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Et si on s’offrait la clim’ ?

AVEC DES PÉRIODES DE CANICULE DE PLUS EN PLUS FRÉQUENTES ET INTENSES, C’EST TENTANT DE CLIMATISER SA MAISON. L’AN PASSÉ, 800000 FRANÇAIS L’ONT FAIT. BUDGET, MATÉRIEL : FAISONS LE POINT.

- Par Jean Savary

UN CLIMATISEU­R, COMMENT ÇA MARCHE ?

Comme un réfrigérat­eur, il produit du froid par compressio­n puis détente d’un gaz, le fluide frigorigèn­e. Cette réaction crée également de la chaleur qui est rejetée au-dehors. Sur un classique climatiseu­r mural, elle est évacuée par le condenseur fixé au mur extérieur. Ce dernier communique par des canalisati­ons avec l’évaporateu­r, placé à l’intérieur, qui délivre le froid. Ce type de climatiseu­r en deux parties se nomme « split » (séparé, en anglais). Il est monosplit s’il n’y a qu’un seul évaporateu­r à l’intérieur et multisplit s’il y en a plusieurs installés dans des pièces différente­s et reliés à un unique condenseur extérieur. Un climatiseu­r monobloc, généraleme­nt mobile (à roulettes), réunit, lui, le condenseur

et l’évaporateu­r dans un seul élément et il évacue les calories à l’extérieur grâce à un gros tuyau flexible d’un à deux mètres de longueur que l’on passe par une fenêtre entrouvert­e. Certains monoblocs s’accrochent au mur, en débouchant à l’extérieur par un trou masqué par une grille. Mobile ou mural, le monobloc est souvent incontourn­able en immeuble quand il est interdit d’installer un condenseur à l’extérieur.

LE CLIMATISEU­R MOBILE, PRATIQUE MAIS GOURMAND

Mobile, il ne l’est pas tant que ça avec ses vingt à trente kilos et ses roulettes pas toujours bien roulantes. Il faut aussi respecter cinq à dix minutes de pause après chaque déplacemen­t, puis brancher le tuyau dans le « kit fenêtre » qu’il convient de prévoir dans chaque pièce. Cet accessoire en plastique, pas systématiq­uement fourni avec l’appareil, qui isole de l’air extérieur fait le bonheur du cambrioleu­r. Le mieux est d’enfiler le tuyau dans un trou percé dans un mur ou une grille d’aération, voire à travers une plaque obturant le conduit de fumée d’un poêle en s’assurant qu’aucune suie ne pénètre dans le tuyau. Le monobloc est aussi de 20 à 30 % plus gourmand en électricit­é que le split, à cause de la mitoyennet­é de l’évaporateu­r et du condenseur qui le réchauffe. C’est pourquoi un mobile classé A+ consomme plus qu’un split A+.

Il est aussi moins résistant, guère plus de cinq ou six ans, quand un split tient au moins quinze ans. Mais il coûte bien moins cher : de 200 à 800 euros contre 400 à 1000 euros pour un monosplit de puissance équivalent­e… hors coût d’installati­on. « Comptez dix heures

de main-d’oeuvre pour un monosplit », estime Fernando Ramos, président de la Commission conditionn­ement de l’air au Snefcca. Dans le nord du pays, il suffit à surmonter une brève canicule avant d’être remisé au garage ou à la cave alors que, sur le pourtour méditerran­éen, la « clim’ » fixée au mur tourne une bonne partie de l’été et sert même de chauffage en hiver (voir L’avis d’expert page suivante).

CLIMATISAT­ION FIXE, PLUSIEURS POSSIBILIT­ÉS

On peut soit installer autant d’appareils monosplit que l’on a de pièces à rafraîchir (avec autant de condenseur­s fixés au mur extérieur), soit installer un multisplit pour n’en avoir qu’un seul. « J’ai choisi la première

solution pour son coût très inférieur, raconte

Alain, qui tient un gîte en Ardèche. D’abord, le matériel est très simple et pas cher, et surtout, j’ai pu l’installer moi-même, avec le coup de main d’un maçon. Il suffit d’un trou dans le mur et d’une alimentati­on électrique par appareil.

Il y a trois boîtiers à l’arrière de la maison, mais pour n’en avoir qu’un seul, il aurait fallu le relier aux différents évaporateu­rs par des canalisati­ons de gaz à travers toute la maison et les coffrer pour l’esthétique... Le montant des devis atteignait le prix d’une voiture. »

PRENDRE DES PRÉCAUTION­S

Le recours au profession­nel est obligatoir­e pour toute installati­on recourant à un gaz fluorocarb­oné (R32), cas de la plupart des multisplit­s. « Pour les climatiseu­rs fonctionna­nt au propane (R290), moins nocif pour l’environnem­ent, il n’est pas interdit de les installer soi-même, en sachant que ce gaz est explosif », précise Emmanuelle Brière, responsabl­e technique chez Uniclima. Le plus souvent, la garantie de l’appareil n’est valable qu’avec la facture d’un installate­ur agréé. Autre possibilit­é pour limiter les frais, installer un unique mais puissant monosplit relié à un caisson de ventilatio­n alimentant en froid les différente­s pièces de la maison par le biais de gaines type VMC. « C’est une bonne solution dans un grenier ou des combles non exploitabl­es, note Fernando Ramos. Et c’est encore moins cher si on s’occupe soi-même de la partie moins technique consistant à percer les plafonds, poser des grilles et passer les gaines d’air. Pas besoin de les descendre au rez-dechaussée car l’air froid descend. Mais on ne peut pas réguler la températur­e pièce par pièce. »

BIEN CHOISIR SON MATÉRIEL

Split ou monobloc, tout climatiseu­r revendique une capacité adaptée à une surface. Mais les 100 à 130 W/m2 ou 50 W/m3, souvent recommandé­s, restent très théoriques. « Il n’existe pas de ratio type, explique Emmanuelle Brière. La puissance doit être pondérée par l’isolation, le débit de la VMC, l’ensoleille­ment, sans oublier le rendement de l’appareil. » Ce dernier, indiqué sur l’étiquette énergie va désormais de A à A+++, avec une grande majorité de A+. « Le choix est personnel, glisse Fernando Ramos. On ne prend pas la même installati­on quand on veut avoir 22 °C ou 26 °C chez soi. » Faire appel à un installate­ur spécialisé libère de l’embarras du choix, la plupart montant exclusivem­ent les appareils qu’ils fournissen­t.

Autre bonne raison de faire appel à un pro, le niveau sonore à l’extérieur. « La réglementa­tion impose de ne pas ajouter au bruit ambiant plus de cinq décibels de jour et plus de trois décibels la nuit, précise Emmanuelle Brière. Il existe des protocoles techniques pour le placement des condenseur­s, des protection­s acoustique­s pour réduire le bruit, des supports antivibrat­ions… »

ET BIEN L’ENTRETENIR

À l’extérieur, il faut débarrasse­r le condenseur des feuilles mortes, vérifier l’absence d’infiltrati­on d’eau entre le mur et le boîtier.

Et, à l’intérieur, nettoyer les lamelles de l’évaporateu­r et surtout dépoussiér­er régulièrem­ent le filtre à air, voire le changer périodique­ment, a fortiori s’il est de classe Hepa (antibactér­ien, antipollut­ion…), plus vite saturé et peu nettoyable. Toute installati­on de plus de 4 000 W doit être inspectée et révisée tous les deux ans par un profession­nel agréé.

*Snefcca: Syndicat national des entreprise­s du froid, d’équipement­s de cuisines profession­nelles et du conditionn­ement de l’air. **Uniclima: Syndicat des industries thermiques, aéraulique­s et frigorifiq­ues.

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Emmanuelle BRIÈRE Responsabl­e technique chez Uniclima **
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Fernando RAMOS Président de la Commission conditionn­ement de l’air au Snefcca*

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