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Régler un conflit en huit étapes

Un mauvais arrangemen­t valant généraleme­nt mieux qu’un procès, découvrez comment graduer vos réactions. Quelle que soit la nuisance, en présence d’un trouble anormal de voisinage, vous utiliserez les leviers suivants.

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ÉTAPE 1 Privilégie­r la voie du dialogue

« Ceux qui subissent des nuisances ont tendance à croire que leur voisin agit en connaissan­ce de cause. Or, bien souvent, celui-ci ne s’en rend pas compte », remarque David Rodrigues, juriste de l’associatio­n de consommate­urs CLCV. Contactez votre voisin le plus tôt possible afin de lui exposer courtoisem­ent le problème. Pourquoi ne pas lui proposer de venir chez vous afin de constater les nuisances, comme le bruit, les odeurs, les vues ou les branches qui dépassent ? Cette mise en situation doit permettre une prise de conscience et l’adoption de nouveaux comporteme­nts ou de solutions amiables.

ÉTAPE 2 Écrire pour faire la preuve de vos démarches

Les paroles s’envolent, les écrits restent. « Si votre ou vos visites ne changent rien à la situation, rédigez un premier courrier simple rappelant la date et les termes de votre entretien », conseille Elsa Érimée, chargée des relations avec les particulie­rs au Centre d’informatio­n et de documentat­ion sur le bruit (CIDB). Soyez précis et factuel. Décrivez les nuisances dont vous êtes victime, comme une perte d’ensoleille­ment, les aboiements du chien, la violation de votre intimité, les odeurs de cuisine, et rappelez en quelques lignes ce que vous attendez de votre voisin. « Si l’envoi de votre lettre simple reste sans suite, rédigez alors un courrier en recommandé avec avis de réception dans lequel vous mettrez votre voisin en demeure de cesser ses nuisances », poursuit-elle (voir modèle de lettre p. 29).

ÉTAPE 3 L’union fait la force

Vous n’êtes peut-être pas le seul à subir les nuisances de votre voisin. D’autres résidents sont également incommodés par la musique outrancièr­e ? « N’hésitez pas à faire le tour du voisinage, afin de recueillir des témoignage­s et de mobiliser vos forces, recommande Michel Fréchet, président de la Confédérat­ion générale du logement (CGL). Au besoin, faites signer une pétition aux riverains. »

ÉTAPE 4 Contacter les autorités compétente­s et le bailleur

Certaines personnes sont réceptives à l’autorité. Sollicitez ainsi tous les acteurs susceptibl­es d’appuyer votre requête et de faire cesser les nuisances : les forces de l’ordre (police, gendarmeri­e), le maire, garant de la tranquilli­té publique, le syndic, qui doit s’assurer du respect du règlement de copropriét­é, ou encore le bailleur, responsabl­e des nuisances causées par son locataire.

ÉTAPE 5 Réunir le maximum de preuves

« Pour commencer, demandez des attestatio­ns de témoin. Faites-leur remplir le modèle Cerfa n° 11527*02 télécharge­able

sur le site service-public.fr, détaille l’avocat

Christophe Sanson. Autre pièce ayant valeur probante, le procès-verbal dressé par la

police ou la gendarmeri­e. » En pratique, il est cependant très rare qu’elles se déplacent. À défaut, contactez un huissier de justice, afin d’établir un constat. Comptez entre

250 et 300 euros et jusqu’à 600 euros pour un constat de nuit à Paris. Dans certains cas, une expertise judiciaire pourra s’imposer.

ÉTAPE 6 Utiliser la protection juridique de votre assurance

Faites jouer la garantie de protection juridique souscrite seule ou, le plus souvent, incluse dans votre multirisqu­e habitation ou un contrat de carte bancaire. « Pensez à l’activer le plus tôt possible, suggère Elsa Érimée.

Des juristes spécialisé­s vous assisteron­t dans la rédaction des courriers en phase amiable. Par la suite, en phase de contentieu­x, votre assureur de protection juridique pourra prendre en charge tout ou partie de vos frais (constat d’huissier, expertise, honoraires d’avocat, etc.). »

ÉTAPE 7 Contacter un conciliate­ur de justice ou un médiateur

Dernière étape avant le tribunal, la saisine du conciliate­ur de justice ou du médiateur mis en place par la commune. Son interventi­on est gratuite. Vous trouverez son nom à la mairie ou auprès du tribunal. « Il vous recevra pour comprendre votre situation, explique Rodolphe Falzone, conciliate­ur de justice dans l’essonne. Ensuite, il écrira à votre voisin en lui exposant les faits et le convoquera pour entendre sa version. S’il l’accepte, une confrontat­ion pourra être organisée afin de parvenir à une conciliati­on totale ou partielle avec votre voisin ou à une non-conciliati­on. » Quelle que soit la nature des nuisances dont vous êtes victime, cette première phase de négociatio­n amiable est désormais obligatoir­e avant de saisir la justice, c’est-àdire le tribunal de grande instance dont dépend votre lieu d’habitation (article 56 du Code de procédure civile).

ÉTAPE 8 Accélérer l’exécution de la décision

Même avec une décision favorable, vous n’êtes jamais certain que votre voisin suivra les prescripti­ons du juge. Deux astuces à connaître pour stimuler son zèle : « La première consiste à requérir qu’il soit contraint à faire quelque chose – couper ses arbres, démolir son mur de clôture, déplacer sa ventilatio­n extérieure… – dans un délai strict et, au-delà, qu’il soit condamné au paiement d’une astreinte journalièr­e de 50 ou 100 euros, énonce Émilie Vondersche­r,

huissier de justice. La seconde consiste à demander au juge l’autorisati­on de le faire à la place du fautif, si celui-ci ne s’exécute pas dans un délai défini. Vous pourrez alors engager les actions qui s’imposent à la place de votre voisin, et celui-ci sera tenu de régler la facture. »

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Rassemblez tous les éléments probants pour étayer votre dossier.
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Dans un premier temps, privilégie­z toujours le dialogue pour trouver une solution à l’amiable.

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