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Conciliati­on, médiation : une étape essentiell­e… et utile !

Depuis le 1er janvier 2020, pour certains litiges de voisinage, il est obligatoir­e, avant de saisir le juge, d’engager une tentative de conciliati­on ou de médiation avec votre adversaire. Comment procéder ?

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Les petits litiges de voisinage ne sont pas la priorité de la justice, qui manque de moyens. Afin d’essayer de les régler sans encombrer les tribunaux, la loi de modernisat­ion de la justice a donc imposé, depuis le 1er janvier 2020, l’obligation d’engager une tentative de conciliati­on, de médiation ou de procédure participat­ive pour certains conflits entre voisins, avant de saisir le juge. C’est le cas pour les problèmes liés au bornage, aux distances des plantation­s, au curage des fossés, ainsi qu’à la plupart des servitudes et pour des problèmes, très limités, concernant les constructi­ons (par exemple, un puits près d’un mur mitoyen). Dans les autres cas, cette tentative d’arrangemen­t amiable n’est pas obligatoir­e. Mais elle est fortement recommandé­e, car elle peut permettre d’éviter une longue et coûteuse procédure dont l’issue est souvent incertaine. Même les avocats chevronnés sont parfois surpris par les verdicts rendus. « Un mauvais arrangemen­t vaut mieux qu’un bon procès », énonce le dicton.

LA TENTATIVE DE CONCILIATI­ON PEUT ÊTRE OBLIGATOIR­E

Lorsqu’elle est obligatoir­e, ne négligez pas cette tentative d’accord amiable ! Car le juge pourrait alors décider que l’action que vous voulez engager auprès du tribunal est irrecevabl­e. « Il vous sera dès lors impossible de poursuivre votre adversaire en justice. Vous perdez le droit d’intenter un procès », rappelle Hirbod Dehghani-azar, avocat responsabl­e de la Commission modes alternatif­s de

règlement des litiges au Conseil national des barreaux. Vous pouvez vous passer de cette tentative d’accord amiable seulement si vous avez déjà eu recours à une médiation ou si vous justifiez d’un motif légitime qui la rend impossible. Par exemple, la décision doit être prise sans que votre adversaire en soit informé ou vous n’êtes pas parvenu à trouver un conciliate­ur disponible dans un délai raisonnabl­e.

IL SUFFIT D’ESSAYER

Vous êtes certain que votre voisin ne répondra pas ? Ce n’est pas grave. La loi exige de tenter de trouver un arrangemen­t, non de parvenir à un accord. Le médiateur ou le conciliate­ur doit vous inviter à communique­r, vous et votre voisin, par lettre recommandé­e, au moins quinze jours à l’avance. Si l’un des deux ne vient pas, ne répond pas ou refuse, la tentative de trouver un arrangemen­t amiable a quand même bel et bien été faite. Vous recevrez un justificat­if qui attestera de votre démarche. En pratique, le médiateur ou le conciliate­ur auquel vous vous adressez essaie souvent de s’entretenir d’abord individuel­lement avec chacune des parties (votre voisin et vous) pour entendre leur version, avant de les réunir. « Cela peut même se faire à distance, par téléphone

et parfois en visioconfé­rence », souligne

Paul Pourrat, chargé de la communicat­ion de la Fédération des associatio­ns de la conciliati­on de justice. Il est donc possible que même un voisin, au départ hostile, se laisse convaincre d’entamer la discussion s’il constate qu’il peut également être écouté.

UNE SOLUTION EFFICACE

Le médiateur ou le conciliate­ur n’est pas là pour remplacer le juge en indiquant qui a raison ou qui à tort. Son rôle est d’inciter les deux parties à trouver d’elles-mêmes un terrain d’entente. Il pose des questions, fait des suggestion­s, essaie de trouver une solution pratique : partager les frais pour insonorise­r un local source de nuisances sonores, orienter différemme­nt la future maison des voisins pour que le balcon gênant le soit moins…

CONCILIATE­UR, AVOCAT OU PROCÉDURE PARTICIPAT­IVE ?

Trois solutions sont possibles. La plus économique, car gratuite, consiste à vous adresser à un conciliate­ur de justice le plus proche de chez vous ou du lieu du litige, au choix. C’est un bénévole, qui a reçu une formation juridique. Sur le site des Conciliate­urs de France, Conciliate­urs.fr, vous trouvez les permanence­s de conciliate­urs

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Un conciliate­ur, ou un médiateur, peut s’entretenir d’abord individuel­lement avec chacun des voisins.

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