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Je souhaite prendre ma retraite, mais je crains le malus

- Christel BONNET Consultant­e senior chez Mercer France (Paris) Par Roselyne Poznanski

MARIE-CLAUDE A L’ÂGE ET LE NOMBRE DE TRIMESTRES REQUIS POUR PARTIR À TAUX PLEIN CETTE ANNÉE. ELLE CHERCHE COMMENT NEUTRALISE­R LES EFFETS DU NOUVEAU MALUS AGIRC-ARRCO QUI MINORE DE 10% LES PENSIONS COMPLÉMENT­AIRES DES SALARIÉS DURANT TROIS ANS.

Responsabl­e des achats chez un équipement­ier automobile à Mantes-la-jolie, Marie-claude est cadre et dispose d’un salaire de 30 000 euros net par an. Au 1er avril prochain, elle aura 62 ans. Avec 166 trimestres retraite, elle pourra faire valoir sa pension de base du régime général à taux plein. En revanche, sa pension complément­aire Agirc-arrco ne lui sera pas versée à 100 % comme cela était le cas jusqu’à présent, mais à 90 % seulement et durant trois ans, du fait d’un malus de - 10 % entré en vigueur le 1er janvier 2019. Pour le compenser, Marie-claude doit envisager de travailler encore une année supplément­aire, à temps plein ou à temps partiel, ou encore de négocier une compensati­on.

1 TRAVAILLER UNE ANNÉE DE PLUS À TEMPS COMPLET

C’est la première option envisagée par Marieclaud­e, car c’est la plus simple à mettre en oeuvre face au malus qui vise, sauf exceptions, les pensions complément­aires des salariés nés en

1957 ou après, dès lors qu’ils entendent faire valoir leur retraite dès l’obtention de leur taux plein.

Effectivem­ent, pour percevoir dès le départ une pension

Agirc-arrco non minorée, il est devenu nécessaire de décaler sa demande de retraite complément­aire d’un an, c’est-à-dire de travailler quatre trimestres calendaire­s de plus. Cette perspectiv­e n’enchante guère Marie-claude : elle souhaite donc en mesurer les effets concrets. En avril 2019, elle aura droit à une pension de base à taux plein de 16 106 euros nets par an et à une pension Agirc-arrco de 9 526 euros nets par an. À cause du malus, cette dernière sera toutefois ramenée à 8 573 euros

(9 526 € - 953 €) par an durant trois ans. Durant cette période, le malus privera donc Marie-claude d’environ 80 euros chaque mois. Jusqu’en mars 2022, sa retraite s’élèvera à 2 056 euros mensuels au lieu de 2 136 euros. Si elle décide de travailler une année de plus, elle n’aura pas à subir ce malus. Concrèteme­nt, elle percevra 30 000 euros de salaire net annuel en 2019,

puis ses 2 500 euros par mois pendant trois mois jusqu’à la fin mars 2020. Pendant cette année supplément­aire de salariat, Marieclaud­e continuera à bénéficier des avantages sociaux de son entreprise : une complément­aire santé performant­e et un intéressem­ent annuel sur les résultats. En avril 2020, lorsqu’elle fera valoir ses pensions, sa retraite de base annuelle sera valorisée à hauteur de 17 068 euros net, essentiell­ement grâce au mécanisme de la surcote. Sa pension Agirc-arrco sera elle aussi plus importante : elle atteindra

9 779 euros net, grâce à l’acquisitio­n de points de retraite supplément­aires, mais surtout, elle sera versée à 100 % dès le départ. Au total, Marie-claude touchera 2 237 euros par mois dès avril 2020.

À noter. Pour déterminer sereinemen­t sa date de départ, Marie-claude doit mettre en parallèle les bénéfices financiers procurés par une année de travail en plus et son envie d’être déliée de toute activité profession­nelle pour pouvoir « passer à autre chose ». Il s’agit d’arbitrer au plus juste entre argent et temps libre.

2 TRAVAILLER UNE ANNÉE DE PLUS À TEMPS PARTIEL

Plutôt que de poursuivre à temps plein, pourquoi ne pas effectuer une dernière année de travail à temps partiel, dans le cadre d’une retraite progressiv­e ? Marieclaud­e remplit toutes les conditions pour bénéficier du dispositif : avoir 60 ans, disposer d’au moins 150 trimestres retraite tous régimes confondus et ne pas avoir conclu de convention de travail en forfait jours sur l’année. Pour un passage à temps partiel, obligatoir­ement compris entre 40 % et 80 % de son actuel temps plein (mesuré sur la semaine ou sur le mois), elle doit obtenir l’aval de son employeur. Pas toujours évident, car la retraite progressiv­e demeure un dispositif peu connu. Elle a intérêt à faire valoir sa motivation à continuer et la possibilit­é de former progressiv­ement la personne qui reprendra son poste. Elle peut aussi mettre en avant un argument financier intéressan­t pour son employeur : cette année à temps partiel de 50 % allégera sa masse salariale de 29 000 euros, charges comprises. Si son employeur lui accorde un mi-temps à partir du 1er avril 2019, date de son taux plein, Marie-claude percevra son salaire actuel net de 2 500 euros par mois de janvier à mars puis 1 250 euros par mois jusqu’à la fin de l’année. Parallèlem­ent, elle percevra aussi une pension de retraite progressiv­e, en fonction des droits qu’elle a d’ores et déjà acquis. Cette pension est destinée à compenser pour partie le manque à gagner salarial engendré par son activité à mi-temps : son montant annuel sera de 12 816 euros (8 053 euros pour la retraite de base et

4 763 euros pour la retraite complément­aire).

D’avril 2019 à mars 2020, Marie-claude

gagnera 2 318 euros par mois tout en travaillan­t à mi-temps. Même pas 200 euros de moins que son salaire à plein temps actuel ! Marie-claude continuera par ailleurs à acquérir des droits retraite, et notamment des points Agirc-arrco, en nombre plus limité toutefois, car ses salaires soumis à cotisation­s sont réduits de moitié. Ces nouveaux droits compteront dans le calcul de sa retraite définitive. Dès le 1er avril 2020, elle pourra ainsi percevoir 16 911 euros net par an de retraite de base et 9 682 euros par an de retraite complément­aire. Dès lors, elle pourra compter sur 2 216 euros de retraite par mois. C’est une vingtaine d’euros en moins par mois, à vie, que si elle avait continué un an de plus à temps plein, mais 80 euros par mois de plus qu’en partant dès ses 62 ans.

À noter. Avec l’accord de l’employeur, les cotisation­s retraite peuvent continuer à être prélevées sur la base du salaire à temps plein : il n’y a alors aucune perte de droits retraite. Selon les cas, il peut accepter de payer cette surcotisat­ion ou la laisser à la charge de Marie-claude.

3 OBTENIR UNE COMPENSATI­ON FINANCIÈRE POUR PARTIR IMMÉDIATEM­ENT

Marie-claude sait qu’un départ à la retraite dès l’obtention de son taux plein va lui occasionne­r un manque à gagner de 2 859 euros sur trois ans. Elle aimerait que son employeur compense cette perte liée au malus Agirc-arrco en lui versant une prime exceptionn­elle. Pour cela, elle doit évidemment négocier avec lui, sachant que, pour disposer de cette somme, son employeur va devoir débourser 5 182 euros, compte tenu des charges salariales et patronales. S’il souhaite la voir partir au plus tôt, il a néanmoins intérêt à accéder à sa demande. En effet, il économiser­a

19 641 euros de salaire net en 2019, puis

7 500 euros en 2020. Avec les charges, l’économie réelle est bien plus importante : elle s’établit à 49 194 euros au total.

À noter. La compensati­on financière s’ajoute à l’indemnité légale ou convention­nelle de départ en retraite versée par l’employeur à la date de rupture du contrat de travail. L’intégralit­é de cette somme est soumise à l’impôt sur le revenu : Marie-claude la mentionner­a dans sa déclaratio­n de revenus en mai-juin 2020. En attendant, elle n’a pas à modifier son taux de prélèvemen­t à la source.

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