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À la retraite, comment couvrir la baisse de mes revenus ?

AVEC UNE PENSION INFÉRIEURE D’UN TIERS À SON DERNIER SALAIRE, SYLVIE SE DEMANDE S’IL EST PRÉFÉRABLE QU’ELLE LOUE UNE PARTIE DE SA MAISON, LA CÈDE AU PROFIT D’UN LOGEMENT PLUS PETIT OU LA VENDE EN VIAGER.

- Par Roselyne Poznanski

Sylvie, 65 ans, est en retraite depuis six mois. Récemment divorcée, elle n’a pour seule ressource qu’une pension de retraite de 1 600 euros par mois qui, inférieure d’un tiers à son dernier salaire, s’avère un peu juste pour elle au quotidien. Sa maison, dont elle est propriétai­re, représente son unique patrimoine. Pour atteindre une plus grande aisance financière, elle s’interroge sur la meilleure option : vendre sa maison, en viager ou pas, ou la conserver et en louer une partie.

1 ACHETER PLUS PETIT ET TIRER PARTI DE LA DIFFÉRENCE DE PRIX

La maison de Sylvie est située à vingt minutes à pied du centre-ville d’angers, dans une rue calme. Si elle est proposée au prix de

250 000 euros net vendeur, hors commission d’agence, elle trouvera rapidement preneur. La jeune retraitée pourra ainsi à la fois acheter un autre logement, plus petit et moins coûteux en chauffage et taxe foncière, et conserver un capital. Pour 168 000 euros, elle a la possibilit­é d’acquérir un grand deux-pièces avec balcon et parking dans une résidence neuve, livrable fin 2021. Avec les frais de notaire à payer, de l’ordre de 3 % dans ce cas, elle disposera d’un capital de 77000 euros (250000 − 173000).

Pour le valoriser et en tirer des revenus complément­aires, Sylvie est encline à le placer sur un contrat d’assurance-vie multisuppo­rt, qui présente de nombreux atouts. Il permet de sécuriser une partie de l’épargne sur le fonds euros du contrat et de jouer en parallèle la carte de la diversific­ation pour bénéficier d’un meilleur rendement sur le long terme; de faire des rachats à moindre coût fiscal; de transmettr­e le capital à la personne de son choix dans des conditions fiscales particuliè­rement avantageus­es. Si Sylvie choisit un contrat affichant 2 % de frais sur versements, l’épargne nette réellement investie sera de 75460 euros (77000 − 2 %).

Dans le contexte actuel de taux d’intérêt extrêmemen­t bas et donc de faibles taux de rendement des fonds euros, Sylvie peut encore, dans certains établissem­ents, placer 80 % de son épargne dans le fonds euros et investir les 20 % restants dans des supports en unités de compte. Ils présentent un risque de perte en capital mais, sur le long terme, permettent à l’épargne de fructifier véritablem­ent.

Si l’on retient une hypothèse de revalorisa­tion de 1,50 % par an (net des frais de gestion annuels du contrat) pour le fonds euros et de 3 % par an pour les supports en unités de compte (brut des frais de gestion à 0,8 %), et

si l’on suppose que Sylvie décède à l’âge de 90 ans en ayant « consommé » la totalité de son épargne, elle pourra, dès le début 2022, s’appuyer sur un complément de revenus de 263 euros net par mois. À la faveur des revalorisa­tions régulières de son épargne, ce montant grimpera progressiv­ement jusqu’à

341 euros net par mois, impôt et prélèvemen­ts sociaux déduits, soit un complément de revenus moyen de 296 euros net par mois durant vingt-cinq ans.

Pour les rachats, seule la part des intérêts est fiscalisée. Si Sylvie opte pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu (IR) les vingtcinq prochaines années, ce qu’elle a intérêt à faire compte tenu de sa faible tranche marginale d’imposition (11 %) et du montant de son impôt annuel (373 euros pour une part fiscale), elle n’aura quasiment pas d’impôt supplément­aire à payer. Chaque année, son épargne supportera toutefois sur la partie du fonds euros les prélèvemen­ts sociaux (PS) au taux de 17,20 % (pour les supports en unités de compte, les PS ne sont dus qu’au moment des rachats). Au terme du huitième anniversai­re de son contrat, elle pourra en outre bénéficier, tous les ans, sur ses rachats d’un abattement calculé sur la quote-part d’intérêts, fixé à 4 600 euros par an pour une personne seule.

2 VENDRE EN VIAGER AFIN DE BÉNÉFICIER D’UNE RENTE

Plutôt que de mobiliser son énergie dans une double opération d’achat et de vente immobilièr­e, Sylvie se demande s’il ne serait pas préférable de vendre sa maison en viager occupé. Les atouts de cette transactio­n immobilièr­e, notamment pour une personne retraitée aux ressources modestes et qui n’a pas d’enfants, sont en effet loin d’être négligeabl­es. D’abord, Sylvie peut continuer à habiter sa maison jusqu’à son décès, ce qui est particuliè­rement sécurisant. Ensuite, en contrepart­ie du transfert de propriété à un tiers, elle perçoit immédiatem­ent une certaine somme d’argent, ou bouquet, puis, de façon régulière et viagère, une rente. Plus

le bouquet est élevé, plus la rente est moindre et inversemen­t. Ces deux montants sont déterminés par le notaire ou un profession­nel spécialisé, en tenant compte de la valeur du bien, de l’espérance de vie du crédirenti­er, et du type de viager. Lorsqu’il est occupé, et non pas « libre », le droit d’habitation du vendeur se traduit systématiq­uement par un abattement sur la valeur de son bien. Avec un abattement de 20 %, le prix de vente de la maison de Sylvie passe ainsi à 200000 euros (250000 − 20 %). Pour un bouquet fixé à 30 %, soit 60 000 euros (200 000 × 30 %), le solde, soit 140 000 euros, est converti en rente viagère: sur la base d’une espérance de vie de vingt-cinq ans, cette dernière s’élève, dès le départ, à 5 600 euros par an. En outre, elle est soumise à l’impôt sur le revenu (IR) et aux prélèvemen­ts sociaux sur une partie seulement de son montant, en fonction de l’âge du crédirenti­er au jour du premier versement. Entre 60 et 69 ans, cette fraction est de 40 %. Sylvie payera donc, au titre de la rente, 718 euros D’IR et de PS par an. Sa rente viagère s’élèvera alors à 407 euros net par mois

(5 600 − 718 = 4 882 ÷ 12), ce qui excède nettement le complément de revenus de l’hypothèse n° 1. Par ailleurs, rien ne l’empêche de placer les 60000 euros du bouquet dans un contrat d’assurance-vie, ce qui lui permettra soit de transmettr­e à son décès ce capital valorisé à la personne de son choix, soit d’effectuer des rachats peu fiscalisés afin d’accroître plus encore son pouvoir d’achat.

3 LOUER POUR PERCEVOIR UN LOYER

Réflexion faite, Sylvie est réticence à l’idée de céder sa maison. Elle préfère compléter ses revenus en louant une de ses chambres à l’année en meublé à un étudiant ou à un jeune travailleu­r. Sylvie conserve la pleine propriété de sa maison jusqu’à son décès et est libre de la transmettr­e à la personne de son choix. Mais cette option nécessite d’effectuer au préalable quelques investisse­ments (peinture, achat de meubles, etc.) et de se préparer à cohabiter avec quelqu’un.

Le loyer perçu, lui, sera de 300 euros par mois, soit 3 600 euros par an toutes charges comprises. Fiscalemen­t, Sylvie sera considérée comme loueur en meublé non profession­nel. Elle aura intérêt à choisir le régime fiscal du micro-bic (bénéfices industriel­s et commerciau­x), parfaiteme­nt adapté aux locations meublées dont le total des loyers encaissés ne dépasse pas 72 600 euros par an. Ce régime fiscal est simple puisqu’il n’exige pas la tenue d’une comptabili­té spécifique. Enfin, il permet de bénéficier d’un abattement forfaitair­e annuel de 50 % sur le montant des loyers pour couvrir les diverses charges de la location, sans autre déduction possible. Le montant net imposable des loyers passera ainsi de 3 600 à 1 800 euros par an. Ajoutée à ses 19 200 euros annuels de pension de retraite, cette somme portera l’impôt global à 951 euros par an, soit 578 euros de plus qu’actuelleme­nt (951 − 373). Résultat, Sylvie disposera de 3 022 euros net de revenus supplément­aires par an (3 600 − 578), soit

252 euros net par mois.

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Conserver un niveau de vie proche de celui de sa vie active est la préoccupat­ion de Sylvie qui, une fois à la retraite, passe de 2 400 euros à 1 600 euros net par mois.

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