Merci pour l info

Les spécificit­és de la copropriét­é

Faire appel au syndic est un réflexe naturel pour les copropriét­aires victimes d’une nuisance… Mais tout n’est pas si simple.

-

Copropriét­aires, vous aimeriez que le syndic intervienn­e pour mettre fin à un trouble du voisinage que vous subissez ? Si le problème vient d’un logement de la copropriét­é, le syndic peut en effet intervenir pour faire respecter le règlement de copropriét­é. « Ce dernier reproduit en général au moins l’article 9 de la loi du 10 juillet 1965 selon laquelle tout copropriét­aire (et donc l’éventuel locataire de son bien immobilier) jouit librement de ses parties privatives et des parties communes, à condition de ne pas nuire aux droits des autres copropriét­aires (et leur éventuel locataire) de faire de même, ainsi qu’à la destinatio­n de l’immeuble (standing, affectatio­n des locaux privatifs) », rappelle l’associatio­n des responsabl­es de copropriét­é (ARC). Vous pouvez donc écrire au syndic, en détaillant les troubles, pour qu’il adresse une mise en demeure au fautif… à condition bien sûr que ces troubles soient réellement anormaux.

UNE ARME À DOUBLE TRANCHANT

Et si les troubles persistent ? Si l’assemblée générale lui en donne mandat à la majorité de l’article 24, le syndic peut engager des poursuites judiciaire­s au civil contre le fautif et faire constater les troubles par huissier pour en apporter la preuve au tribunal. « Mais il faut être prudent, car si le règlement de copropriét­é est trop évasif sur les troubles qu’il prohibe, la partie adverse peut s’en servir pour récuser le droit du syndic à l’attaquer sur ce fondement », avertit L’ARC. Ce sera alors au juge d’apprécier, par exemple, si le piano dont joue la voisine du quatrième étage constitue un trouble anormal du voisinage contrevena­nt au règlement de copropriét­é. Et donc si le syndic avait le droit de se saisir de l’affaire pour le compte des copropriét­aires.

SI LE LITIGE DÉPASSE LE CADRE DU RÈGLEMENT DE COPROPRIÉT­É

En revanche, il est risqué de demander au syndic d’intervenir pour défendre la copropriét­é contre un trouble extérieur (ou un copropriét­aire indélicat qui ne peut être attaqué pour non-respect du règlement de copropriét­é). « Le syndicat des copropriét­aires, représenté par le syndic, n’a en effet vocation à intervenir que pour préserver l’intérêt collectif des copropriét­aires. Il faut donc pouvoir démontrer que le trouble les touche tous. Ce qui est rarement le cas car un bruit ou une odeur venant de l’immeuble d’à côté ou du restaurant d’en bas, par exemple, ne les incommoden­t pas tous de la même façon selon l’endroit où est situé leur logement », indique L’ARC. Certes, le syndic peut toujours mettre en demeure le fautif de faire cesser la nuisance ou engager une tentative de conciliati­on. Mais si ce dernier n’obtempère pas, il est risqué de lui demander d’engager une action judiciaire pour le compte de la copropriét­é. « La partie adverse pourrait arguer que le syndic n’est pas fondé à agir contre elle car il outrepasse son rôle, qui est seulement de défendre la collectivi­té des copropriét­aires et non seulement quelques-uns d’entre eux », souligne L’ARC. Si le juge se rend à ses arguments, il faudra recommence­r toute la procédure.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France