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Se reconverti­r dans l’artisanat

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- Par Marie Zeyer - Photograph­ies : Yohan Terraza et Marielsa Niels /Hans Lucas, Eric Garault/pascoandco.

e point commun entre les deux cent cinquante métiers de l’artisanat? Tous font appel au travail manuel. Cet aspect concret motive de nombreuses reconversi­ons : « J’ai envie de voir le résultat de mon travail », « J’aime réaliser quelque chose du début à la fin, ne pas être qu’un maillon de la chaîne. » Le goût des belles choses, la volonté de préserver ou de faire revivre une activité menacée font partie des autres moteurs. Voilà pour l’image d’épinal. « La recherche de sens est bien présente, mais il ne faut pas la surestimer, tempère Sylvaine Pascual, coach

en reconversi­on profession­nelle. La réalité est souvent plus basique : les gens expliquent que le monde de l’entreprise ne leur convient plus. Cette prise de conscience intervient vers 30-35 ans, contre 40-45 ans il y a encore dix ans de cela. » Les plans de licencieme­nt peuvent également conduire à franchir le pas. « Le retour au savoir-faire traditionn­el rassure »,

relève Catherine Elie, directrice des études à l’institut supérieur des métiers (ISM).

ÊTRE CONSCIENT DE SES ATOUTS

Avoir une première expérience profession­nelle est un atout pour réussir dans l’artisanat.

« L’artisan doit être polyvalent: commercial, recrutemen­t, achats, communicat­ion. Une première expérience profession­nelle est utile », remarque Catherine Elie. D’après l’une de ses études, 31 % des entreprene­urs et 43 % des auto-entreprene­urs dans l’artisanat viennent d’un autre métier. « Contrairem­ent aux apprentis de 15-16 ans, les personnes en reconversi­on

maîtrisent déjà les codes de l’entreprise et elles

évoluent plus rapidement », ajoute Audrey Janet, responsabl­e de la communicat­ion de l’école de gastronomi­e Ferrandi Paris.

ACCEPTER LES DIFFICULTÉ­S

Pour autant, les métiers de l’artisanat ne sont pas accessible­s à tous. Valérie Brunaut, ancienne communican­te devenue paysagiste,

se souvient : « Les travaux de terrasseme­nt au programme du CAP jardinier-paysagiste ont été pénibles pour moi qui ne suis pas une grande sportive et qui avais 42 ans. » Horaires décalés en boulangeri­e, portage de matériaux lourds en maçonnerie, station debout prolongée dans la restaurati­on peuvent constituer des freins. Dans d’autres métiers, l’âge est un avantage :

« Pour conseiller une femme de 50 ans, une esthéticie­nne du même âge sera plus crédible qu’une jeune fille », note Sylvaine Pascual.

TROUVER LE CHEMIN DU SAVOIR-FAIRE

Pour se former à un métier manuel, le certificat d’aptitude profession­nelle (CAP) fait figure de sésame. Ce diplôme est d’ailleurs obligatoir­e pour s’installer à son compte dans certains métiers qui répondent à des normes strictes en matière de sécurité et d’hygiène : le bâtiment (y compris la plomberie et l’électricit­é), l’esthétique, la coiffure, les métiers de bouche (boulanger, charcutier, glacier)… Dans sa version adulte, pour ceux qui possèdent déjà un diplôme (autre CAP, bac, etc.), le CAP ne dure qu’un an – avec des cours pendant les vacances scolaires – au lieu de deux lorsqu’il est

suivi en formation initiale. « Au-delà du savoirfair­e, le CAP permet de se familiaris­er avec le vocabulair­e d’un métier. C’est important pour

échanger avec les fournisseu­rs », note Audrey Janet. Comptez entre 3 000 et 9 000 euros au total, selon les CAP et les centres de formation d’apprentis (CFA) pour les cours, le matériel, la tenue, les livres. Cette somme peut être prise en charge au titre du congé individuel de formation (CIF) pour les salariés ou par Pôle emploi. Des financemen­ts qui existeront toujours mais sous une autre forme, lors de l’entrée en vigueur de la réforme de la formation profession­nelle début 2019.

LES MÉTIERS À LA MODE… ET LES AUTRES

La forte médiatisat­ion des chefs a entraîné une hausse des vocations de pâtissiers. L’école Ferrandi enregistre sept candidatur­es

pour une place en CAP de pâtissier. « En revanche, il y a peu de reconversi­ons dans la coiffure. Coiffeur, c’est un métier que l’on choisit jeune ou jamais », remarque Catherine Elie de L’ISM. Attention à l’effet de mode donc, comme au choix de sa spécialité. Car si l’artisanat reste le premier recruteur de France, « dans l’esthétique, par exemple, cela commence à bouchonner dans certains

bassins d’emploi », prévient-elle.

À l’inverse, les difficulté­s de recrutemen­t persistent dans le BTP, la réparation automobile, le travail du métal et la boucherie *. Cela peut être vu comme une opportunit­é pour ceux qui cherchent leur voie de reconversi­on. Cela complique également la tâche de ceux qui, après s’être lancés avec succès, ont besoin de renfort. Il faut avoir conscience que les artisans entreprene­urs doivent faire face aux aléas des petites structures : « Lorsque vous avez un salarié absent sur trois, difficile d’honorer ses commandes avec un tiers des effectifs en moins », souligne Catherine Elie.

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