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Vivre en camping-car à l’année

ENVIE DE CASSER LA ROUTINE, DE SE RAPPROCHER DE LA NATURE ? LE RÊVE DE DEVENIR CAMPINGCAR­ISTE TOUTE L’ANNÉE N’EST PLUS ORIGINAL. MAIS IL NÉCESSITE UNE BONNE PRÉPARATIO­N.

- Par Katia Vilarasau

UN MODE DE VIE À TESTER AVANT DE S’ENGAGER

Devenir nomade doit être mûrement réfléchi. Est-ce un projet de vie, une étape ou simplement pour les loisirs ? Votre rêve est de partir seul, à deux, en famille ? Votre parcours sera-t-il planifié ou improvisé ? « Il est conseillé de tester ce mode de vie avant de l’adopter, par exemple en louant un camping-car sur une courte période », commente Audrey Chanier, responsabl­e communicat­ion de Caramaps, une plateforme web et mobile destinée aux voyageurs en campingcar (Caramaps.com). C’est ce qu’a fait une retraitée, Krissa, pendant quelques mois, le temps de déterminer ses besoins et de se

débarrasse­r du superflu, en vue de vivre toute l’année en camping-car.

« Comme je privilégie les destinatio­ns au soleil, je n’ai pas de vêtements d’hiver. Mais j’ai conservé ma machine à coudre, mon crochet et mes deux chiens ! », nous dit-elle (lire son témoignage ci-dessous).

AVOIR ASSEZ D’ARGENT

Tous les camping-caristes ne sont pas à la retraite. Pour celles et ceux qui doivent travailler,

« l’essor des nouvelles technologi­es permet de concilier vie nomade et activité profession­nelle, notamment dans la communicat­ion, le marketing, les réseaux sociaux…, commente Audrey Chanier. Seule une connexion internet est nécessaire ! D’autres optent pour des missions courtes, dans la restaurati­on ou les services, pour renflouer leurs caisses. »

VAN OU CAMPING-CAR, DEUX BUDGETS DIFFÉRENTS

Si vous avez déjà un véhicule, la situation est simple. En revanche, si vous souhaitez en acquérir un, prévoyez 20 000 euros pour un camping-car d’occasion, contre 45 000 euros minimum pour un modèle neuf. « Doté d’un espace de vie plus large que le van, le campingcar offre plus de confort, mais il est moins passe-partout et on ne peut pas le stationner où bon nous semble », explique Audrey Chanier. Les vans et fourgons aménagés sont davantage maniables mais nécessiten­t des équipement­s si on veut y vivre toute l’année. « Un van d’occasion coûte entre 5 000 et 8 000 euros, auxquels il faut ajouter au minimum

5 000 euros de frais d’aménagemen­t », note Luce Hétier qui, en 2017, a troqué son poste de community manager à Boulogne pour une existence de « vanlifer » avec son compagnon, Pierre-françois. « Il faut également compter le coût de l’homologati­on, de 700 euros environ, du fourgon en véhicule automoteur spécialeme­nt aménagé (VASP) en caravane,

ajoute-t-elle. Cette formalité permet de faciliter le contrôle technique et de trouver une assurance appropriée à l’usage réel du van qui, sinon, passera pour un véhicule utilitaire destiné aux marchandis­es », complète Luce Hétier, créatrice du site Levanmigra­teur.com qui propose des guides et des astuces pour les candidats en quête d’une vie nomade.

VÉHICULE : LES POINTS À VÉRIFIER

Attention aux réserves d’eau ! « Chacun doit trouver le curseur qui lui convient entre la taille du véhicule et son autonomie, précise de son côté Audrey, rédactrice web qui vit en campingcar avec son compagnon Bastien et leurs deux

enfants depuis juin 2017. Un camping-car est moins modulable mais plus spacieux qu’un van, et surtout, il dispose d’un réservoir de

100 litres, contre 20 litres pour un van. » « La vie en camping-car va souvent de pair avec une vie minimalist­e, renchérit Krissa. Des panneaux

solaires fournissen­t mon électricit­é et mes réserves d’eau me permettent de tenir cinq jours. Je n’achète que ce dont j’ai réellement besoin, et je fais attention à ne pas m’encombrer de réserves qui pèsent lourd sur mon budget carburant. D’autant que la charge maximale du véhicule, 3,5 tonnes, peut être vite atteinte. J’y fais attention en le faisant peser régulièrem­ent dans les coopérativ­es agricoles, les carrières ou chez les fournisseu­rs de matériaux. C’est aussi une question de sécurité. »

PRÉPARER AU MINIMUM SON PÉRIPLE

Si certains aiment partir au petit bonheur la chance, il est quand même nécessaire de repérer les points d’eau et les points de chute, la vie en camping-car ou en van ayant aussi son lot de contrainte­s (lieux non autorisés ou inaccessib­les, comme les centres-villes…) à prendre en compte. Des applicatio­ns peuvent aider les nomades, comme Caramaps. « Il s’agit d’un outil collaborat­if qui recense les adresses

en Europe où les voyageurs ont stationné et les services qui y sont disponible­s », explique Audrey Chanier. Il faut également prévoir

d’entretenir son camping-car. « Être bricoleur s’avère utile car l’entretien représente un vrai budget, note Krissa. Mon véhicule a près de seize ans et j’y apporte régulièrem­ent des transforma­tions. Dernièreme­nt, j’ai installé des toilettes sèches à la place des WC chimiques. »

Il est aussi nécessaire de savoir se prémunir des vols et sécuriser son véhicule pour la nuit.

RÉGLER LES FORMALITÉS ADMINISTRA­TIVES

Pour gérer son courrier, il est nécessaire de justifier d’une adresse. « Ce peut-être la réception d’un camping où vous séjournez régulièrem­ent, explique Audrey Chanier. Ou la boîte aux lettres d’un membre de votre famille ou d’un ami. Vous pouvez également faire appel à un organisme spécialisé proposant des services payants, comme le Courrier du voyageur (Courrierdu­voyageur.com). »

Vous devrez aussi vous domicilier fiscalemen­t. Cette démarche peut s’effectuer auprès d’un centre communal d’action sociale (CCAS) dont les coordonnée­s figurent dans les mairies.

« En pratique, se faire domicilier auprès d’un CCAS peut s’avèrer difficile car, souvent, un lien d’attache avec la commune est exigé, note Krissa. Fixer son adresse chez un proche peut être aussi risqué : certaines localités appliquent alors une taxe d’habitation pour les campingcar­istes et augmentent celle du résident. Indiquer l’adresse où l’on se trouve le 1er janvier peut aussi suffire. » Enfin, il faudra informer votre compagnie d’assurance que votre camping-car vous sert désormais de résidence principale, et ce, pendant toute l’année, afin d’opter pour la couverture la plus adaptée.

SAVOIR QUE TOUT N’EST PAS ROSE

Enfin, loin des images idylliques d’instagram, la vie en camping-car ou en van demande un moral solide. « Il faut avoir conscience des nombreux défis à relever, note Luce Hétier. D’autant plus si on se lance en couple. Le manque d’espace personnel est parfois pesant, et il faut savoir faire des concession­s pour concilier les activités de chacun. » « Vivre

à quatre dans un camping-car demande beaucoup d’énergie pour s’assurer que chacun conserve un mini-espace et se sente bien malgré la promiscuit­é », relate Audrey, qui vit en camping-car avec sa famille (voir témoignage ci-contre).

En solo, il ne faut bien sûr pas avoir peur de la solitude, savoir aller vers les autres et s’adapter à l’inattendu... « J’éprouve du plaisir à ne pas savoir où je vais dormir le soir, je fais confiance à l’imprévu et il me le rend bien, témoigne Benoît Giffard, musicien itinérant, en van depuis le

printemps 2019. C’est un bon moyen de se réconcilie­r avec l’humanité : sur la route, les gens s’arrêtent, que ce soit pour proposer de m’aider à changer une roue ou m’inviter à manger chez eux. J’ai même fait des émules autour de moi ! »

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 ??  ?? Bastien, Liam, Daphné et Audrey parcourent les routes et vivent dans leur campingcar depuis juin 2017.
Bastien, Liam, Daphné et Audrey parcourent les routes et vivent dans leur campingcar depuis juin 2017.

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