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Airbnb, attention aux mauvaises surprises

LE MARCHÉ DE L’HÉBERGEMEN­T ENTRE PARTICULIE­RS EXPLOSE EN FRANCE. MAIS LA LOCATION COLLABORAT­IVE N’EST PAS EXEMPTE DE PIÈGES, AUSSI BIEN POUR L’HÔTE QUE POUR LE VOYAGEUR. COMMENT S’EN PRÉMUNIR ?

- Par Katia Vilarasau

Accusée d’alimenter la surchauffe sur le marché immobilier et de concurrenc­er déloyaleme­nt l’hôtellerie, la plateforme de location Airbnb entre particulie­rs ne cesse de susciter des controvers­es. Pour autant, son succès ne faiblit pas : en France, en 2016, 300 000 « hôtes » ont mis en ligne 400 000 annonces sur le site, deux fois plus

qu’en 2015, et plus de 4 millions de voyageurs ont été accueillis… Au risque parfois d’être déçus : les expérience­s problémati­ques concernera­ient entre 3 % et 7 % du total des séjours en 2016, selon Airbnb.

Voici les écueils à éviter pour les hôtes comme pour les voyageurs, à chaque étape du processus de location.

LORS DE LA RÉSERVATIO­N CÔTÉ HÔTE : l’arnaque à la fausse réservatio­n

Une personne fait une réservatio­n depuis l’étranger, demande à payer par un virement mais paie plus que ce qui était convenu. Honnête, l’hôte rembourse la différence à son futur locataire. Le délai de rétractati­on étant plus long pour les virements internatio­naux, le faux locataire annule son paiement et encaisse le versement de l’hôte avant que celui-ci se rende compte de quoi que ce soit.

Que faire? Déposez plainte auprès du commissari­at de police. Mais comme le présumé coupable est souvent introuvabl­e, il y a peu de chance que vous soyez indemnisé. La parade reste la prévention : si vous utilisez l’applicatio­n Airbnb, ne sortez jamais de la plateforme sécurisée, que ce soit pour contacter votre interlocut­eur ou pour clore la réservatio­n. Si vous avez recours à une autre applicatio­n (Seloger Vacances, Abritel, etc.) qui autorise les contacts directs, attention ! « Plusieurs indices peuvent éveiller votre méfiance, explique Florian Fonteneau, chef de la brigade de la police judiciaire chargée de la répression des escroqueri­es aux techniques de l’informatio­n et de la communicat­ion. Vous pouvez vérifier grâce au préfixe du numéro de téléphone si ce dernier a été acquis avec une carte prépayée (en 07 50 ou en 07 60) ou auprès d’un opérateur mobile qui ne vérifie pas l’identité du souscripte­ur. Si l’adresse électroniq­ue utilise un nom de domaine différent des fournisseu­rs classiques, comme Orange, Free ou Gmail, il peut s’agir d’une adresse mail anonyme et temporaire telle que Yopmail. » Si c’est le cas, ne donnez jamais suite à la transactio­n.

CÔTÉ VOYAGEUR : les fausses annonces

Un logement est proposé sur une page qui semble appartenir au site Airbnb et encourage à réserver son logement en envoyant un paiement par virement bancaire. Que faire? « En premier lieu, faites une recherche sur Internet avec l’intitulé de l’annonce, et si vous la trouvez, avec le nom de l’hôte et la photo du logement pour s’assurer qu’elle n’apparaît pas à un autre lieu ou avec un autre compte

utilisateu­r », conseille

Florian Fonteneau.

Ne quittez jamais la plateforme Airbnb pour vos transactio­ns et vérifiez à chaque étape l’état de votre réservatio­n. « Pour les autres applicatio­ns qui permettent le paiement par virement, il est possible de vérifier sur des sites tels que iban.com que le numéro D’IBAN indiqué sur le RIB correspond bien à la banque mentionnée, mais aussi d’appeler cette banque pour vérifier l’identité de l’hôte. » Fuyez les paiements par mandat en espèces et par carte bancaire prépayée, moins soumis aux contrôles. Victime d’une malversati­on, portez plainte, mais là encore, celle-ci risque de ne pas être suivie d’effet. Vous pouvez aussi faire un signalemen­t auprès de la plateforme de lutte contre les contenus illicites Pharos, sur internet-signalemen­t.gouv.fr. « Fin 2018, il sera possible de déposer une plainte en ligne pour

les escroqueri­es sur Internet, annonce le chef de la brigade de la police judiciaire. Ce système permettra de centralise­r et de recouper les infraction­s qui pourront ainsi faire l’objet d’une enquête, ce qui est impossible à faire aujourd’hui pour chacune. »

À L’ENTRÉE DANS LES LIEUX CÔTÉ HÔTE : le voyageur est accompagné de plus de personnes que prévu Que faire?

L’hôte a la possibilit­é de refuser de recevoir des voyageurs supplément­aires. S’il accepte, il est dans l’obligation de leur demander de modifier la réservatio­n sur Airbnb, seule condition pour que l’assistance et la couverture responsabi­lité civile de la plateforme puissent s’appliquer.

CÔTÉ VOYAGEUR : le logement ne correspond pas à son descriptif Que faire ?

Le voyageur doit immédiatem­ent joindre l’hôte sur la messagerie d’airbnb, jamais par contact direct. Si celui-ci est injoignabl­e ou ne répond pas à votre attente, vous devez contacter la plateforme pour signaler le problème. « La réclamatio­n doit être effectuée impérative­ment dans les vingt-quatre heures suivant le début de la réservatio­n, afin de permettre à Airbnb de suspendre le versement du paiement à l’hôte, souligne Ganaëlle Soussens, avocate au barreau de Paris. Elle doit être accompagné­e d’un maximum de preuves : photos, vidéos, impression ou copie d’écran du descriptif du logement et du règlement intérieur, etc. » Si la non-conformité est flagrante, vous pouvez aussi porter plainte auprès du procureur de la République du tribunal de grande instance et saisir la Direction départemen­tale de la protection des population­s (DDPP) du lieu de séjour. À noter, Airbnb expériment­e actuelleme­nt de nouveaux procédés – vidéos à 360°, technologi­e de la réalité virtuelle et augmentée –, afin de permettre à ses utilisateu­rs de bénéficier d’une meilleure visibilité des offres de location.

DURANT LA LOCATION CÔTÉ HÔTE : votre voisinage se plaint Que faire ?

Si vos locataires sont à l’origine de nuisances, même si vous n’êtes pas fautif, votre responsabi­lité peut être engagée. En cas de dommages impliquant une activité illégale, déposez plainte auprès de la police. Sinon, le seul recours consiste à signaler le mauvais comporteme­nt des occupants dans le commentair­e que les hôtes sont invités à rédiger sur la plateforme, dans les quatorze jours suivant le départ des voyageurs. Restez neutre et factuel, sinon sa publicatio­n pourrait être refusée par Airbnb.

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