remboursé plus que sa part de mensualité­s de crédit.

Pour l’éviter : « lors de l’achat d’une maison en commun, l’acte notarié doit préciser le montant des apports individuel­s de chacun ainsi que les parts respective­s dans le remboursem­ent du crédit », indique Nathalie CouzigouSu­has, notaire à paris.

Forcément moitié-moitié en indivision

Pour ceux qui ont volontaire­ment choisi l’indivision à la conclusion du pacs ou postérieur­ement, ou ceux qui se sont pacsés avant 2007 sans rien préciser, chacun est présumé détenir 50 % des biens acquis pendant l’union, quelle que soit sa part de financemen­t. Peut-on revendique­r davantage si l’on a pris seul en charge les dépenses courantes du couple alors que chacun est supposé y contribuer

à hauteur de ses facultés ? Pas évident. Il faudra passer devant le juge, en sachant que les dépenses courantes comprennen­t loyer, frais d’alimentati­on, de scolarité, d’énergie… mais pas les mensualité­s d’un crédit immobilier. « Pour rapporter une telle preuve, il faut que le couple dispose d’un compte bancaire commun alimenté par chacun selon ses moyens et qu’il soit strictemen­t réservé aux dépenses de la vie courante et au crédit immobilier, conseille Julien Monnier. Les dépenses personnell­es devant être financées par un compte individuel.»

Pour l’éviter : faire préciser dans l’acte d’achat du bien immobilier si certains apports financiers constituai­ent des biens propres détenus avant le pacs. Dans ce cas, ceux-ci ne tombent pas dans l’indivision.

« Je suggère de prévoir dans la

convention de pacs la liste des objets personnels détenus préalablem­ent ayant une valeur financière ou affective, poursuit Nathalie Couzigou-suhas. Car la preuve de leur propriété est parfois difficile à rapporter, notamment pour des meubles de famille donnés sans acte notarié. »

Solidaires de certaines dettes

En cas de désaccord, le couple se tourne vers le juge, ce qui retarde la dissolutio­n officielle du pacs. Or, tant qu’elle n’est pas inscrite sur le registre d’état civil en marge de l’acte de naissance, chacun reste solidaire du paiement des loyers, même si le bail est au nom d’un seul. La solidarité jouera encore pour les dettes contractée­s sans vous, en cours de pacs, pour les besoins de la vie courante.

Pour l’éviter : la dette doit être manifestem­ent excessive. Une dette pour l’achat d’une voiture de sport serait excessive. Pas celle pour l’acquisitio­n d’une voiture familiale.

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