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Aller en justice

En cas d’échec de la conciliati­on, il vous reste une carte pour régler votre litige de voisinage : la voie judiciaire. Marche à suivre pour porter votre dossier devant un magistrat.

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SAISIR LE BON TRIBUNAL

Pour savoir à quelle juridictio­n vous adresser, il vous faut au préalable chiffrer le montant du préjudice subi. Si les sommes en jeu dans le litige qui vous oppose à votre voisin ou à votre copropriét­é sont inférieure­s à

10 000 euros, vous devez saisir le tribunal de proximité. Au-delà, ou s’il vous est impossible de déterminer une enveloppe globale, seul le tribunal judiciaire est compétent pour traiter votre dossier. Une distinctio­n de taille, notamment en matière de représenta­tion, indique Aurore Tabordetmé­rigoux, avocate spécialisé­e en droit immobilier à Paris : « Alors qu’au tribunal de proximité, vous pouvez vous débrouille­r seul, au tribunal judiciaire, en revanche, vous êtes tenu de faire appel à un avocat pour vous représente­r. »

Se pose ensuite la question de l’emplacemen­t géographiq­ue du tribunal devant lequel porter votre affaire. En la matière, « c’est toujours celui du lieu où se situe l’immeuble, endroit du litige », précise Lorène Derhy, avocate en droit immobilier et en location meublée touristiqu­e dans la capitale. Autrement dit, le domicile de votre adversaire. De même, si les dommages contestés concernent de manière générale votre immeuble (mur qui tombe, stockage de biens sur une partie commune dont vous avez la jouissance privative, etc.), c’est le tribunal du lieu de situation de cet immeuble qu’il vous faut contacter.

UNE SIMPLE REQUÊTE SUFFIT POUR UNE DEMANDE JUSQU’À 5 000 EUROS

« Si le montant de votre demande n’excède pas 5 000 euros, vous avez la possibilit­é de saisir le tribunal avec une simple requête déposée au greffe », souligne Matthias Darracq, directeur projets chez Litige.fr, site internet spécialisé dans la gestion et la résolution des litiges du quotidien. Gare cependant à sa rédaction car, pour être recevable, ce document doit indiquer l’identité complète des parties, le tribunal saisi, les motifs du litige et la liste des pièces complément­aires fournies. Mais pas seulement… N’oubliez pas non plus, si

vous décidez de le rédiger seul, de détailler l’objet de vos attentes, comme la réalisatio­n de travaux destinés à réduire ou à supprimer les nuisances. Et, surtout, pensez à préciser la somme que vous réclamez éventuelle­ment au titre de dommages et intérêts en réparation du préjudice subi. En dernière précaution, veillez à joindre à votre requête une copie de l’ensemble des pièces justificat­ives utiles à la résolution de votre litige. Et ce, en autant d’exemplaire­s qu’il y a d’adversaire­s.

AU-DELÀ DE 5 000 EUROS, L’ASSIGNATIO­N S’IMPOSE

Passés les 5 000 euros, la saisine du tribunal par assignatio­n devient obligatoir­e. Sur le principe, l’idée est la même. Vous pouvez choisir de rédiger seul ce document ou en confier la tâche à un avocat ou à un huissier. Quant aux informatio­ns qui doivent y figurer, elles sont identiques (identité complète des parties, objet de la demande, motifs du litige, etc.). À une différence près… il est impératif que soient mentionnés le jour, le lieu et l’heure de l’audience obtenue au préalable auprès du greffe du tribunal. « L’assignatio­n permet une prise en charge plus rapide du dossier qu’une simple requête », note Aurore Tabordet-mérigoux. Car aucun enregistre­ment préalable n’est nécessaire pour obtenir une date. Le fonctionne­ment est autre avec une requête. Une fois cette dernière déposée par vos soins, le greffe doit l’enregistre­r pour déterminer une date et une heure d’audience et vous en aviser ainsi que votre adversaire. Mais ce n’est pas le seul avantage de l’assignatio­n, poursuit Aurore Tabordetmé­rigoux : « Tandis qu’elle doit être remise par voie d’huissier à la partie adverse, la convocatio­n consécutiv­e au dépôt d’une requête n’est envoyée par le greffe que par lettre recommandé­e avec accusé de réception. Or, vous n’avez aucune assurance que le défendeur retirera ce recommandé. » S’il ne se présente pas le jour prévu de l’audience, le magistrat chargé de votre dossier pourra décider de repousser l’audience, au prétexte que votre adversaire n’a peut-être pas eu connaissan­ce de sa date. Pire, il peut vous imposer de le convoquer à vos frais en lui faisant remettre une citation par voie d’huissier. Rien de tel avec l’assignatio­n : une fois saisi, le magistrat pourra juger l’affaire.

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Aurore TABORDETME­RIGOUX Avocate spécialisé­e en droit immobilier à Paris
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Lorène DERHY Avocate en droit immobilier et en location meublée touristiqu­e à Paris
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Matthias DARRACQ Directeur projets chez Litige.fr
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Pour un litige chiffré à moins de 10 000 euros, c’est au tribunal de proximité, ex-tribunal d’instance, qu’il faut vous adresser.

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