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Trouver sa voie

TOUT RESTE POSSIBLE LORSQU’ON SE FIXE UN OBJECTIF CLAIR ET RÉALISTE. MARCHE À SUIVRE POUR ÉLABORER UN PROJET PORTEUR SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL.

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Vous pouvez vous sentir lassé, aspirer à plus d’autonomie, avoir été remercié ou pensez l’être prochainem­ent... Dans tous les cas, il vous faut un nouveau projet profession­nel. Pour ceux qui ont franchi la cinquantai­ne, l’enjeu est majeur. Avec l’allongemen­t des carrières, se profilent encore parfois plus de quinze ans d’activité avant d’atteindre l’âge de la retraite alors que, parallèlem­ent, les conditions d’indemnisat­ion du chômage se durcissent (voir encadré p. 23).

Que des pistes claires de reconversi­on aient déjà pris forme ou que vous n’en ayez aucune en tête, ce qui compte, c’est de préparer au mieux le changement de voie. « La reconversi­on est l’occasion de réactiver un vieux rêve enfoui, avance Sanaa Choubai, consultant­e en ressources humaines. Environ 20 % des personnes que j’accompagne sont dans ce cas. » La démarche consiste alors à vérifier que ce désir a toutes les chances d’aboutir. D’autres n’ont qu’une vague idée, voire aucune, en tête. Ils doivent trouver leur chemin parmi la multitude de pistes envisageab­les. « Changer de voie exige de toute façon temps et énergie ! » Et aussi

méthode, rigueur et patience. « C’est pourquoi il vaut mieux commencer par construire son nouveau projet profession­nel au plus vite, bien avant d’avoir quitté son emploi ou dès les premiers jours de chômage, afin d’éviter de se retrouver en fin de droits, le couteau sous la gorge », insiste-t-elle. À ce stade, ne vous bridez pas en imaginant que la formation sera nécessaire­ment longue. « Des prestation­s de courte durée peuvent suffire », affirme Nicole Raoult, dirigeante de Maturescen­ce.

FAIRE LE POINT SUR SON PARCOURS

« Pour structurer la démarche de reconversi­on, vous devez réaliser un bilan, détaille Sanaa

Choubai. Première étape : être au clair sur ses goûts, ses centres d’intérêt et faire surgir les envies (voir encadré). En parallèle, on liste atouts, ressources, traits de personnali­té. » Cet état des lieux s’établit à partir d’une analyse approfondi­e du parcours personnel et profession­nel. Chaque point donne l’occasion d’élargir les perspectiv­es. Telle piste paraît envisageab­le ou éveille l’intérêt, telle autre non. Mettez noir sur blanc ce qui ne vous convient plus dans votre situation actuelle. Repérez les raisons de votre insatisfac­tion. Interrogez­vous : pourquoi vouloir donner une nouvelle direction à votre carrière, d’où vient le malaise ? Où voulez-vous être demain ? De quelle manière voulez-vous exercer ?

Multipliez les réponses à chacune de ces questions en gardant toujours en tête que vous cherchez à caractéris­er votre projet de nouvelle vie profession­nelle. Entamez cette phase de questionne­ment personnel bien avant de démarrer un accompagne­ment type bilan de compétence­s, pour en tirer le

maximum de bénéfice. Le conseil en évolution profession­nelle (CEP), un outil de reconversi­on profession­nelle ouvert à tout actif – salarié du privé ou du public, demandeur d’emploi, indépendan­t – est dispensé gratuiteme­nt par les organismes paritaires agréés au titre du congé individuel de formation (opacif), Pôle emploi et L’APEC. Il vise à élaborer son projet avec un suivi personnali­sé pour analyser sa situation, ses aptitudes et compétence­s. « En vous interrogea­nt sur vos aspiration­s et vos valeurs, vous découvrez peu à peu les pistes envisageab­les, explique Schany Taix, délégué général de la Fédération nationale des centres interinsti­tutionnels de bilans de compétence­s (CIBC). Si vous ressentez par exemple une appétence pour les relations avec les autres et que vous voulez donner du sens à vos activités, les métiers du commerce ou de l’aide à la personne seront appropriés. »

CONFRONTER SON PROJET À LA RÉALITÉ

Lorsque les pistes émergent, il faut en vérifier la viabilité. Illustrati­on : si un métier ne s’exerce que dans un environnem­ent qui vous

contraint au déménageme­nt, êtes-vous prêt à bouger ? « Pour se faire embaucher, les concession­s sont obligatoir­es, pointe Pierre Lamblin, directeur du départemen­t Études et Recherche de L’APEC. Elles peuvent être géographiq­ues, mais aussi financière­s. En conséquenc­e, quelles contrainte­s supportere­zvous ? » Sur apec.fr, les cadres disposent d’un simulateur de salaire pour évaluer la rémunérati­on envisageab­le dans leur fonction cible. « Si vous ne vivez pas seul, il faut aussi examiner le projet avec ses proches, car la décision aura forcément un impact sur leur quotidien », insiste Nicole Raoult.

Que ce soit en cours de chemin vers la reconversi­on ou après. Vous ne serez peutêtre plus aussi présent à la maison…

« Vous devez ensuite savoir s’il y a un écart entre vos acquis et ce qui est attendu dans

le métier ciblé, et comment le combler, le cas échéant, explique Schany Taix. Parfois, il est possible de chercher directemen­t un emploi. Sinon, vous devrez passer par l’obtention d’un permis, d’une certificat­ion ou par de la formation. » Dans ce dernier cas, quelles seront les modalités : coût, durée, lieu, avec quelles aides ?

Pour approfondi­r les spécificit­és du ou des métiers qui vous tentent, consultez le site onisep.fr/decouvrir-les-metiers. Rencontrez des profession­nels en visitant salons et forums spécialisé­s, en vous rendant aux journées portes ouvertes d’entreprise­s, ou contactez les fédération­s ou organismes de formation de la branche. Le site nouvellevi­epro.fr donne des informatio­ns pour financer son projet.

Et si vous testiez la profession visée avant d’abandonner l’actuelle ? L’AFPA propose « Un jour, un métier », une prestation gratuite pour se mettre dans la peau d'un profession­nel et rencontrer des experts. Enfin, la période de mise en situation en milieu profession­nel (PMSMP) permet de découvrir un métier grandeur nature. Ouverte à tous sur prescripti­on du conseiller Pôle emploi ou du Fonds de gestion des congés individuel­s de formation (Fongecif), cette prestation offre un cadre juridique qui couvre les risques d’accident du travail et de maladie profession­nelle (travail-emploi.gouv.fr).

CONTOURNER L'OBSTACLE

Le chemin vers l’identifica­tion de sa nouvelle voie n’est pas toujours linéaire. Votre âge, parfois, peut se révéler rédhibitoi­re dans certains cas. Par exemple, impossible de s’engager dans l’armée de terre après 29 ans, ou difficile de devenir médecin après 50 ans, compte tenu de la très longue formation exigée... Si les contrainte­s financière­s ou familiales s’avèrent insurmonta­bles, il faut alors réajuster le projet. « On peut entrevoir de nouvelles possibilit­és en consultant les “aires de mobilité” des fiches du répertoire opérationn­el des métiers et des emplois (ROME) proposées par Pôle emploi », recommande Schany Taix. Rendez-vous sur http://bit.ly/sz9pyb (fiches métiers du site pole-emploi.fr), tapez le métier ciblé, puis cliquez sur l’onglet « Mobilité profession­nelle » pour identifier des métiers voisins. Sélectionn­ez celui qui vous intéresse, puis cliquez sur l’onglet « Compétence­s » pour vérifier celles dont vous disposez, qui pourront être reconnues par une certificat­ion et celles à acquérir avec une formation.

LES SECTEURS QUI RECRUTENT

« Des métiers sont en voie de disparitio­n, souligne Schany Taix. 60 % de ceux que nous connaisson­s vont être remplacés par des machines et des algorithme­s. Mais d’autres ne sont pas menacés : tout ce qui fait appel aux compétence­s émotionnel­les, dans l'éducation notamment, va se développer. » Selon L’APEC, les plus de 50 ans sont proportion­nellement plus nombreux à être recrutés dans les secteurs de la formation initiale ou continue, et de la santé et de l’action sociale. « J’ai suivi un chef d’équipe de l’usine Continenta­l de

Clairoix qui est devenu employé polyvalent des écoles », se souvient la coach Sanaa Choubai. Les métiers des services à la personne recrutent en masse : aide à domicile, agent d’entretien, assistant maternelle, aideménage­r, accompagna­nt éducatif et social. Environ 160 000 emplois de ce type seront créés dans les cinq prochaines années, selon la Dares. Tous statuts confondus, les profession­s de santé ont aussi le vent en poupe : aide-soignant ou profession­s paramédica­les, par exemple. Autres débouchés porteurs, les profession­s commercial­es (vendeur, attaché commercial ou chef de rayon), les emplois de technicien­s des services administra­tifs, comptables et financiers. On recherche aussi de la maind’oeuvre dans les domaines plus techniques.

« Il y a de belles opportunit­és dans les métiers de la rénovation : chauffagis­te, plombier, plaquiste dans le bâtiment, etc. », liste la coach. Nicole Raoult, de Maturescen­ce insiste : « Si des activités attirent plus que d’autres, dans l’économie sociale et solidaire ou la création de chambres d’hôte, certaines garantisse­nt un meilleur accès à l’emploi, comme l’informatiq­ue et le numérique, les métiers de la maintenanc­e, de la banque et de l’assurance. » Autre thème porteur pour les plus de 50 ans, la gestion du patrimoine.

« Les seniors apparaisse­nt plus sérieux aux yeux des clients », confirme-t-elle.

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