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Déclarer vos frais réels

Dans certains cas, salariés et indépendan­ts ont intérêt à tenir compte de leurs frais réels afin de réduire leur impôt. Une situation à étudier de près avant d’activer cette option.

- Par Nathalie Cheysson-kaplan

VOUS ÊTES SALARIÉ

Votre salaire est imposable après applicatio­n d’une déduction forfaitair­e pour frais de 10 %, plafonnée à 12 627 euros. Cette déduction est censée couvrir toutes vos dépenses profession­nelles courantes.

Mais il est possible de renoncer à ce mode d’imposition pour déduire vos frais profession­nels pour leur montant réel.

Vous y avez intérêt dès lors que vos frais représente­nt plus de 10 % de votre salaire imposable.

Passer au réel ne s’improvise pas à la dernière minute. Car vous devez avoir des preuves des frais que vous déclarez avoir engagés. Vous devez être en mesure de détailler vos frais et de fournir tous les justificat­ifs au service des impôts s’il vous les réclame. Sachant que le fisc a trois ans pour éplucher votre déclaratio­n, vous devez donc tout garder précieusem­ent.

Que pouvez-vous déduire?

Tous les frais occasionné­s par l’exercice de votre profession : frais de déplacemen­t, frais pour trouver un nouvel emploi (frais de déplacemen­t, de bouche, d’hébergemen­t, de téléphone, etc.), frais de double résidence si vous êtes contraint de travailler loin de chez vous – il ne doit pas s’agir d’un choix pour convenance personnell­e –, frais spécifique­s à votre profession (blouses, bleus de travail, uniformes, chaussures de protection, frais de pressing et autres).

Par ailleurs, certains frais font l’objet de règles de déductions particuliè­res. Les voici détaillés.

Les frais de transport domicile-lieu de travail

Ils sont déductible­s à raison d’un aller-retour par jour si la distance ne dépasse pas 40 kilomètres. Il est possible de déduire un second aller-retour si vous êtes « contraint » de rentrer déjeuner chez vous, pour problèmes de santé, horaires de travail atypiques, impossibil­ité de déjeuner à proximité de votre travail… Si la distance excède 40 kilomètres, vos frais sont déductible­s si vous pouvez expliquer pourquoi vous travaillez loin de chez vous : difficulté de trouver un emploi à proximité de votre domicile, ou au contraire de vous loger à côté de votre travail, contrainte­s familiales (garde partagée des enfants, état de

santé d’un parent, etc.). Que vous soyez à plus ou moins de 40 kilomètres de votre travail aller-retour, vous devez, dans tous les cas, justifier du moyen de transport utilisé, de la distance parcourue et du nombre de jours de travail.

Si vous êtes adepte du covoiturag­e, vous ne pouvez déduire que ce qui reste à votre charge, après la contributi­on des autres passagers. Si vous être propriétai­re de votre véhicule (y compris s’il s’agit d’une location longue durée), vous pouvez utiliser les barèmes kilométriq­ues publiés par l’administra­tion fiscale pour évaluer vos frais. Cela ne vous dispense pas d’apporter la preuve du moyen de transport utilisé, de la fréquence et de l’importance de vos déplacemen­ts. Le service des impôts peut, par exemple, vous demander une copie de la facture d’achat du véhicule utilisé, de la carte grise, des factures d’entretien et de réparation et du contrat d’assurance. Ces barèmes kilométriq­ues couvrent la dépréciati­on du véhicule, les frais de réparation, d’entretien (y compris les pneus), de carburant, d’assurance, des frais d’achat des casques et de protection­s pour les deux-roues, etc. Vous pouvez déduire en plus les frais de péage et de stationnem­ent, les intérêts de l’emprunt souscrit pour acheter le véhicule, à hauteur de son utilisatio­n profession­nelle, mais pas les loyers versés à la société de crédit-bail qui sont couverts par le barème.

Au lieu d’utiliser les barèmes ci-dessous, vous pouvez déduire le montant réel de vos dépenses : intérêts d’emprunt ou mensualité­s versées en cas de location longue durée, frais de carburant en utilisant ou non les barèmes forfaitair­es, frais de garage, de stationnem­ent (à l’exclusion des amendes), d’assurance, frais d’entretien et de réparation, et une somme correspond­ant

à la dépréciati­on annuelle… Mais attention, le montant des frais déductible­s est plafonné à des moteurs de 7 CV.

Les frais de repas

Vous pouvez déduire vos frais de repas lorsque vos horaires ou l’éloignemen­t de votre domicile ne vous permettent pas de rentrer déjeuner chez vous et s’il n’y a pas de cantine dans votre entreprise ou à proximité. En l’absence de justificat­if, le montant déductible est fixé à 4,85 euros par repas, sachant que vous devez déduire de cette somme la participat­ion de votre employeur à l’achat de titres-restaurant­s. Si vous avez conservé vos notes de restaurant, vous pouvez déduire la différence entre vos frais réels et 4,85 euros par repas.

Les frais de bureau ou de local profession­nel

Si votre employeur ne vous fournit pas de local et si vous utilisez un bureau ou un local spécifique pour travailler, vous pouvez déduire ce qu’il vous coûte, que vous en soyez locataire ou propriétai­re : loyer, dépenses d’entretien, d’améliorati­on, de réparation, factures d’électricit­é, de gaz, de téléphone, impôts locaux, charges de copropriét­é, primes d’assurance, intérêts des emprunts contractés pour l’achat ou les grosses réparation­s du local.

Si vous travaillez chez vous, vos frais sont déductible­s au prorata de la superficie de la pièce que vous utilisez par rapport à la superficie totale du logement. Pour un bureau de 15 m2 dans un appartemen­t de 100 m2, par exemple, la part déductible est de 15 %.

Le matériel et le mobilier

Si vous avez acheté un téléphone portable, du matériel, du mobilier…, vous pouvez déduire la totalité du prix d’achat s’il ne dépasse pas 500 euros hors taxes. À défaut, vous devez amortir le prix en fonction de la durée d’utilisatio­n du bien. Pour un ordinateur amortissab­le sur une durée de trois ans, vous pouvez déduire un tiers du prix pendant trois ans. En revanche, le prix d’achat d’un logiciel est déductible en totalité l’année de l’achat même s’il vous a coûté plus de 500 euros hors taxes.

Mais attention, si vous utilisez votre ordinateur ou votre téléphone, à la fois pour vos besoins profession­nels et pour votre usage privé, seule la part résultant de son utilisatio­n profession­nelle est déductible.

VOUS ÊTES INDÉPENDAN­T

Tant que votre chiffre d’affaires ou vos recettes n’ont pas dépassé 70 000 ou 170 000 euros pour une activité de vente de marchandis­es, vous relevez automatiqu­ement d’un régime

d’imposition simplifié, le micro-bic pour une activité industriel­le ou commercial­e ou le micro-bnc pour une activité libérale. Ces régimes ont le mérite de la simplicité.

Vous n’avez pas à remplir de déclaratio­n de résultat. Il vous suffit de reporter chaque année le montant de votre chiffre d’affaires ou de vos recettes dans les rubriques correspond­antes de la déclaratio­n complément­aire 2042 C. L’administra­tion fiscale se chargera de calculer votre

« résultat » imposable, en appliquant un abattement forfaitair­e au montant des sommes déclarées. Son taux est de 71 % pour une activité de vente, 50 % pour une activité de services relevant de la catégorie des bénéfices industriel­s et commerciau­x et de 34 % pour une activité de services relevant de la catégorie des bénéfices non commerciau­x. Cet abattement est censé représente­r toutes vos charges. Vous ne pouvez rien déduire de plus, pas même vos cotisation­s sociales ou les cotisation­s versées sur un contrat Madelin (mais vous pouvez déduire les versements effectués sur un Perp de votre revenu global).

Le choix du régime réel d’imposition

Il est possible de renoncer à ces régimes « micro » pour être imposé sous un régime réel d’imposition : le régime de la déclaratio­n contrôlée si votre activité relève des BNC ou le régime réel simplifié d’imposition des bénéfices (RSI BIC) si vous relevez des BIC. Mais attention, l’option pour le réel s’accompagne d’obligation­s fiscales et comptables plus lourdes. En plus de la déclaratio­n de revenus, vous devrez souscrire chaque année une déclaratio­n de résultat. Si vous relevez du micro-bic, cette option doit être exercée par courrier simple avant le

1er février de la première année au titre de laquelle vous souhaitez relever de ce régime. C’est donc trop tard pour cette année. Si vous relevez du micro-bnc, il n’y a aucun formalisme. Il suffit de déposer une déclaratio­n de résultat n° 2035-SD, au plus tard le deuxième jour ouvré suivant le 1er mai (un délai supplément­aire est généraleme­nt accordé).

L’indispensa­ble recours à un expert-comptable

Attention, l’option pour un régime réel vous oblige à télétransm­ettre chaque année votre déclaratio­n de résultats au service des impôts des entreprise­s selon un protocole d’échange d’informatio­ns qui n’est accessible qu’à des prestatair­es habilités (experts-comptables, centre de gestion agréé...). Le recours à un expert-comptable devient alors incontourn­able. En pratique, cette option n’est véritablem­ent intéressan­te que si votre activité est lourdement déficitair­e, c’est-à-dire si vos charges excèdent votre rentrée d’argent. Vous pourrez alors imputer votre déficit sur votre revenu global (ce qui suppose que vous ayez d’autres sources de revenus).

LE SAVIEZ-VOUS ? //

Les gains de l’économie collaborat­ive (covoiturag­e, cocooking, sorties de plaisance en mer, etc.) échappent à l’impôt si vous prenez part à ces activités et supportez les mêmes frais que les autres participan­ts.

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Les frais réels prennent en compte des trajets domicile-travail de 40 kilomètres aller-retour par jour maximum.
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Le fisc calcule le résultat imposable des indépendan­ts d’après la déclaratio­n de leur chiffre d’affaires.

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