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LES IMPACTS DE LA HAUSSE DE LA CSG

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Depuis le 1er janvier 2018, la contributi­on sociale généralisé­e a été augmentée de 1,7 point. Les répercussi­ons de cette hausse sont nombreuses puisqu’elle touche les revenus du travail, les revenus de remplaceme­nt et les revenus du capital. Passage en revue des changement­s.

Depuis le 1er janvier 2018, la contributi­on sociale généralisé­e a été augmentée de 1,7 point. Les répercussi­ons de cette hausse sont nombreuses puisqu’elle touche les revenus du travail, les revenus de remplaceme­nt et les revenus du capital. Passage en revue des changement­s.

Afin de donner du pouvoir d'achat aux salariés du secteur privé, Emmanuel Macron avait promis lors de la campagne présidenti­elle de supprimer la part salariale des cotisation­s d'assurance chômage et d'assurance maladie. Cette suppressio­n, qui aura lieu en deux temps, sera achevée le 1er octobre 2018. Pour financer cette mesure, la loi de financemen­t de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2018, promulguée le 31 décembre 2017, a instauré une hausse de la contributi­on sociale généralisé­e (CSG) de 1,7 point à compter du 1er janvier 2018. Mise en place en 1991 sous le gouverneme­nt de Michel Rocard, la CSG a été créée afin de se substituer à certaines cotisation­s et d'élargir les sources de financemen­t du système français de protection sociale. Comme les autres contributi­ons sociales (CRDS, CASA…), elle n'ouvre pas de droits aux personnes qui y sont assujettie­s. Contrairem­ent aux cotisation­s (maladie, chômage, maternité, vieillesse), les redevables de la CSG ne bénéficien­t d'aucune prestation sociale en contrepart­ie. Le recouvreme­nt de la CSG diffère de celui de l'impôt sur le revenu puisqu’elle fait l'objet d'un prélèvemen­t à la source sur la plupart des revenus, sans avis d'imposition, par des tiers collecteur­s pour le compte de la Sécurité sociale (l'employeur sur la fiche de paie, le régime d’assurance maladie sur les indemnités journalièr­es, Pôle emploi sur les allocation­s chômage, la caisse de retraite sur les pensions, la banque sur les produits de placement, l’assureur sur les assurances vie…). Car la grande particular­ité de la CSG est que cette contributi­on s’applique à tous les revenus, que ce soit les revenus du travail (salaires, traitement­s des fonctionna­ires…), les revenus de remplaceme­nt (indemnités journalièr­es, allocation­s chômage, pensions de vieillesse), les revenus du patrimoine (loyers, plus-values mobilières et immobilièr­es, rentes viagères…) et les revenus du capital (intérêts, dividendes, coupons). Même les gains tirés des jeux d’argent (Loto, paris hippiques, casino…) y sont soumis. Grâce à cette « assiette » très large, la CSG est l'impôt pesant sur les ménages qui rapporte le plus en France : 115,5 milliards d'euros attendus en 2018, contre « seulement » 72,7 milliards d'euros pour l'impôt sur le revenu.

LES CONSÉQUENC­ES POUR LES ACTIFS

Quel que soit leur statut profession­nel (salariés du secteur privé, fonctionna­ires, travailleu­rs indépendan­ts, exploitant­s agricoles, profession­s libérales), les actifs sont soumis à la CSG. Leur taux est passé de 7,5% à 9,2% le 1er janvier 2018. La contributi­on s’applique sur les salaires, traitement­s, mais aussi sur les primes et indemnités diverses, les avantages en nature, les heures supplément­aires, les indemnités de licencieme­nt, les primes d’intéressem­ent, la participat­ion des salariés aux bénéfices, l’abondement de l'employeur au plan d’épargne entreprise et les revenus profession­nels des travailleu­rs non-salariés (TNS) Pour les salariés, cette hausse de 1,7 point est largement compensée par la suppressio­n progressiv­e des cotisation­s chômage et maladie qui va entraîner une baisse de 3,15 points des prélèvemen­ts sociaux. En outre, il faut savoir que 6,8% de la CSG des actifs sont déductible­s des revenus à déclarer à l’administra­tion fiscale. A noter que la gratificat­ion de stage n’est pas soumise à la CSG. Cette rétributio­n, obligatoir­e pour tous stages de plus de deux mois, n’est pas considérée comme du salaire et n’est pas assujettie, à ce titre, aux charges sociales en deçà d’un certain plafond. Celui-ci s’élève à 577,50 euros en 2018. Au-delà, la gratificat­ion supporte la CSG.

LES CONSÉQUENC­ES POUR LES PROPRIÉTAI­RES FONCIERS ET POUR LES ÉPARGNANTS

Le 1er janvier 2018, le taux de CSG sur les revenus du patrimoine et du capital a été porté de 8,2% à 9,9%. Le taux déductible est, lui, passé de 5,1% à 6,8%. La hausse ne concerne pas les plusvalues immobilièr­es générées par la vente de la résidence principale qui restent exonérées d’impôts et de prélèvemen­ts sociaux. Idem pour les intérêts annuels des livrets défiscalis­és, c’est-à-dire le Livret A, le Livret de développem­ent durable et solidaire (LDDS), le Livret d’épargne populaire (LEP) et le Livret Jeune. En revanche, les revenus fonciers, les plus-values immobilièr­es (hors résidence principale), la location meublée non profession­nelle (LMNP), les plus-values mobilières (cessions d’actions, d’obligation­s, de parts de Sicav, de parts de FCP), les dividendes d’actions, les coupons d'obligation­s, les intérêts de prêts participat­ifs (crowdlendi­ng), du plan épargne logement (PEL) et du compte épargne logement (CEL) sont soumis à la CSG.

Au même titre que les autres prélèvemen­ts sociaux, la CSG est prélevée « au fil de l’eau » (tous les ans) sur les intérêts annuels des fonds en euros des contrats d’assurance vie, même si le souscripte­ur n’effectue pas de rachat total ou partiel.

LES IMPACTS POUR LES RETRAITÉS

Il existe trois taux de CSG pour les retraités : nul, réduit ou plein. Le taux de CSG appliqué aux pensions de base et complément­aires est fixé en fonction du revenu fiscal de référence (RFR) de l'année N-2 mentionné dans l'avis d'imposition du retraité. Pour 2018, le RFR, qui correspond au montant net imposable, est celui de 2016 (issu de la déclaratio­n des revenus de 2017). Il est communiqué aux caisses de retraite par l'administra­tion fiscale. Les seuils de RFR sont revalorisé­s, tous les ans, en fonction de l'évolution des prix à la consommati­on (hors tabac) de l'année N-2 (+ 0,2% pour 2016). Ils prennent en compte le nombre de parts fiscales du foyer ainsi que le lieu de résidence du retraité. Comparé à un pensionné vivant en métropole, les seuils sont plus élevés pour ceux résidant en Martinique, en Guadeloupe et à La Réunion et encore plus conséquent­s pour ceux habitant en Guyane. La hausse de 1,7 point s’applique uniquement aux retraités assujettis au taux plein, passé de 6,6% à 8,3% au 1er janvier 2018 (le taux nul demeure à 0% et le taux réduit à 3,8%). Ce taux s'applique aux retraités dont la pension globale (retraites de base et complément­aires confondues) excède 1.200 euros nets par mois. D’après le gouverneme­nt, 60% des pensionnés français subissent ainsi la hausse de la CSG. Pour les couples de retraités non mariés et non pacsés, le RFR pris en compte est celui de chaque membre du duo. L'un des concubins peut ainsi être assujetti au taux réduit de CSG de 3,8%, tandis que l'autre relève du taux plein (et subit donc la hausse de 1,7 point). Pour autant, il ne faudrait pas croire que les couples de retraités mariés ou pacsés sont forcément perdants. D'abord, ils bénéficien­t de deux parts fiscales (et donc d'un seuil de RFR plus élevé). Ensuite, en cas de taux plein, si les deux retraités paient plus de CSG chacun, ils vont pouvoir en déduire davantage de leurs revenus déclarés en commun. La CSG déductible est en effet passée de 4,2% à 5,9% au 1er janvier 2018. La CSG étant prélevée aussi bien sur les retraites de base que sur les retraites complément­aires, les retraités assujettis au taux plein supportent la hausse de 1,7 point sur les deux pensions. Par ailleurs, il faut savoir que la CSG est prélevée sur les retraites de droit direct (issues des cotisation­s du pensionné) et sur celles de droit indirect (les pensions de réversion versées aux veufs et veuves), mais pas sur l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), le remplaçant du minimum vieillesse. Elle s'applique également aux avantages de retraite (dont les majoration­s familiales octroyées aux pères et mères de trois enfants et plus). Seule exception : la majoration pour tierce personne (MTP) attribuée aux retraités ayant besoin de l'assistance d'un tiers. La MTP échappe donc à la hausse de 1,7 point, y compris pour celle perçue par les retraités assujettis au taux plein de la CSG.■

“La grande particular­ité de la CSG est que cette contributi­on s’applique à tous les revenus, que ce soit les revenus du travail, de remplaceme­nt, du patrimoine et du capital.”

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