AVOIR DES PROJETS
Opération ramassage de déchets
À LA CAMPAGNE
En milieu rural, il est fréquent de découvrir en se promenant des dépôts de gravats, de pneus, de matériels usagés ou des détritus abandonnés par des entreprises, des particuliers, des exploitants agricoles ou des industriels. La pollution omniprésente de la nature par les plastiques est également une source majeure de contamination des cours d’eau. Selon une étude de la fondation Tara Océan et du CNRS, 100 % des prélèvements d’eau effectués dans neuf fleuves européens contiennent des microplastiques. Produits de la décomposition de plastiques laissés dans la nature, ils sont responsables de l’accumulation de produits toxiques dans la chaîne alimentaire.
Pour sensibiliser à ce problème, diverses associations montent des opérations de collecte, notamment aux abords des fleuves et des rivières, comme la Fondation pour la protection des habitats de la faune sauvage avec ses journées « Fleuves et rivières propres » (Fleuves-rivieres-propres.fr) menées dans toute la France, dès le retour des beaux jours. De son côté, l’association OSE, Organe de sauvetage écologique (Oseonline.fr), organise des opérations de nettoyage des berges de cours d’eau, des milieux aquatiques et des espaces boisés, avec dix chantiers de nettoyage par an en Île-de-france, en Auvergne et en Paca.
Pour aider les nettoyeurs, l’application Clean2gether a été lancée, l’été dernier, sur Android et IOS. Elle permet de signaler la présence de décharges sauvages et de faciliter les opérations de ramassage en réunissant citoyens, associations et collectivités publiques.
À LA MONTAGNE
Chaque année en France, près de 130 tonnes de déchets sont jetées en montagne, selon Mountain Riders (Mountain-riders.org). 64 % sont d’origine sportive (jalons de piste, câbles) et 36 % d’origine touristique (mégots, canettes, emballages plastiques). 40 % de ces déchets sont recyclables, rappelle l’association qui, depuis 2006, monte des programmes de ramassage, entre mai et septembre, dans chaque massif montagneux français, des
Au début, on rencontrait beaucoup de décharges sauvages
Pyrénées au Jura, du Massif central aux Alpes et dans les Vosges. « Nous mobilisons un maximum d’acteurs, comme les stations de ski, les offices de tourisme, les associations locales… pour rendre ces opérations de plus en plus éducatives et ludiques, précise Camille Rey-gorrez, la présidente de
Mountain Riders. Notre souhait est d’aller plus loin que la sensibilisation à la question des déchets et d’amener des publics éloignés des préoccupations environnementales à une prise de conscience. » Animations sur les recyclages, défis sportifs, courses d’orientation, projets avec les établissements scolaires sont ainsi concoctés par cette association avec le souci de proposer différents niveaux d’accessibilité, afin que chacun puisse y participer, y compris les enfants. Même si des précautions élémentaires s’imposent. « Des gants épais sont indispensables. Et si vous découvrez des déchets toxiques, dangereux, lourds ou enterrés, ne les enlevez pas vous-même, conseille la responsable de Mountain Riders.
Florence DUCROQUETZ, 38 ans, présidente de l’association Champ d’actions, à Blagnac (31)
En 2016, lors d’une promenade avec des amis sur les berges de la Garonne, nous avons été frappés par le nombre de déchets qui s’y trouvaient. Nous avons alors créé Champ d’actions. L’association compte aujourd’hui 750 bénévoles et organise des opérations de ramassage tous les dimanches. Il n’existe pas mille façons d’être actif en matière environnementale. La collecte des déchets est accessible à tous et permet de modifier les comportements par la sensibilisation. Au cours de nos premières actions, nous rencontrions beaucoup de décharges sauvages le long des berges. Aaujourd’hui, elles tendent à disparaître. Mais nous ramassons encore beaucoup de pneus, des déchets issus du bâtiment, des produits industriels… et quantité de mégots et de plastiques qui se retrouvent dans la Garonne, alors que les rivières représentent 97 % de notre eau potable !
Les endroits épargnés n’existent pas Sonia LANDOIS, 35 ans, fondatrice de l’association Les Marcheurs Cueilleurs du Loiret (45)
Localisez bien le lieu pour prévenir les autorités locales responsables. Si vous souhaitez vous lancer dans l’organisation d’une collecte, pensez à prévenir la mairie du site qui pourra vous aider pour la logistique. Enfin, communiquez votre opération dans la presse locale, les réseaux sociaux, auprès des autres associations et de la plateforme nationale de bénévolat nature, Jagispourlanature.org. »
EN BORD DE MER
Les déchets trouvés dans les océans proviennent à 80 % de la terre ferme. Mégots, sacs plastiques, canettes et piles mettent entre deux semaines et plus de cinq cents ans pour se dégrader au fond de l’eau, et ils se retrouvent bien souvent ingérés par les animaux marins. Selon la fondation Surfrider
Europe, ils seraient ainsi 1,5 million à en mourir chaque année. Depuis trente ans, cette ONG lutte contre ce fléau en fédérant les initiatives d’associations locales recensées sur son site internet Initiativesoceanes.org. Sur le littoral méditerranéen, l’association Merterre (Mer-terre.org) coordonne également les actions de ramassage sur les plages de la région de Marseille, ainsi que le grand défi annuel « Calanques propres », organisé cette année le 30 mai. Sur la côte Atlantique, le site participatif Ocean Plastic Tracker (Oceanplastictracker.com) recense les détritus en plastique le plus fréquemment trouvés, afin d’identifier leurs sources (containers échoués, etc.). Ce projet, lancé en 2017, a pour but de mieux comprendre la pollution marine et de sensibiliser les différents acteurs.
Jeter ses déchets par la fenêtre de sa voiture est encore une habitude trop répandue. C’est en constatant l’état des bords des routes, lors d’une promenade familiale, que l’idée a germé : créer une association locale afin de mobiliser le plus de monde possible sur ce problème. Avec mon mari, nous avons participé à une mission organisée par l’association Les Marcheurs Cueilleurs dans les Yvelines, et son président nous a proposé d’ouvrir une section dans le Loiret. Opérationnelle depuis septembre dernier, elle a déjà reçu le soutien de 300 personnes ! Nous organisons des opérations une fois par mois au minimum. La dernière nous a amenés sur le parking d’un ancien supermarché, en plein centre-ville d’orléans, où nous avons ramassé des bouteilles de verre par centaines, du plastique, des pièces automobiles, des vêtements, des gravats, des canettes, des seringues et j’en passe ! Nous avons noué des partenariats avec des associations solidaires comme K Net Partage et Bouchons ça roule 45 : en échange des canettes et des bouchons récupérés et recyclés, elles réalisent les rêves d’enfants malades ou les projets de familles touchées par le handicap.
Certaines personnes font 70 kilomètres pour participer à nos collectes
EN VILLE
Emballages individuels, mégots, films et sacs plastiques, sacs d’ordures ménagères constituent l’essentiel des détritus abandonnés en milieu urbain, selon l’ademe. Pour lutter contre ce phénomène, de plus en plus de villes (Roubaix, Quimper, Le Mans...) mettent en place des « festivals zéro déchet ». À Lyon, ce festival (Fl0d.org) aura lieu les 16 et 17 mai, pour la deuxième année consécutive, et réunira associations, clubs sportifs, entreprises et habitants pour des opérations programmées dans toute la métropole lyonnaise. Dans les Yvelines, l’association Les Marcheurs Cueilleurs (Les-marcheurs-cueilleurs.com), créée en
2018 et parrainée par Yann Arthus-bertrand, compte une trentaine de clubs de volontaires dans toute la France. Leur objectif : se retrouver les week-ends pour nettoyer les centres-villes, mais aussi les cours d’eau et les bords de route. À Marseille, une initiative citoyenne, Un déchet par jour (1dechetparjour.com), a lancé l’idée que chacun ramasse au moins un déchet par jour et transmette son geste sur les réseaux sociaux en invitant tout un chacun à faire de même.
Jean-françois GRANDSART, 55 ans, de l’association Hirondelle à Pornic (44)
Ramasser les déchets sur les plages a toujours été un geste naturel pour moi. Il y a deux ans, j’ai eu envie de rejoindre l’association Hirondelle qui propose diverses actions pour répertorier les espèces animales, les protéger, jardiner sans pesticides ou collecter des déchets. Chaque mois, un ramassage est organisé, toujours dans la bonne humeur ! À la fin de chaque opération, les déchets sont classés, quantifiés, et nous envoyons les informations à L’ONG Surfrider à laquelle nous sommes associés. La nature des déchets varie beaucoup selon les lieux : produits de l’ostréiculture et de la conchyliculture dans le fond de la baie de Bourgneuf, mégots, canettes et bouteilles sur les plages touristiques, et il nous arrive aussi de tomber sur des marchandises de containers perdus par des bateaux. Mais une fois qu’ils ont séjourné dans l’eau, les déchets ne sont plus recyclables. C’est pour cette raison que nous faisons un maximum de sensibilisation, avec les établissements scolaires, les entreprises, pour éviter que nos détritus se retrouvent un jour à la mer.