S’aider entre voisins
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L’ENTRAIDE EN UN CLIC : LES PLATEFORMES
Des sites comme Allovoisins, Smiile ou encore Monsupervoisin mettent en relation des particuliers en quête d’un service avec des personnes susceptibles de le leur fournir. Attention, il s’agit ici d’un échange marchand. Créé en 2013, avant l’arrivée de Nextdoor (groupe Facebook) en 2018, Allovoisins fait figure de pionnier. « L’inscription est gratuite et nous prenons une commission de 10 à 15 % sur chaque opération », déclare Édouard Dumortier, cofondateur, ajoutant que le groupe a renoncé par solidarité à cette commission durant le premier confinement de 2020. Fort de ses 3,6 millions de membres, Allovoisins offre une large palette de services de proximité : « Deux tiers de nos offres concernent le bricolage, le jardinage, le soutien scolaire, l’entretien automobile, et un tiers la location de matériel. »
Le réseau social de voisinage Smiile, basé à Saint-malo, fédère quelque 500 000 foyers.
Il a choisi un modèle hybride : « 80 % de nos services sont gratuits – prêt ou don de matériel – et 20 % sont payants, le grand classique étant le prêt de tondeuse à gazon », explique David Rouxel, son fondateur et dirigeant, qui précise que « à l’inscription, nous vérifions l’adresse, afin de nous assurer que le voisin virtuel est bien un voisin réel ».
L’ENTRAIDE SOLIDAIRE : LES ACCORDERIES
La vocation première d’une accorderie est de lutter contre la pauvreté et l’exclusion grâce à l’entraide sur un territoire donné. Aucune somme d’argent ne circule. Chaque service rendu au sein de la communauté donne lieu à des heures stockées sur un compte temps individuel. Né au Québec en 2002, le concept s’est étendu au monde entier. En France, on compte 37 accorderies (Accorderies.fr) de 100 à 900 « accordeurs » aux profils divers (un tiers de retraités, 9 % de « parents solos »…). L’inscription gratuite s’accompagne d’un entretien individuel avec le responsable local : « Il ne s’agit pas de sélectionner, mais d’expliquer le principe. On ne vient pas pour aider, mais pour être acteur d’un autre système que le système marchand », précise Zoé Renault-revoyre, déléguée générale du réseau des Accorderies de France. Chaque accordeur dispose d’un compte temps où sont inscrites les heures données et reçues, selon le principe « une heure de service rendu vaut une heure de service reçu ». Lorsqu’il s’inscrit, quinze heures y sont déposées. « Il ne faut pas s’inquiéter si on reçoit plus qu’on ne donne ; de nombreux accordeurs sont déficitaires depuis des années ! Il faut penser en dehors du cadre bancaire traditionnel », commente Zoé Renaultrevoyre. Selon les savoir-faire des accordeurs, la gamme de services s’étend du bricolage au jardinage, en passant par le transport (surtout en milieu rural), la coiffure, les cours de langues, de couture et autres.
L’ENTRAIDE ENGAGÉE :LE SYSTÈME D’ÉCHANGE LOCAL
Le système d’échange local (SEL) est un collectif de personnes regroupées sous un statut associatif. On recense 525 SEL actifs en France (Annuairedessel.org), chacun comptant de 30 à une centaine de « sélistes ». Dans un SEL, les personnes échangent des services et des savoirs, parfois des objets.
« Chaque SEL a ses règles, précise Xavier Cailly, coresponsable d’un SEL dans la région parisienne. À Montrouge, nous ne faisons pas de troc d’objets, seulement de l’échange de services, comme le petit bricolage, le
dépannage informatique, la garde d’animaux
ou l’arrosage de plantes. » Aucune somme d’argent ne circule, chaque séliste disposant d’un compteur alimenté en « grains ». Par exemple, si une personne aide un autre séliste à refaire ses joints de salle de bains, son compteur est crédité de 60 grains utilisables pour un autre service, sans limitation de durée. Être « dans le rouge » ne pose, là encore, pas de problème, même si les responsables veillent à éviter les abus.