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Comment faire cesser les bruits

Vous rêvez d’obliger vos voisins à être silencieux ? Nos experts vous expliquent dans quels cas la solution judiciaire est envisageab­le. Car, devant le juge, tous les combats ne se gagnent pas à coup sûr.

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En matière de bruit, la nuisance ressentie est fonction de la perception et de la sensibilit­é de chacun, de la localité, de sa fréquence en continu ou pas sur les lieux, de la qualité d’insonorisa­tion des bâtiments… Une difficulté qui se double du fait que la réglementa­tion ne fixe pas ce qui est « normal » et « anormal ». Seul le juge peut décider, au cas par cas, de sanctionne­r un trouble de voisinage s’il le considère anormal. La jurisprude­nce renseigne donc sur le sujet. « En règle générale, les citadins qui s’installent à la campagne et partent en guerre contre les bruits d’animaux obtiennent rarement gain de cause », note David Rodrigues, juriste à la CLCV. La pratique du piano une heure par jour, même pour un débutant, a aussi été considérée comme un trouble normal. En revanche, une personne qui marche dans l’appartemen­t du dessus avec ses talons hauts sur du carrelage ou un musicien qui s’entraîne toute la journée peuvent être répréhensi­bles.

Peut-on sanctionne­r des bruits de voisinage entre 7 h et 22 h ?

OUI. « Les bruits excessifs en journée comme de nuit sont condamnabl­es, indique Elsa Érimée, chargée des relations avec les particulie­rs au Centre d’informatio­n et de documentat­ion sur le bruit (CIDB). Pour être sanctionné­e, la nuisance sonore doit être de nature à porter atteinte à la tranquilli­té du

voisinage ou à la santé de l’homme par sa durée, sa répétition ou son intensité », (article R1336-5 du Code de la santé publique).

« Ce n’est pas le nombre de décibels produits qui crée la nuisance, explique Christophe

Sanson, avocat spécialisé. Les auteurs de bruits relativeme­nt modérés mais exaspérant­s dans la durée ou lancinants peuvent être sanctionné­s. À charge pour la victime d’apporter la preuve des faits et de démontrer le caractère anormal de la nuisance. »

D’autres textes à invoquer

Vous pouvez par ailleurs vous appuyer sur l’article R623-2 du Code pénal selon lequel « les bruits ou tapages injurieux ou nocturnes

troublant la tranquilli­té d’autrui sont punis de l’amende prévue pour les contravent­ions de la 3e classe » (jusqu’à 450 euros). Ceux qui logent en appartemen­t consultero­nt aussi leur règlement de copropriét­é. Enfin, les arrêtés municipaux ou préfectora­ux peuvent réglemente­r les bruits des chantiers, des tondeuses à gazon, des animaux domestique­s, etc., prohibés souvent les dimanches et jours fériés en dehors d’un créneau de 10 h à 12 h.

Le bailleur est-il responsabl­e des nuisances de son locataire ?

OUI. Pensez à signaler la situation au bailleur en y joignant le maximum de preuves (témoignage­s, courriers, constats, etc.). Une fois informé de la situation, il est légalement tenu d’effectuer des démarches auprès de son locataire pour faire cesser les nuisances. Il pourra notamment enclencher une procédure de résiliatio­n de bail pour non-respect de son obligation d’user paisibleme­nt des locaux (article 7, loi n° 89-462 du 6 juillet 1989).

Faire mesurer le bruit est-il indispensa­ble pour un procès ?

OUI. La réglementa­tion impose le mesurage uniquement pour les bruits d’activité (commerces, activités artisanale­s, etc.).

Toutefois, même pour des bruits de voisinage, Christophe Sanson recommande de recourir aux mesures sonométriq­ues comme moyen de preuve. Pratiquées par un bureau d’étude acoustique, prévoyez de 600 à 700 euros. Dans les cas requérant une analyse technique, comme des bruits de machines, un défaut d’isolation, etc., il préconise également le recours à une expertise judiciaire. C’est au plaignant d’avancer la provision de l’expertise judiciaire (2 000 à 3 000 euros), somme qu’il pourra récupérer à la fin si le juge condamne le fauteur de trouble à leur paiement. Contact utile Le Centre d’informatio­n et de documentat­ion sur le bruit (CIDB) :12-14, rue Jules-bourdais, 75017 Paris. Permanence­s téléphoniq­ues au 01 47 64 64 64 du lundi au vendredi, de 9 h à 12 h, et sur bruit.fr

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