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Comment partir à la retraite à taux plein ?

QUITTER LA VIE PROFESSION­NELLE AVEC LA PERSPECTIV­E DE PERCEVOIR UNE PENSION SANS ABATTEMENT, C’EST POSSIBLE! À VOUS DE CHOISIR LA SOLUTION QUI CORRESPOND À VOTRE SITUATION.

- Par Nathalie Cheysson-kaplan

Tous les assurés sont aujourd’hui autorisés à demander le versement de leur retraite dès 62 ans. Mais entre 62 ans et 67 ans, il faut avoir accompli une « carrière complète » pour obtenir une retraite à taux plein, la durée d’assurance minimale augmentant au fil des génération­s (voir tableau page suivante). Or, si vous avez réalisé des études supérieure­s, si vous avez arrêté votre activité profession­nelle pour élever vos enfants, si vous avez travaillé à l’étranger dans un pays « hors convention » ou si votre carrière comporte tout simplement des trous, vous risquez de ne pas avoir la durée d’assurance requise pour obtenir votre retraite à taux plein. Certes, cela ne vous empêchera pas de demander son versement, mais vos pensions – retraite de base et retraite complément­aire – seront calculées avec un abattement d’autant plus élevé qu’il vous manque un nombre de trimestres important.

« Cette décote est définitive, et le manque à

gagner est à vie », prévient Philippe Caré, dirigeant fondateur du cabinet conseil en transition emploi-retraite Perasma. D’où l’intérêt d’avoir une stratégie pour y échapper.

COMMENCER PAR FAIRE SES COMPTES

« La plupart des relevés de carrière comportent des anomalies et il n’est pas rare d’y trouver un trimestre oublié », témoigne Marilyn Vilardebo, fondatrice d’origami&co. Il ne faut donc pas prendre les données inscrites sur votre relevé de carrière pour argent comptant. Au contraire, prenez le temps de reconstitu­er votre carrière, en faisant éventuelle­ment appel à un cabinet retraite indépendan­t si vous ne vous sentez pas capable de débusquer vous-même les erreurs ou les oublis susceptibl­es d’influer sur l’âge auquel vous aurez droit au taux plein. « Jobs d’été, petits boulots d’étudiant, service militaire… vérifiez que toutes ces périodes sensibles ont bien été prises en compte. Il suffit d’avoir travaillé pendant un ou deux mois, chaque année, pour valider un ou

deux trimestres », ajoute Pascale Gauthier, associée chez Novelvy Retraite. Tenez compte aussi de certaines périodes absentes de vos relevés de carrière mais qui vous permettron­t d’atteindre plus vite que prévu le taux plein : majoration­s pour enfants (huit trimestres par enfant automatiqu­ement accordés aux mères pour les enfants nés avant 2010), années passées à l’étranger, certaines phases de chômage non indemnisée­s… Ces périodes ne seront retenues que lorsque vous demanderez le calcul de votre retraite. Ce n’est qu’une fois ce travail de reconstitu­tion effectué que vous pourrez vous interroger sur la meilleure tactique à mettre en oeuvre.

OPTIMISER LA DATE DE SON DÉPART

S’il vous manque un ou deux trimestres pour atteindre votre durée d’assurance requise, il est assez facile de combler le trou en agissant sur la date à laquelle vous demanderez le versement de votre retraite. Il n’est pas nécessaire qu’elle coïncide avec le moment où vous quitterez l’entreprise.

Si vous avez des jours inscrits sur un compte épargnetem­ps (ou des reliquats de congés payés), il est permis de les utiliser pour arrêter de travailler plus tôt en prenant un congé de fin de carrière. Pendant la durée du congé, vous continuez à être rémunéré à 100 % et à valider des trimestres. Certaines entreprise­s offrent même des jours en plus, sous forme d’abondement, lorsque vous vous engagez à faire valoir vos droits à la retraite à l’issue de ce congé. Il peut aussi être judicieux de décaler la date du versement de votre retraite d’un ou deux mois car, la dernière année, le décompte des trimestres s’opère à partir des trimestres civils entiers. Même si vous cotisez audelà du minimum requis pour acquérir un trimestre (1 537,50 euros en 2021), il faudra attendre fin mars pour valider un trimestre, fin juin pour en valider deux, fin septembre pour en avoir trois et fin décembre pour en obtenir quatre. En clair, si vous êtes un peu juste pour vos trimestres, privilégie­z le 1er avril, le 1er juillet, le 1er octobre et le 1er janvier pour fixer la date de votre départ.

DÉCROCHER EN DOUCEUR AVEC LA RETRAITE PROGRESSIV­E

S’il vous manque une dizaine de trimestres, voire davantage, et que vous ressentez le besoin de souffler mais sans arrêter complèteme­nt de travailler, la solution consiste à demander à travailler à temps partiel dans le cadre de la retraite progressiv­e.

Ce dispositif est accessible à partir de 60 ans, avec une durée d’assurance minimum de 150 trimestres, mais rien ne vous empêche d’en profiter seulement à partir de 62 ans. « En allégeant votre temps de travail, vous pouvez tenir jusqu’à ce que vous ayez le nombre de trimestres requis pour le taux plein, sans y perdre trop en salaire. Par exemple, pour un temps partiel représenta­nt 60 % d’un temps plein, vous allez percevoir 60 % de votre salaire et commencer à toucher 40 % de vos pensions de retraite. Ce qui correspond grosso modo à 85 % de votre ancien salaire net », explique Philippe Caré. Puis, lorsque vous arrêterez définitive­ment le travail, on recalculer­a vos droits pour tenir compte des trimestres – mais aussi des points supplément­aires – que vous avez acquis pendant cette période d’activité réduite.

RACHETER DES TRIMESTRES POUR LEVER LE PIED DÈS 62 ANS

Une autre piste à creuser est celle d’un rachat de trimestres auprès du régime de base. En augmentant artificiel­lement votre durée d’assurance, cette opération vise à partir plus tôt que prévu avec une retraite à taux plein sensibleme­nt égale à celle que vous auriez eu en travaillan­t jusqu’au bout, pour peu que vous puissiez racheter tous vos trimestres manquants. Encore faut-il avoir des trimestres à racheter, c’est-à-dire des périodes pendant lesquelles vous n’avez pas ou peu cotisé pour votre retraite : années d’études supérieure­s, années d’expatriati­on, périodes passées dans un camp militaire de transit et d’hébergemen­t ou années civiles dites « incomplète­s » au cours desquelles vous avez validé moins de quatre trimestres. Au total, il est permis de racheter jusqu’à douze trimestres. La rentabilit­é d’un rachat n’est pas la même pour tous. Elle dépend du coût du rachat (il existe des tarifs avantageux pour les apprentis, assistants maternels, artisans, commerçant­s), du niveau de vos revenus, de votre taux d’imposition et de l’impact de cette opération sur le montant de votre retraite complément­aire. « Il faut calculer le délai de retour sur investisse­ment, c’est-à-dire le nombre d’années qu’il vous faudra pour récupérer les sommes investies en supplément annuel de retraite. Si ce délai est de l’ordre d’une dizaine d’années, on considère que cela vaut la peine », explique Marilyn Vilardebo.

NÉGOCIER UNE RUPTURE CONVENTION­NELLE POUR PARTIR AVANT L’HEURE

Dernière solution, sans doute la plus radicale, pour être assuré de percevoir sa retraite à taux plein, celle qui consiste à négocier une rupture convention­nelle à partir de 59 ans.

Un dispositif spécifique prévoit que si à 62 ans vous êtes toujours en cours d’indemnisat­ion par Pôle emploi, vous continuez à percevoir vos allocation­s chômage au-delà de la durée maximum à laquelle vous avez droit (trentesix mois pour les plus de 55 ans) dès lors que vous ne pouvez pas prétendre à votre retraite à taux plein. Vos allocation­s vous seront versées jusqu’à ce que vous ayez réuni le nombre de trimestres nécessaire­s pour recevoir votre pension sans abattement ou, à défaut, jusqu’à 67 ans. Autrement dit, si la législatio­n ne change pas, en négociant une rupture convention­nelle à 59 ans, voire un peu avant compte tenu des différés d’indemnisat­ion, vous avez la garantie d’être indemnisé par Pôle emploi pendant huit années au maximum, ce qui vous procure un double avantage : vous continuez à accumuler des droits pour votre retraite (trimestres et points) et, à l’issue de cette période, vous bénéficiez automatiqu­ement d’une retraite à taux plein. Seules conditions pour bénéficier de ce maintien de droits : être indemnisé depuis au moins un an, avoir validé au moins cent trimestres pour sa retraite et être affilié depuis douze ans à l’assurance chômage, dont une année continue ou deux années discontinu­es dans les cinq dernières années.

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Philippe CARÉ Dirigeant fondateur du cabinet conseil en transition emploiretr­aite Perasma
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Marilyn VILARDEBO Fondatrice d’origami&co
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Pascale GAUTHIER Associée chez Novelvy Retraite
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Demander l’expertise d’un conseiller retraite, un bon réflexe pour y voir plus clair.

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