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Autoentrep­rise, SARL, SAS, quel statut choisir ?

LORSQU’ON SE LANCE DANS UNE ACTIVITÉ INDÉPENDAN­TE, IL EST ESSENTIEL DE RÉFLÉCHIR À LA FORME JURIDIQUE DE SA FUTURE ENTREPRISE. TROIS STATUTS SONT PLÉBISCITÉ­S PAR LES CRÉATEURS. LEQUEL EST LE MIEUX ? TOUT DÉPEND DE VOTRE PROJET ET DE VOS AMBITIONS.

- Par Nathalie Cheysson-kaplan

UNE AUTOENTREP­RISE : POUR TESTER UN PROJET

Idéal pour tester une idée ou un projet, le statut d’autoentrep­reneur permet de créer son entreprise d’un simple clic. Seule condition à remplir, ne pas dépasser 176200 euros de chiffre d’affaires pour une activité commercial­e et 72 600 euros pour les autres activités. Ce qui laisse un peu de marge. Il suffit de s’inscrire sur le site de l’urssaf (Autoentrep­reneur.urssaf.fr) et au répertoire des métiers (RM) pour une activité artisanale ou au registre du commerce et des sociétés (RCS) pour une activité commercial­e. Vous pouvez également effectuer ces formalités sur le site internet Guichet-entreprise.fr du ministère de l’économie et des Finances. Elles sont gratuites, y compris l’immatricul­ation au RCS ou au RM. Une fois votre inscriptio­n effectuée, vous recevrez par courrier un numéro de Siret qui vous permettra de facturer vos premiers clients, ainsi qu’une notificati­on d’affiliatio­n à la Sécurité sociale des indépendan­ts (SSI, EX-RSI). Le principal intérêt de ce statut est sa simplicité. Vous n’avez qu’une seule obligation : déclarer votre chiffre d’affaires et payer vos cotisation­s sociales tous les mois ou, sur option, tous les trimestres.

Vous n’avez pas de comptabili­té à tenir – uniquement le décompte de vos factures –, et vos cotisation­s s’adaptent à votre activité puisqu’elles représente­nt un pourcentag­e de votre chiffre d’affaires, soit 12,8 % pour une activité de vente et 22 % pour les autres activités en vitesse de croisière (ces taux sont réduits pendant les trois premières années). En l’absence de

chiffre d’affaires, vous n’avez donc rien à payer, ce qui est intéressan­t s’il s’agit d’une activité complément­aire ou occasionne­lle.

DES IMPÔTS SIMPLES À CALCULER

La totalité des bénéfices de votre entreprise est soumise, chaque année, à l’impôt sur le revenu établi à votre nom, même si vous les réinvestis­sez et ne vous versez aucune rémunérati­on. Si votre revenu fiscal de référence de 2018 était inférieur à 27519 euros par part (50 % en plus par demipart supplément­aire), vous pouvez opter pour un versement libératoir­e de l’impôt sur le revenu, recouvré en même temps que vos cotisation­s sociales. Son taux est de 1 %,

1,7 % ou 2,2 % selon la nature de l’activité. À défaut, votre revenu imposable est déterminé de manière forfaitair­e en appliquant à votre chiffre d’affaires un abattement censé représente­r toutes vos charges (vous ne pouvez rien déduire de plus) : − 71 % pour une activité de vente,

− 50 % pour une activité de services relevant des bénéfices industriel­s et commerciau­x et − 34 % pour des bénéfices non commerciau­x. Par exemple, pour un chiffre d’affaires de 30 000 euros, vous ne serez imposé que sur 8 700 euros, 15 000 euros ou 19 800 euros, selon la nature de votre activité, quelle que soit la réalité de vos charges. Cette somme s’ajoutera aux autres revenus de votre foyer fiscal pour être soumis au barème progressif de l’impôt.

Revers de la médaille, vous ne pouvez pas séparer votre patrimoine privé de votre patrimoine profession­nel, sauf à choisir le statut d’entreprene­ur individuel à responsabi­lité limitée (EIRL) encore peu utilisé en pratique. En clair, si l’aventure tourne mal, vous serez responsabl­e des dettes de votre entreprise sur vos biens personnels. Seule votre résidence principale sera à l’abri de vos créanciers profession­nels. Pour Lila Leon, responsabl­e de contenus juridiques chez Bpifrance Création, l’autoentrep­rise est néanmoins une bonne solution pour tester la pertinence de son projet. « On n’est pas lié par le statut juridique initialeme­nt choisi et on peut toujours en changer, moyennant toutefois de

nouvelles formalités », rappelle-t-elle.

UNE SOCIÉTÉ : PATRIMOINE PROTÉGÉ ET FISCALITÉ AVANTAGEUS­E

La constituti­on d’une société est soumise à un formalisme et à des coûts plus lourds, aussi bien au moment de sa création (compter environ 2 000 euros) qu’en cours de vie sociale : rédaction des statuts, enregistre­ment des apports, tenue d’une assemblée générale annuelle, dépôt des comptes annuels, etc. Cela vous oblige, en outre, à recourir aux services d’un expertcomp­table pour votre comptabili­té. Mais c’est la seule solution pour mettre votre patrimoine personnel – autre que votre résidence principale – à l’abri de vos créanciers profession­nels. Autre intérêt par rapport à l’entreprise individuel­le, la mise en société vous permet de déduire votre rémunérati­on de votre bénéfice imposable et d’échapper à l’impôt sur le revenu. Vos bénéfices, calculés par différence entre le chiffre d’affaires et les charges réellement supportées, seront taxés à l’impôt sur les sociétés à un taux de 15 % jusqu’à 38 120 euros, puis de 28 % jusqu’à 500 000 euros. Ce qui est avantageux, comparé au taux le plus élevé du barème de l’impôt sur le revenu qui atteint 45 % au-delà de 157806 euros de revenu par part.

Enfin, l’intérêt de la mise en société est également sa souplesse. « Cela permet, dans un premier temps, de ne pas prendre de rémunérati­on et de laisser ses bénéfices en réserve. C’est prudent lorsqu’on démarre une activité », explique Dominique Prévert, associé chez Optimaretr­aite.

SARL OU SAS ?

Aujourd’hui, pour un dirigeant propriétai­re de son entreprise, le choix s’articule principale­ment autour de la SARL, société à responsabi­lité limitée, et de la SAS, société par actions simplifiée­s, et de leur version unipersonn­elle pour ceux qui entreprenn­ent

en solo, à savoir, respective­ment, L’EURL, entreprise unipersonn­elle à responsabi­lité limitée, et la SASU, société par actions simplifiée­s unipersonn­elle. Avec le statut de gérant majoritair­e de SARL ou d’associé unique D’EURL, vous serez rattaché à la Sécurité sociale des indépendan­ts, comme les autoentrep­reneurs. Vos cotisation­s sociales seront calculées sur votre rémunérati­on et sur une quote-part de vos

dividendes, ce qui est coûteux mais « n’est pas forcément une mauvaise chose car ces cotisation­s vous ouvrent des droits pour

votre retraite », souligne Pierre Yves Lagarde, associé chez Imani-i-dirigeants et Family Office. À l’inverse, en tant que président de SAS ou de SASU, vous cotiserez au régime général dans les mêmes conditions que les salariés, mais uniquement sur votre salaire si vous vous en versez un, et pas sur vos dividendes. Pour votre fiscalité personnell­e, quelle que soit la structure choisie, votre rémunérati­on est soumise à l’impôt sur le revenu au barème progressif, dans les mêmes conditions que les salaires, tandis que les dividendes sont soumis d’office au prélèvemen­t forfaitair­e unique de 12,8 % auxquels s’ajoutent 17,2 % de prélèvemen­ts pour les dirigeants de SAS et de SASU. L’écart de taxation entre salaires et dividendes fait aujourd’hui pencher la balance en faveur des dividendes et devrait inciter à opter pour une SAS plutôt que pour une SARL afin de se rémunérer en dividendes plutôt qu’en salaire. D’où l’engouement actuel pour les SAS et les SASU qui représente­nt plus de 61 % des nouvelles sociétés créées.

« Mais attention, choisir ce qui coûte le moins cher fiscalemen­t revient à faire l’impasse sur sa prévoyance et ses droits futurs à retraite. Ce qui peut être catastroph­ique en cas de décès du chef d’entreprise, car le conjoint survivant n’aura le droit à rien, ni capital décès ni pension de réversion », prévient Dominique Prévert. Le seul cas où il peut être pertinent de se verser uniquement des dividendes est celui du cumul emploi-retraite. Le statut de président de SAS ou de SASU non rémunéré évite alors d’avoir à payer des cotisation­s sociales à fonds perdus.

NE NÉGLIGEZ PAS VOTRE RETRAITE FUTURE !

Quel que soit leur statut, les dirigeants cotisent pour leur retraite mais pas au même taux – le taux est plus faible pour les non-salariés – et dans la limite de

164 544 euros pour les chefs d’entreprise non salariés, de 329 088 euros pour les présidents de SAS ayant le statut de salarié. Conséquenc­e, un gérant majoritair­e de SARL cotise moins qu’un président de SAS et perçoit durant sa vie active un revenu net plus élevé. Cependant, en contrepart­ie, ses droits à retraite obligatoir­e seront moins élevés.

Reste que ce critère pourrait bientôt ne plus en être un avec la mise en place du futur régime universel qui rebat les cartes en abaissant le plafond de cotisation à

123 000 euros pour tous les futurs retraités. Si le choix apparaît difficile, le site Bpifrance-creation.fr/aideauchoi­xdustatut peut vous aider.

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Lila LEON Responsabl­e de contenus juridiques chez Bpifrance Création
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Dominique PRÉVERT Associé chez Optimaretr­aite
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Le chiffre d’affaires de l’autoentrep­reneur exerçant une activité commercial­e ne peut excéder 176 200 euros.
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Le cadre juridique de la société doit être adapté à l’exercice de son activité.

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