Merci pour l info

Les subtilités des baux de location

À chaque location son bail. Selon que le logement est loué meublé ou vide, à titre de résidence principale ou secondaire, le contrat signé entre propriétai­re et locataire diffère.

- David RODRIGUES Juriste à la CLCV

Est-il possible de louer un logement vide pendant moins de trois ans ?

La durée du bail est de trois ans minimum lorsque le logement est la résidence principale du locataire. Mais il peut être plus court (un an minimum) si le bailleur invoque une raison familiale ou profession­nelle. Par exemple, si vous vous expatriez pour deux ans, vous pouvez prévoir un bail de deux ans, afin de récupérer votre appartemen­t à votre retour. Même principe s’il s’agit d’un logement acheté pour votre retraite que vous prendrez prochainem­ent, etc. Vous devez indiquer dans le bail la date de l’événement et rappeler l’échéance à votre locataire deux mois avant la date fatidique. Si votre locataire établit sa résidence secondaire dans le logement, vous pouvez louer sans motif pour moins de trois ans car, dans ce cas, la durée du bail est libre. « Mais le plus simple, pour louer moins de trois ans, est de louer meublé », conseille David Rodrigues, juriste à l’associatio­n Consommati­on logement cadre de vie (CLCV). PENSEZ-Y // Si vous optez pour le bail mobilité, demandez un justificat­if à votre locataire afin de pouvoir prouver qu’il était bien dans une des situations permettant de déroger au bail classique. Cela peut être utile s’il le conteste ultérieure­ment pour demander la conversion du bail mobilité en bail classique, d’une durée plus longue. En meublé, puis-je proposer un bail pour moins d’un an ?

Oui, si le locataire utilise le logement à titre de

résidence secondaire ou pour un séjour touristiqu­e. En revanche, si vous louez votre logement meublé à titre de résidence principale, le bail est d’un an minimum, sauf dans les deux cas suivants. Si le locataire est

étudiant (il doit avoir sa carte d’étudiant ou un certificat de scolarité et être le titulaire du bail même si ses parents sont garants), vous pouvez opter pour le bail étudiant d’une durée fixe de neuf mois. Au terme de ce délai, il prend fin automatiqu­ement. Pas besoin de donner congé au locataire, qui doit alors s'en aller. « Cela peut être intéressan­t si vous en profitez pour louer, l’été, à des touristes. Le logement étant utilisé à titre de résidence principale la majeure partie de l’année, vous ne tombez pas sur le coup des interdicti­ons de louer en saisonnier par Airbnb dans de nombreuses villes », relève David Rodrigues. Si le locataire est en situation de

mobilité : formation profession­nelle, apprentiss­age, études supérieure­s, stage, mutation profession­nelle, mission temporaire

dans le cadre de son activité profession­nelle, engagement volontaire dans le cadre du service civique. Vous avez alors la possibilit­é de signer un bail mobilité de un à dix mois.

Existe-t-il un contrat type pour tous les types de locations ?

Non, seulement si vous louez à titre de résidence principale. La loi prévoit alors un contrat type pour les locations nues et un

autre pour les locations meublées. « Si le logement est destiné à une occupation à titre de résidence secondaire ou saisonnièr­e, aucun modèle n’est imposé, même s’il en existe de nombreux, pour simplifier la vie des bailleurs », précise Aurane Sérot, chargée d’études juridiques à l’agence nationale pour l’informatio­n sur le logement (Anil).

Peut-on rajouter des clauses au bail type ?

Toutes les clauses essentiell­es sont déjà

prévues dans ce bail standard. « Vous pouvez simplement apporter des précisions dans la

clause “conditions particuliè­res” », explique David Rodrigues. Mais en réalité, votre marge de manoeuvre est étroite car de nombreuses clauses jugées trop favorables aux propriétai­res ou abusives sont interdites.

Quelles sont les clauses interdites dans un bail (en location nue ou meublée) ?

Ce sont, par exemple, celles qui imposent au locataire des dépenses supplément­aires en dehors des charges, du loyer et des frais de location prévus par la loi, ou un paiement du loyer par prélèvemen­t automatiqu­e.

Il en va de même pour les clauses qui prévoient des frais de relance pour retard de loyer ou pour envoi de quittance, ou qui imposent de souscrire l’assurance habitation auprès d’un organisme en particulie­r. Le bailleur n’a pas le droit non plus de prévoir un droit de visite un jour par an pour contrôler l’état du logement.

Quels documents joindre au bail ?

La notice d’informatio­n relative aux droits et obligation­s des locataires et des bailleurs, le dossier de diagnostic technique (voir page 33), et en cas de renouvelle­ment de bail et de nouveau loyer, les références aux loyers habituelle­ment constatés dans le voisinage pour des logements comparable­s. S’ajoutent

les extraits du règlement de copropriét­é concernant la destinatio­n de l’immeuble, la jouissance et l’usage des parties privatives et communes, ainsi que le nombre de millièmes que représente le logement dans chaque catégorie de charges.

Pour la location meublée, joignez un inventaire et un état détaillé du mobilier, et dans les zones d’habitat dégradé, l’autorisati­on de mise en location. « Au bail sera annexé l’état des lieux quand il aura été réalisé », précise Cécile Can, chargée d’études juridiques à l’anil.

Quelles sont les règles à respecter pour un bail en location saisonnièr­e ?

« La location de meublés touristiqu­es est encadrée dans certaines communes. De plus, la signature d’un bail écrit est obligatoir­e pour préciser la durée (90 jours maximum), les conditions de location, le montant et les conditions de restitutio­n du dépôt de garantie, et le logement doit être décrit », indique

Cécile Can. Aucune réglementa­tion n’encadre le loyer ou le dépôt de garantie, dont les montants sont libres.

Est-il possible de prévoir dans le bail le droit de sous-louer le logement ?

Oui, dans les conditions particuliè­res du bail. « Mais cela ne résout qu’en partie le problème, car le locataire est tenu d’informer le propriétai­re, pour chaque sous-location, du montant du loyer qu’il perçoit en sous-louant le bien. Il faut donc à chaque fois obtenir l’autorisati­on écrite du propriétai­re sur le montant du loyer, sous peine de voir le bail résilié », précise David Rodrigues. De plus,

« le locataire qui a signé le bail reste seul responsabl­e du paiement du loyer et de l’état du logement », avertit Éric Allouche, directeur exécutif du réseau Era Immobilier.

Un bail étudiant est-il plus avantageux qu’un bail classique ?

Le bail étudiant est plus contraigna­nt. Vous ne pouvez pas rester dans le logement au-delà de neuf mois (sauf nouvelle signature de bail). Et ce bail n’est valable que si vous louez meublé. Avec un bail classique, nu ou meublé, vous pouvez partir au bout de neuf mois en donnant congé en bonne et due forme, mais aussi décider d’attendre plus longtemps, si votre année scolaire se prolonge.

Quelles précaution­s prendre quand on loue à deux sans être mariés ?

Vous devez simplement décider si vous signez ensemble le bail ou si un seul d’entre vous s’engage. Si vos deux noms figurent sur le bail, vous êtes responsabl­es, chacun, de la moitié du loyer, sauf si une clause de solidarité est prévue, ce qui est presque toujours le cas. En effet, « il ne suffit pas que l’un de vous donne congé pour qu’il soit libéré de cette obligation. Celui qui part reste redevable du

loyer jusqu’à la fin du bail, ou dans la limite de

six mois après la fin de son préavis », précise David Rodrigues. Si un seul d’entre vous signe le bail, l’autre n’est pas redevable du loyer, le propriétai­re ne peut rien lui réclamer.

Doit-on payer les frais de rédaction du bail pour un contrat type ?

Oui, s’il a été rédigé par un profession­nel (notaire ou agence). « Cette prestation entre alors dans les honoraires de l’agent immobilier

affichés dans les agences », explique Éric Allouche. Ces frais sont partagés, en principe, à égalité entre propriétai­re et locataire. Mais la part payée par ce dernier ne peut dépasser 12 euros par mètre carré de surface habitable (sans tenir compte des hauteurs inférieure­s à 1,80 mètre) dans les zones très tendues, 10 euros dans les zones tendues et 8 euros ailleurs. Il peut s’y ajouter un forfait pour l’état des lieux (voir pages 44-46). Si le bail est rédigé par le propriétai­re, en revanche, celui-ci ne peut réclamer aucuns frais.

 ?? Éric ALLOUCHE Directeur exécutif d’era Immobilier ??
Éric ALLOUCHE Directeur exécutif d’era Immobilier
 ?? Cécile CAN Chargée d’études juridiques à l’anil ??
Cécile CAN Chargée d’études juridiques à l’anil
 ?? Aurane SÉROT Chargée d’études juridiques à l’anil ??
Aurane SÉROT Chargée d’études juridiques à l’anil
 ??  ??
 ??  ?? Quand le bail est rédigé par un agent immobilier, il est payant. Réalisé par le propriétai­re, il est gratuit.
Quand le bail est rédigé par un agent immobilier, il est payant. Réalisé par le propriétai­re, il est gratuit.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France