Les béguinages pour bien vieillir ensemble
DANS TOUTE LA FRANCE, DES BÉGUINAGES D’UN NOUVEAU GENRE VOIENT LE JOUR. CES LOGEMENTS ADAPTÉS AUX PERSONNES ÂGÉES, REGROUPÉS AUTOUR D’UN JARDIN ET DOTÉS D’ESPACES COMMUNS, SÉDUISENT UN NOMBRE CROISSANT DE RETRAITÉS.
Nés dans les Flandres au Moyen Âge, les béguinages accueillaient des femmes laïques célibataires ou veuves. Ces béguines vivaient en communauté religieuse dans un ensemble de petites maisons regroupées autour d’un jardin et d’une chapelle. Aujourd’hui, de nouvelles formes de béguinage se développent : de petits ensembles de maisons ou d’appartements indépendants, dotés d’espaces de vie communs, ouverts aux femmes et hommes âgés, autonomes ou en perte très partielle d’autonomie. « À l’origine, nous avions été sollicités par un groupe de chrétiens qui souhaitaient vivre et vieillir ensemble, dans un environnement sécurisé. Pour eux, nous avons créé notre premier béguinage à Perpignan, dans un ancien couvent réhabilité. Le bouche-àoreille a incroyablement bien fonctionné et
Christophe BAÏOCCO Cofondateur de l’association Vivre en béguinage
Manuelle NORÈVE-MARTIN Directrice générale déléguée de Norevie, bailleur social privé
Olivier de LADOUCETTE Psychiatre et gériatre
nous avons enchaîné les projets. Aujourd’hui, tous nos béguinages ont une vocation sociale et ont perdu leur dimension confessionnelle », raconte Christophe Baïocco, cofondateur de l’association Vivre en béguinage qui gère une dizaine d’établissements dans toute la France.
DES COMMUNAUTÉS À VOCATION SOCIALE ET À LOYERS MODÉRÉS
Les béguinages constituent une sorte de chaînon manquant entre le domicile personnel et la maison de retraite médicalisée. Ils pourraient éventuellement s’apparenter à des résidences-autonomie (les anciens « logementsfoyers ») car ils ont la même vocation sociale, des infrastructures équivalentes et accueillent aussi des personnes âgées autonomes, seules ou en couple. Mais ces habitations, gérées par des structures publiques ou associatives, abritent souvent plus de 50 résidents, là où les béguinages se limitent à 15 ou 20 logements, ce qui favorise les relations humaines.
Quant aux résidences services seniors
(Les Hespérides, Les Jardins d’arcadie…), administrées comme les béguinages par des structures privées, elles sont plutôt réservées à des personnes disposant de confortables revenus. « Alors que nos 689 logements de type T2 ou T3 (entre 52 et 69 m2) sont des HLM, et leur attribution est soumise à conditions de ressources et passage en commission », souligne Manuelle Norevemartin, directrice générale déléguée de Norevie qui gère 34 béguinages dans le département du Nord. Les loyers sont alignés sur les plafonds des aides au logement, et les résidents ne doivent pas dépasser un certain montant de ressources (en 2019, 26 395 euros pour une personne seule, 35 248 euros pour un couple sans personne à charge). Ils peuvent bénéficier des aides au logement (APL ou ALS) et de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) à domicile qui contribue à payer les dépenses nécessaires pour rester vivre chez soi malgré une perte d’autonomie. À Tours (37), aux Tourangelles, gérées par Vivre en béguinage, le loyer d’un T2 neuf de 39 m2 est de 409 euros plus 55 euros de charges mensuelles, avant les aides. Enfin, dans certains béguinages, il est possible de devenir propriétaire de son logement.
UN MODE DE VIE BIENFAISANT
Ce n’est pas un scoop, notre population vieillit. Et si l’espérance de vie des personnes âgées ne cesse d’augmenter, elle s’accompagne d’un isolement croissant dû à l’éclatement de la cellule familiale, la mobilité des enfants