Depuis plusieurs années,
de nouveaux acteurs de l’économie émergent progressivement. proposant des concepts innovants, ces entreprises modifient peu à peu les usages des Français concernant leurs finances personnelles. Une petite révolution qui devrait bousculer votre manière de payer vos factures, d’épargner et vous permettre de réaliser
des économies substantielles.
« Si pour Noël on peut voir disparaître les affichettes indiquant “Ici, pas de carte bleue en dessous de telle somme“sur les vitrines des commerçants, ce serait une bonne chose. » ces paroles prononcées par le ministre des finances et des Comptes publics, Michel Sapin, en disent long sur la volonté des politiques de changer les habitudes des Français en matière de règlements. Plus intéressant encore, le lieu choisi par le pensionnaire de bercy pour s’exprimer : les locaux de la start-up Lydia. Le ministre est en effet venu présenter la nouvelle stratégie nationale sur les moyens de paiement dans les bureaux d’une Fintech aux antipodes des banques traditionnelles. La symbolique est forte et la petite société se retrouve sous les feux des projecteurs. Mais en quoi ces start-up vont-elles modifier le quotidien des usagers ? Tour d’horizon des innovations technologiques dans l’univers de la finance.
remboursez SANS FRAIS
Si Michel Sapin a choisi Lydia dans la multitude de Fintechs françaises pour venir s’exprimer, c’est sans doute parce que c’est l’une des start-up les plus en vue. En proposant des solutions simples de règlement et surtout d’encaissement pour les BDE (bureau des étudiants) des écoles supérieures et d’universités, lydia a su s’impo- ser chez les jeunes comme LA solution de paiement mobile. résultat, 85% des utilisateurs sont âgés de 18 à 30 ans. Le principe ? une application pour smartphone à télécharger permettant d’envoyer de l’argent à ses contacts ou de payer un commerçant. Choisissez un destinataire sur votre mobile, inscrivez la somme souhaitée, tapez votre code confidentiel et le tour est joué. Le receveur n’a plus qu’à accepter le versement sous 7 jours. Pour les achats en boutique, il suffit de présenter le code barre généré par l’application. Pour Cyril Chiche, président-fondateur de la société, « cela va bien au-delà d’une technologie de paiement sans contact. Nous proposons des solutions qui répondent aux vrais
besoins des gens ». fini les amis mauvais payeurs, vous pouvez même leur envoyer une réclamation de remboursement. lydia compte atteindre entre 300.000 et 500.000 utilisateurs d’ici la fin de l’année. Jusqu’ici, l’entreprise compte 1.700 partenaires commerçants ou associations. Un total qui devrait grimper dans les mois à venir. en outre, lydia va développer son propre bouton de paiement sur les sites d’e-commerce. Dans l’écosystème des Fintechs de france, les start-up spécialisées dans le règlement et le transfert d’argent prolifèrent. Paytop a par exemple choisi d’axer sa stratégie sur l’international. Depuis 2012, la société propose une plateforme de transfert d’argent vers l’étranger. L’envoi se fait numériquement tandis que le récepteur doit se déplacer vers un point de retrait pour récupérer l’argent. Son point fort ? Son coût relativement faible : pour un envoi inférieur à 150 euros, Paytop capte 4 euros et prélève seulement 8 euros pour les montants supérieurs. Toutefois, la véritable innovation de paytop réside dans la création de sa carte multidevises. Une Mastercard d’apparence classique mais qui permet de payer en euro, livre ou dollar, le tout sans aucun frais de change. Une aubaine pour les grands voyageurs ou les étudiants partis suivre un semestre à l’étranger.
Contre un abonnement annuel de 29,90 euros pour la carte voyageur, vous pouvez en effet payer et retirer où bon vous semble. « Nous avons créé cette carte pour casser les modèles traditionnels, notamment dans le domaine du voyage et du transfert d’argent, souvent complexe et onéreux », juge David Boucher, président-fondateur de Paytop. En revanche, les retraits avec la carte étudiante sont facturés 1 euro en plus de l’abonnement à 19,90 euros. Les dirigeants espèrent à terme « équiper la totalité de la clientèle de la carte multidevises ». actuellement la start-up compte 60.000 utilisateurs, principalement pour le transfert d’argent vers l’étranger.
gérez vos FINANCES au plus JUSTE
le domaine d’action des Fintechs ne se limite pas aux solutions de transfert d’argent. plusieurs d’entre elles se sont tournées vers la gestion de compte. Titulaire d’un smartphone Android, Apple ou même Windows phone, vous pouvez télécharger gratuitement Bankin’. L’application permet de connecter tous vos comptes et catégorise toutes vos dépenses. « Quand j’ai rencontré mon associé Robin Dauzon, nous avions, comme beaucoup d’étudiants, des difficultés à gérer notre budget au quotidien, raconte Joan Burkovic. Ayant une formation d’ingénieur, mon associé a pu développer rapidement un prototype afin d’éprouver le concept. Ensuite nous avons développé la première version de Bankin' sur Iphone en moins de 10 mois. L’accueil a été excellent, preuve que l’on répondait à une très forte demande. » autre point fort, Bankin’ vous envoie une alerte lorsque vous vous approchez de la zone rouge ou lors d’une importante entrée ou sortie d’argent. Cette version pour les particuliers est entièrement gratuite. La start-up en propose toutefois une payante (4,99 euros par mois) ouvrant d’autres fonctionnalités comme la gestion des notes de frais ou la possibilité d’établir un budget prévisionnel. Un abonnement professionnel à 19,99 euros par mois est également disponible pour les entrepreneurs qui souhaitent consulter leur compte au jour le jour avec l’analyse des données. En 4 ans, bankin’ a déjà séduit 1 million d’utilisateurs, dont 20.000 entreprises et propose sa solution dans 4 pays (France, Espagne, Allemagne et Royaume-uni). Objectif dans les deux ans, atteindre les 10 millions d’adeptes et devenir le numéro 1 européen de la gestion des finances personnelles.
prêtez aux pme ET BOOSTEZ votre Épargne
Payer moins cher et améliorer la gestion de votre argent n’est pas le seul avantage des Fintechs. Parmi les technologies qui révolutionnent déjà le quotidien des Français et leur rapport à l’argent, le financement participatif permet d’accompa- gner des petites et moyennes entreprises (PME) ou de très petites entreprises (TPE). En seulement deux ans, plusieurs dizaines de plateformes de crowdlending, littéralement prêt par la foule, ont vu le jour. Parmi ces dernières, le leader du secteur unilend revendique pas moins de 200 projets déjà concrétisés. A la clé pour les entreprises, la possibilité d’obtenir un financement particulièrement compliqué à obtenir par les canaux bancaires et pour le prêteur des taux d’intérêt supérieurs à 6% et pouvant aisément excéder les 10%. des rendements purement et simplement inimaginables au vu des taux offerts par les produits d’épargne classique comme le Livret A (0,75%) et l’assurance vie en euros (2,50% en 2014 avant prélèvements sociaux et fiscalité). Et si le risque n’est pas absent sur une plateforme de prêt aux entreprises, le secteur ne cesse d’innover pour le limiter au maximum. Plusieurs acteurs, tels que Finsquare, Prêt à la carte ou encore prexem et Credit.fr n’ont ainsi pas hésité à mettre en place des protections sous la forme d’une assurance
emprunteur souscrite pour le chef d’entreprise, d’une garantie contre le risque d’impayés pour les sociétés dont les clients sont des entreprises ou encore un fonds de protection amené à rembourser tout ou partie du capital des prêteurs en cas de défaut de paiement. Autre avantage du crowdlending : alors que dans le canal bancaire classique, l’épargnant ne sait généralement pas ce qui est fait de son argent, les investisseurs peuvent choisir de financer le projet de leur choix parmi ceux proposés sur les diverses plateformes. A quoi sert-mon argent ? Pour quel succès ? Autant de réponses apportées par les plateformes de crowdfunding, simples intermédiaires entre une entreprise et l’investisseur. Et certains acteurs pensent encore aller plus loin. « Aujourd’hui, si vous avez envie de placer votre argent, vous ne pouvez le faire que sur les projets en cours. Si ça vous ne plaît pas, vous n’avez pas le choix », regrette le directeur marketing digital de Prêt à la Carte Adrien Regnault. Ainsi, la plateforme permet d’ores et déjà de renseigner ses préfé- rences. « Notre objectif est de demander aux prêteurs ce qu’ils aiment, détaille Adrien Regnault. L’idée est de réunir suffisamment de personnes pour frapper à la porte de certaines entreprises et leur proposer, le cas échéant, de monter un dossier pour répondre à leur besoin de financement. » soutenir l’économie et l’emploi tout en percevant un rendement à la hauteur du risque pris et bientôt placer son argent dans l’entreprise de son choix… Autant d’avancées par rapport à l’épargne bancaire qui ne laissent pas les Français indifférents.
FINANCEZ LES Start-up
Le prêt n’est pas le seul moyen innovant de financer les entreprises à travers le crowdfunding. Des plateformes comme Wiseed, Anaxago, Smartangels ou encore Sowefund proposent aux particuliers d’investir dans des start-up ou des PME en souscrivant à leur capital. Cette branche du financement participatif, appelée equity crowdfunding ou crowdequity, permet ainsi à un internaute de devenir actionnaire d’une jeune entreprise. Outre la possibilité d’intégrer le capital de potentielles pépites, cet investissement permet également de bénéficier d’une réduction d’impôt sur le revenu d’un taux de 18%, mais aussi d’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), à hauteur de 50% des montants investis. Le crowdfunding en capital n’est toutefois pas conseillé si vos connaissances des entreprises sont limitées. Si les plateformes agréées par l’autorité des marchés financiers (AMF) en tant que conseiller en investissement participatif (CIP) se doivent de communiquer de nombreuses informations sur les projets financés, le danger est loin d’être négligeable. prudence donc au moment de vous lancer, le risque de défaillance étant particulièrement élevé.
DEVENEZ promoteur Immobilier
Par le don, le prêt ou l’investissement en capital, le financement participatif s’étend progressivement à tous les secteurs de l’économie. Au vu de la popularité de la pierre en france, le développement exponentiel du crowdfunding immobilier n’a donc rien d’étonnant. Plusieurs plateformes, telles qu’anaxago immobilier, Wiseed, Lymo ou Crowdfunding-immo se sont lancées avec succès auprès des épargnants. Pas moins de 15 acteurs sont référencés sur le secteur, qui a financé 117 projets de promotion immobi- lière entre 2014 et 2015 selon le baromètre du crowdfunding immobilier d’anaxago. Plus de 30 millions d’euros ont été collectés pour plus de 2.400 logements construits. avec un rendement moyen de 7,5%, le financement participatif immobilier a en effet de sérieux atouts, auxquels s’ajoute la satisfaction de procéder à un investissement utile pour l’économie.
pour autant, seules quelques opérations ont d’ores et déjà été débouclées à ce jour. Or, entre le risque lié à la commercialisation du projet et celui d’un coût plus important qu’escompté des travaux, le danger est bien présent. Vérifier le sérieux de la plateforme comme celui du promoteur et la localisation du projet doit donc être une priorité.
EFFECTUEZ vos ACHATS AUTREMENT
L’arrivée et le succès des Fintechs dans notre pays coïncident avec un réel engouement des Français pour l’économie collaborative. c’est en partant de ce constat qu’est née Payname. Une plateforme collaborative qui facilite les règlements entre particuliers pour des services rendus. Rémunérer une baby-sitter, le jardinier, etc. A chaque fois, le site permet de déclarer le paiement à l’urssaf et d’imprimer son reçu fiscal. Payname offre également la possibilité de régler en ligne des achats sur des sites entre particuliers comme Le Bon Coin. « La prochaine étape c’est la carte bancaire, explique Eric Charpentier, président-fondateur de l’entreprise. Ainsi, plutôt que de rediriger l’argent disponible vers un compte en banque traditionnel, l’utilisateur pourra payer ses courses, acheter ses billets de train, etc. directement depuis son compte Payname. » la start-up, qui revendique 20.000 utilisateurs particuliers et environ 200 professionnels, vient de réaliser une levée de fonds de 5 millions d’euros et souhaite devenir une banque collaborative en ligne à part entière.
Parmi les Fintechs les plus en vogue, deux cagnottes en ligne se sont imposées ces dernières années : Leetchi et Le Pot Commun. Ces plateformes collaboratives permettent de collecter de l’argent entre amis pour offrir un cadeau à une tierce personne. Fini l’enveloppe à faire tourner dans l’open space pour le cadeau de départ d’un collègue. Créez une cagnotte personnalisée et partagez votre annonce avec vos amis. Ceux-ci pourront se connecter et donner la somme de leur choix. Leetchi propose une centaine de commerçants en ligne pour utiliser l’argent collecté sans frais. Il est également possible de récupérer la somme sur sa carte bancaire moyennant une commission comprise entre 3 et 4% selon le montant de la cagnotte. Pour Le pot commun, une commission de 2,9% est facturée pour récupérer la collecte. Que ce soit pour gérer votre argent, payer des services ou encore faire un beau cadeau à un ami, vous avez l’embarras du choix pour vous lancer dans les Fintechs.