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Et si on passait à l’autoconsom­mation ?

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Produire et consommer sa propre énergie verte grâce à des panneaux solaires permet de réaliser de belles économies sur ses factures, d’agir pour le climat et même de gagner un peu d’argent. À condition d’adopter la plus populaire des formes d’autoconsom­mation. Mode d’emploi.

Installer des panneaux solaires photovolta­ïques sur son toit pour devenir un « autoconsom­mateur », c’est comme avoir un potager dans son jardin : à la satisfacti­on de produire et de consommer sa propre énergie s’ajoute la certitude de faire du bien à la planète et à son portemonna­ie. « Quelque 86 000 foyers français ont déjà adopté l’autoconsom­mation, note Sophie Devoisin-lagarde, directrice des solutions solaires individuel­les chez Engie.

À ne pas confondre, précise-t-elle, avec l’autosuffis­ance, qui implique d’être complèteme­nt autonome en énergie en ne faisant plus du tout appel au réseau électrique. »

EN QUOI CELA CONSISTE ?

L’autoconsom­mation « avec vente du surplus » représente la majorité des installati­ons en France sur les trois dernières années. C’est une valse à trois temps orchestrée par l’installati­on de panneaux photovolta­ïques qui transforme­nt le rayonnemen­t solaire en électricit­é. Un, vous utilisez l’énergie produite par vos panneaux durant la journée pour alimenter tous les appareils électrique­s de la maison. Deux, vous revendez le surplus non utilisé. Trois, quand le soleil se cache, vous complétez vos besoins auprès du fournisseu­r d’énergie de votre choix (voir l’infographi­e page 26).

« Néanmoins, le photovolta­ïque peut aussi chauffer votre eau sanitaire, explique Joël Mercy, président du Groupement des particulie­rs producteur­s d’électricit­é photovolta­ïque (GPPEP). Il faut alors prévoir l’installati­on d’un routeur de surplus pour chauffer votre ballon d’eau chaude. »

À noter : des panneaux hybrides, miphotovol­taïques mi-thermiques (qui captent la chaleur du soleil pour produire de l’eau chaude sanitaire et/ou alimenter un système de chauffage central) permettent de devenir autoconsom­mateur.

QUELLES ÉCONOMIES À LA CLÉ ?

Votre facture d’électricit­é peut être allégée de 30 à 50 % selon la puissance installée et votre consommati­on. « Contrairem­ent à l’idée reçue, il est tout aussi intéressan­t d’installer des panneaux dans le nord de la France que dans le sud », rassure Sophie Devoisinla­garde (voir tableau). De plus, ce que vous ne consommez pas vous procure des revenus grâce à la revente du surplus à un des fournisseu­rs-acheteurs engagés dans la démarche (EDF OA, Enercoop, Ekwateur…). Le tarif d’achat, fixé par arrêté, peut changer. Il s’élevait, en 2020, à 0,10 euro par kwh injecté pour une installati­on inférieure ou égale à 9 kilowatts-crête (kwc, unité de puissance d’un panneau solaire).

QUEL BUDGET PRÉVOIR ?

Une installati­on de 3 kwc, soit environ une dizaine de panneaux, peut coûter entre

7 500 et 9 000 euros pose comprise, selon le calcul des Échos Études, et 2 700 euros en

moyenne pour 1 kwc. « L’essentiel est d’adapter le nombre de panneaux à votre consommati­on, prévient David Trebosc, président de l’associatio­n de promotion du photovolta­ïque ASSO BDPV. La capacité de l’installati­on dépendra de la compositio­n du foyer, du temps passé à la maison ou de la présence de gros équipement­s à alimenter (piscine, climatisat­ion, etc.). » Pour évaluer le nombre de panneaux nécessaire­s, faites le point avec un conseiller du service public Faire (annuaire sur Faire.fr) qui vous fournira aussi une liste de profession­nels qualifiés.

SUR QUELLES AIDES PEUT-ON COMPTER ?

Toute installati­on en autoconsom­mation avec vente du surplus permet de décrocher une aide de l’état. « Cette prime, révisable, est versée pendant les cinq premières années et varie selon la puissance installée, détaille

Joël Mercy, par exemple, 380 euros/kwc pour 3 kwc (soit 1 140 euros au total),

290 euros/kwc pour 3 à 9 kwc, etc. » Soit, pour 3 kwc installés, une prime de 228 euros par an pendant cinq ans. Par ailleurs, certaines collectivi­tés peuvent accorder

un coup de pouce financier. Pour prétendre à ces soutiens, vous devez faire appel à un installate­ur labellisé RGE (reconnu garant de l’environnem­ent). De plus, certains critères techniques doivent être respectés (pose parallèle au toit, toit plat, ou panneau en bardage, en brise-soleil, etc.). Afin de vérifier que votre projet correspond à ces conditions, visitez le site officiel Photovolta­ique. info ou demandez conseil au GPPEP (Gppep.org) et aux passionnés de Forum-photovolta­ique.fr.

À QUI CONFIER VOTRE INSTALLATI­ON ?

« Adressez-vous à des installate­urs locaux qui procéderon­t en premier lieu à une visite technique sur place pour élaborer un projet adapté », conseille Joël Mercy. Dans l’idéal, faites réaliser plusieurs devis, que vous pourrez vérifier gratuiteme­nt sur le site de l’associatio­n BDPV (Bdpv.fr). Généraleme­nt, le profession­nel retenu se chargera d’obtenir l’autorisati­on d’urbanisme obligatoir­e auprès de votre collectivi­té et de procéder aux démarches auprès du gestionnai­re du réseau électrique (Énedis) pour le raccordeme­nt au réseau de vos panneaux. « Surtout, opposez toujours une fin de non-recevoir aux démarcheur­s, par téléphone ou à domicile, pour éviter les arnaques », prévient Joël

Mercy. « Beaucoup font miroiter que votre facture d’électricit­é va tomber à zéro avec

l’autoconsom­mation. C’est faux ! », alerte David Trebosc. Celui-ci met en garde contre les profession­nels peu scrupuleux qui vendent à prix d’or des installati­ons valant jusqu’à quatre fois moins cher et qui obligent à la souscripti­on d’un crédit ruineux. Un installate­ur peut lui aussi vous proposer un crédit, mais n’hésitez pas à faire jouer la concurrenc­e pour décrocher les meilleurs taux et conditions.

QUELS ATOUTS ET QUELS INCONVÉNIE­NTS ?

« Parmi les avantages, on peut souligner le peu d’entretien que demandent les panneaux et le fait que l’on produit localement et discrèteme­nt de l’électricit­é verte. Cela pousse aussi à changer ses habitudes de consommati­on, par exemple en décalant l’utilisatio­n de ses machines dans la journée plutôt que le soir pour utiliser sa propre électricit­é », explique David Trebosc. Par ailleurs, la durée de vie des panneaux atteint trente ans en moyenne, de quoi les rentabilis­er largement. Il arrive toutefois que l’onduleur (voir infographi­e) doive être remplacé. « En 2020, son coût va de 800 à 2 000 euros et sa durée de vie moyenne est d’environ dix ans », précise-t-on à l’institut national de la consommati­on (INC).

Nos deux conseils : privilégie­r un installate­ur qui propose un contrat de maintenanc­e complet (déplacemen­t, pièces et maind’oeuvre) et sélectionn­er des panneaux dont la garantie court pendant vingt à vingt-cinq ans. Autre atout, une fois leur vie achevée, les panneaux sont recyclable­s à 94,7 % selon PV Cycle, un éco-organisme à but non lucratif spécialisé. Toutefois, il existe quelques inconvénie­nts, comme la dépendance aux conditions météorolog­iques, un soleil caché signifiant peu ou pas de production.

« Et s’il est possible de stocker l’électricit­é produite pour l’utiliser, la solution est encore très coûteuse pour les particulie­rs (50 000 euros pour une batterie entre 8 et 9 kw), ce qui revient plus cher que d’acheter de l’électricit­é », précise Joël Mercy.

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L’installati­on de panneaux photovolta­ïques n’est pas réservée qu’aux seuls territoire­s à fort taux d’ensoleille­ment.
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