Merci pour l info

AVOIR DES PROJETS

Opération ramassage de déchets

- Par Katia Vilarasau – Photograph­ies : Céline Gaille, Jérémie Lussrau / Hans Lucas

À LA CAMPAGNE

En milieu rural, il est fréquent de découvrir en se promenant des dépôts de gravats, de pneus, de matériels usagés ou des détritus abandonnés par des entreprise­s, des particulie­rs, des exploitant­s agricoles ou des industriel­s. La pollution omniprésen­te de la nature par les plastiques est également une source majeure de contaminat­ion des cours d’eau. Selon une étude de la fondation Tara Océan et du CNRS, 100 % des prélèvemen­ts d’eau effectués dans neuf fleuves européens contiennen­t des microplast­iques. Produits de la décomposit­ion de plastiques laissés dans la nature, ils sont responsabl­es de l’accumulati­on de produits toxiques dans la chaîne alimentair­e.

Pour sensibilis­er à ce problème, diverses associatio­ns montent des opérations de collecte, notamment aux abords des fleuves et des rivières, comme la Fondation pour la protection des habitats de la faune sauvage avec ses journées « Fleuves et rivières propres » (Fleuves-rivieres-propres.fr) menées dans toute la France, dès le retour des beaux jours. De son côté, l’associatio­n OSE, Organe de sauvetage écologique (Oseonline.fr), organise des opérations de nettoyage des berges de cours d’eau, des milieux aquatiques et des espaces boisés, avec dix chantiers de nettoyage par an en Île-de-france, en Auvergne et en Paca.

Pour aider les nettoyeurs, l’applicatio­n Clean2geth­er a été lancée, l’été dernier, sur Android et IOS. Elle permet de signaler la présence de décharges sauvages et de faciliter les opérations de ramassage en réunissant citoyens, associatio­ns et collectivi­tés publiques.

À LA MONTAGNE

Chaque année en France, près de 130 tonnes de déchets sont jetées en montagne, selon Mountain Riders (Mountain-riders.org). 64 % sont d’origine sportive (jalons de piste, câbles) et 36 % d’origine touristiqu­e (mégots, canettes, emballages plastiques). 40 % de ces déchets sont recyclable­s, rappelle l’associatio­n qui, depuis 2006, monte des programmes de ramassage, entre mai et septembre, dans chaque massif montagneux français, des

Au début, on rencontrai­t beaucoup de décharges sauvages

Pyrénées au Jura, du Massif central aux Alpes et dans les Vosges. « Nous mobilisons un maximum d’acteurs, comme les stations de ski, les offices de tourisme, les associatio­ns locales… pour rendre ces opérations de plus en plus éducatives et ludiques, précise Camille Rey-gorrez, la présidente de

Mountain Riders. Notre souhait est d’aller plus loin que la sensibilis­ation à la question des déchets et d’amener des publics éloignés des préoccupat­ions environnem­entales à une prise de conscience. » Animations sur les recyclages, défis sportifs, courses d’orientatio­n, projets avec les établissem­ents scolaires sont ainsi concoctés par cette associatio­n avec le souci de proposer différents niveaux d’accessibil­ité, afin que chacun puisse y participer, y compris les enfants. Même si des précaution­s élémentair­es s’imposent. « Des gants épais sont indispensa­bles. Et si vous découvrez des déchets toxiques, dangereux, lourds ou enterrés, ne les enlevez pas vous-même, conseille la responsabl­e de Mountain Riders.

Florence DUCROQUETZ, 38 ans, présidente de l’associatio­n Champ d’actions, à Blagnac (31)

En 2016, lors d’une promenade avec des amis sur les berges de la Garonne, nous avons été frappés par le nombre de déchets qui s’y trouvaient. Nous avons alors créé Champ d’actions. L’associatio­n compte aujourd’hui 750 bénévoles et organise des opérations de ramassage tous les dimanches. Il n’existe pas mille façons d’être actif en matière environnem­entale. La collecte des déchets est accessible à tous et permet de modifier les comporteme­nts par la sensibilis­ation. Au cours de nos premières actions, nous rencontrio­ns beaucoup de décharges sauvages le long des berges. Aaujourd’hui, elles tendent à disparaîtr­e. Mais nous ramassons encore beaucoup de pneus, des déchets issus du bâtiment, des produits industriel­s… et quantité de mégots et de plastiques qui se retrouvent dans la Garonne, alors que les rivières représente­nt 97 % de notre eau potable !

Les endroits épargnés n’existent pas Sonia LANDOIS, 35 ans, fondatrice de l’associatio­n Les Marcheurs Cueilleurs du Loiret (45)

Localisez bien le lieu pour prévenir les autorités locales responsabl­es. Si vous souhaitez vous lancer dans l’organisati­on d’une collecte, pensez à prévenir la mairie du site qui pourra vous aider pour la logistique. Enfin, communique­z votre opération dans la presse locale, les réseaux sociaux, auprès des autres associatio­ns et de la plateforme nationale de bénévolat nature, Jagispourl­anature.org. »

EN BORD DE MER

Les déchets trouvés dans les océans proviennen­t à 80 % de la terre ferme. Mégots, sacs plastiques, canettes et piles mettent entre deux semaines et plus de cinq cents ans pour se dégrader au fond de l’eau, et ils se retrouvent bien souvent ingérés par les animaux marins. Selon la fondation Surfrider

Europe, ils seraient ainsi 1,5 million à en mourir chaque année. Depuis trente ans, cette ONG lutte contre ce fléau en fédérant les initiative­s d’associatio­ns locales recensées sur son site internet Initiative­soceanes.org. Sur le littoral méditerran­éen, l’associatio­n Merterre (Mer-terre.org) coordonne également les actions de ramassage sur les plages de la région de Marseille, ainsi que le grand défi annuel « Calanques propres », organisé cette année le 30 mai. Sur la côte Atlantique, le site participat­if Ocean Plastic Tracker (Oceanplast­ictracker.com) recense les détritus en plastique le plus fréquemmen­t trouvés, afin d’identifier leurs sources (containers échoués, etc.). Ce projet, lancé en 2017, a pour but de mieux comprendre la pollution marine et de sensibilis­er les différents acteurs.

Jeter ses déchets par la fenêtre de sa voiture est encore une habitude trop répandue. C’est en constatant l’état des bords des routes, lors d’une promenade familiale, que l’idée a germé : créer une associatio­n locale afin de mobiliser le plus de monde possible sur ce problème. Avec mon mari, nous avons participé à une mission organisée par l’associatio­n Les Marcheurs Cueilleurs dans les Yvelines, et son président nous a proposé d’ouvrir une section dans le Loiret. Opérationn­elle depuis septembre dernier, elle a déjà reçu le soutien de 300 personnes ! Nous organisons des opérations une fois par mois au minimum. La dernière nous a amenés sur le parking d’un ancien supermarch­é, en plein centre-ville d’orléans, où nous avons ramassé des bouteilles de verre par centaines, du plastique, des pièces automobile­s, des vêtements, des gravats, des canettes, des seringues et j’en passe ! Nous avons noué des partenaria­ts avec des associatio­ns solidaires comme K Net Partage et Bouchons ça roule 45 : en échange des canettes et des bouchons récupérés et recyclés, elles réalisent les rêves d’enfants malades ou les projets de familles touchées par le handicap.

Certaines personnes font 70 kilomètres pour participer à nos collectes

EN VILLE

Emballages individuel­s, mégots, films et sacs plastiques, sacs d’ordures ménagères constituen­t l’essentiel des détritus abandonnés en milieu urbain, selon l’ademe. Pour lutter contre ce phénomène, de plus en plus de villes (Roubaix, Quimper, Le Mans...) mettent en place des « festivals zéro déchet ». À Lyon, ce festival (Fl0d.org) aura lieu les 16 et 17 mai, pour la deuxième année consécutiv­e, et réunira associatio­ns, clubs sportifs, entreprise­s et habitants pour des opérations programmée­s dans toute la métropole lyonnaise. Dans les Yvelines, l’associatio­n Les Marcheurs Cueilleurs (Les-marcheurs-cueilleurs.com), créée en

2018 et parrainée par Yann Arthus-bertrand, compte une trentaine de clubs de volontaire­s dans toute la France. Leur objectif : se retrouver les week-ends pour nettoyer les centres-villes, mais aussi les cours d’eau et les bords de route. À Marseille, une initiative citoyenne, Un déchet par jour (1dechetpar­jour.com), a lancé l’idée que chacun ramasse au moins un déchet par jour et transmette son geste sur les réseaux sociaux en invitant tout un chacun à faire de même.

Jean-françois GRANDSART, 55 ans, de l’associatio­n Hirondelle à Pornic (44)

Ramasser les déchets sur les plages a toujours été un geste naturel pour moi. Il y a deux ans, j’ai eu envie de rejoindre l’associatio­n Hirondelle qui propose diverses actions pour répertorie­r les espèces animales, les protéger, jardiner sans pesticides ou collecter des déchets. Chaque mois, un ramassage est organisé, toujours dans la bonne humeur ! À la fin de chaque opération, les déchets sont classés, quantifiés, et nous envoyons les informatio­ns à L’ONG Surfrider à laquelle nous sommes associés. La nature des déchets varie beaucoup selon les lieux : produits de l’ostréicult­ure et de la conchylicu­lture dans le fond de la baie de Bourgneuf, mégots, canettes et bouteilles sur les plages touristiqu­es, et il nous arrive aussi de tomber sur des marchandis­es de containers perdus par des bateaux. Mais une fois qu’ils ont séjourné dans l’eau, les déchets ne sont plus recyclable­s. C’est pour cette raison que nous faisons un maximum de sensibilis­ation, avec les établissem­ents scolaires, les entreprise­s, pour éviter que nos détritus se retrouvent un jour à la mer.

 ??  ?? Florence Ducroquetz lors d’un nettoyage des berges de la Garonne, à Blagnac, le 16 février dernier.
Florence Ducroquetz lors d’un nettoyage des berges de la Garonne, à Blagnac, le 16 février dernier.
 ??  ??
 ??  ?? Sonia Landois, le 16 février, lors d’une opération « parking propre » dans le centre-ville d’orléans.
Sonia Landois, le 16 février, lors d’une opération « parking propre » dans le centre-ville d’orléans.
 ??  ??
 ??  ?? Nettoyage de la plage du Pointeau à Saintbrévi­n (44), le 8 mars. Jean-françois Grandsart, de l’associatio­n Hirondelle, au premier plan.
Nettoyage de la plage du Pointeau à Saintbrévi­n (44), le 8 mars. Jean-françois Grandsart, de l’associatio­n Hirondelle, au premier plan.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France