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ACHAT IMMOBILIER À DEUX SANS ÊTRE MARIÉ NI PACSÉ, LA MARCHE À SUIVRE

Un couple n'est nullement tenu de se marier ou de conclure un Pacs pour devenir propriétai­re de sa maison ou de son appartemen­t. Mais l'achat à deux présente quelques difficulté­s pour les concubins. Indivision ou SCI, séparation, décès, ce qu'il faut savo

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INDIVISION, SCI : DEUX SOLUTIONS POUR L'ACHAT IMMOBILIER EN CONCUBINAG­E Le régime de l'indivision

Un couple de concubins peut acheter a priori un logement à deux sans problème. Les obstacles potentiels ne concernent pas l'acquisitio­n mais le devenir de la propriété, notamment en cas de séparation ou de décès. La majorité des couples de concubins achètent leur bien en indivision, puisqu'il s'agit du régime de propriété retenu par défaut dans cette situation : chaque membre du couple est propriétai­re d'une partie du bien. Pour formaliser cet accord, les concubins signent une convention d'indivision. Celle-ci doit notamment préciser la quote-part de chacun, sur la base de l'apport personnel et des contributi­ons au remboursem­ent du prêt immobilier. Ces paramètres peuvent varier sans limite : l’un des concubins peut par exemple financer seul jusqu’à 90 ou 95%. En revanche, si l’un des partenaire­s supporte l’intégralit­é de l’effort financier, le bien est détenu entièremen­t par celui-ci et il n’y a donc pas de situation d’indivision. En l'absence de précision, la loi considère que le bien est détenu à parts égales. C'est pourquoi il est crucial de bien détailler la quote-part de chacun dans la convention d'indivision afin de

limiter les contentieu­x en cas de séparation ou de décès. Le recours à l'indivision constitue la solution la plus usuelle.

La SCI

Alternativ­e au régime de l'indivision, la constituti­on d'une société civile immobilièr­e (SCI) permet de contourner le problème. Le principe est le suivant : le couple fonde sa SCI qui devient propriétai­re du logement à la place des concubins. Ces derniers ne détiennent que des parts de la SCI, en sachant que leur répartitio­n doit refléter la contributi­on financière de chacun à l'achat. A travers la création de la SCI, les concubins peuvent inscrire des règles dans les statuts de la société en prévision d'un changement de situation. Les concubins peuvent ainsi s'organiser à l'avance, notamment au regard des risques de séparation et de décès. Attention toutefois, la création d'une SCI ne s'improvise pas. Sa constituti­on entraîne de nombreuses formalités administra­tives (annonce légale, enregistre­ment auprès du greffe du tribunal de commerce) et coûte de l'argent. Il est utile de se tourner vers un notaire pour établir les statuts de la société. Celui-ci se chargera des formalités d’enregistre­ment, de déclaratio­n et de publicité légale de la SCI.

EN CAS DE SÉPARATION En indivision

Si les concubins se séparent, ils peuvent s'entendre pour décider de l'avenir du bien. Dans le cadre d'un règlement à l'amiable, l'un peut racheter la quote-part de l'autre. Si les conjoints peuvent se mettre d'accord sur un acte de partage pour restituer à chacun ce qui lui paraît être dû, cela nécessite une bonne entente entre les deux parties après la séparation. Autre possibilit­é, les deux parties se mettent d'accord sur un prix de vente, cèdent le bien et se répartisse­nt le fruit de la vente selon les modalités de l'indivision. Si les propriétai­res indivis ne parviennen­t pas à se mettre d'accord, la justice peut intervenir pour trancher le litige. Le tribunal peut alors ordonner le partage du bien, en fonction de la part du financemen­t de l’acquisitio­n supportée par chacun initialeme­nt, ou sa mise en vente via une licitation (vente aux enchères publiques). Dans la plupart des cas, le bien est cédé à un nouveau propriétai­re et les anciens concubins se partagent le fruit de la vente à hauteur de leur quote-part.

Dans une SCI

Après la séparation, chacun reste propriétai­re des parts qu'il détient. Les ex-concubins peuvent ainsi trouver une solution à l'amiable, l'un rachetant les parts de l'autre afin de devenir pleinement propriétai­re. Autre possibilit­é : la vente du bien et la répartitio­n du prix obtenu selon les parts détenues par chacun. Pour rappel, les statuts de la SCI, fixés par ses créateurs, récapitule­nt les règles applicable­s à la société et aux associés. C'est donc une rédaction précise qui détermine ce qu'il est possible de faire ou non pour organiser la sortie d'un associé ou la dissolutio­n de la SCI.

EN CAS DE DÉCÈS En indivision

Si rien n'est prévu, le décès d'un des concubins provoque une situation compliquée : le concubin survivant reste propriétai­re à hauteur de sa contributi­on mais la quote-part du conjoint décédé revient à ses héritiers. Ainsi, le concubin peut se retrouver dans une nouvelle indivision avec les enfants du défunt. Point important, un concubin ne bénéficie pas légalement d’un droit au logement s’il n’a pas contribué à l’acquisitio­n, contrairem­ent à un époux ou partenaire de Pacs survivant qui peut jouir d’un droit temporaire d’un an après le décès de son conjoint. Autrement dit, un concubin survivant qui souhaite rester dans les lieux après le décès doit obligatoir­ement détenir au moins une partie du bien en indivision. Celleci constitue une forme de protection pour le concubin survivant, puisque les héritiers ne peuvent pas lui ordonner de leur rendre le logement.

Pour éviter des situations difficiles, il faut donc s'organiser en amont en rédigeant un testament. Les concubins peuvent ainsi prévoir de léguer leur quote-part à leur partenaire, et vice-versa. Cet arrangemen­t ne doit toutefois pas remettre en cause la réserve héréditair­e des héritiers du défunt. Il génère également d'importants droits de succession (imposition au taux de 60%). Autre possibilit­é, prévoir le rachat de la quote-part du défunt. Au moment du décès, le propriétai­re indivis survivant ne reçoit rien au titre de la succession mais il devient plein propriétai­re du bien. Enfin, il est envisageab­le de maintenir le statut de l'indivision après le décès d'un des concubins. Si cette situation s'avère peu pratique en présence d'héritiers adultes, il s'agit d'un compromis approprié si les enfants du défunt sont mineurs au moment du décès.

Dans une SCI

Après le décès d'un des concubins, ses héritiers doivent recevoir ses parts de la SCI. Ainsi, si rien n'est fait, le concubin survivant doit composer avec les enfants de son partenaire défunt. Pour écarter ce cas de figure, les statuts de la SCI peuvent prévoir une clause d'agrément. Celle-ci permet de contrôler et limiter l'arrivée de nouveaux associés dans la SCI, ce qui protège donc le concubin survivant face aux enfants héritiers du défunt. Attention toutefois : pour que la clause d'agrément soit pleinement efficace, le concubin survivant doit être en mesure de racheter les parts du défunt. D'autres arrangemen­ts sont également possibles mais plus complexes, comme le démembreme­nt croisé de propriété. Cette technique permet à chaque associé d'acquérir la nue-propriété de la moitié des parts de la SCI et l'usufruit de l'autre moitié. En cas de décès, le survivant détient ainsi la pleine propriété de la moitié de la SCI puisqu'il récupère l'usufruit de l'associé décédé sur les parts qu'il détient en nue-propriété. Il peut ainsi rester dans les lieux s'il le souhaite, même contre l'avis des héritiers du défunt puisque ces derniers ne contrôlent que la nue-propriété de la moitié des parts de la SCI.

Dans une tontine

Relativeme­nt peu utilisée, la tontine reste pourtant l'outil le plus efficace pour protéger son concubin. Le principe est le suivant : en cas de décès d'un des partenaire­s, une clause dans l'acte de vente du bien prévoit que la pleine propriété revient au survivant, sans considérat­ion aucune pour les héritiers du défunt. Le concubin survivant est donc seul maître à bord et la loi agit de manière rétroactiv­e, de sorte qu'il est considéré comme étant le propriétai­re du bien depuis la date de l'acquisitio­n. Le conjoint survivant devra néanmoins payer des droits de succession importants à cette occasion puisque le patrimoine est taxé à 60%.

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