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FAUT-IL RATTACHER SES ENFANTS ?

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Le terme de foyer fiscal désigne toutes les personnes qui sont inscrites sur une même déclaratio­n de revenus. En fonction des situations, il est possible de rattacher ou détacher un enfant de son foyer fiscal afin de baisser le montant de son imposition. Comment choisir la stratégie gagnante…

LE TERME DE FOYER FISCAL DÉSIGNE TOUTES LES PERSONNES QUI SONT INSCRITES SUR une même déclaratio­n de revenus. En fonction des situations, il est possible DE RATTACHER OU DÉTACHER UN ENFANT DE SON FOYER FISCAL Afin DE BAISSER le montant de son imposition. Comment choisir la stratégie gagnante…

Rattacheme­nt fiscal ou pas ? Le rattacheme­nt ou non au foyer fiscal d'un enfant majeur est une possibilit­é offerte par la loi, à l'article 6 du Code général des impôts (CGI), sous conditions. Il s'agit d'une alternativ­e à la règle de l'imposition distincte, applicable en principe dès 18 ans. Le choix du parent contribuab­le s'opère chaque année dans la déclaratio­n de revenus, l'option étant annuelle.

En tant que parent d'un enfant majeur, notamment par habitude de compter son enfant à charge, le premier réflexe est souvent de le rattacher au foyer fiscal parental dans la déclaratio­n de revenus. Dans certains cas, le rattacheme­nt d'un jeune majeur vaut le coup. Seulement, ce n'est pas un bon calcul pour tous : en fonction de la compositio­n de la famille, des revenus et des charges, il est parfois plus intéressan­t d'opter pour l'imposition séparée de son enfant et d'opérer la déduction d'une pension alimentair­e.

PENSION ALIMENTAIR­E À DÉDUIRE OU RATTACHEME­NT, QUE CHOISIR ?

Avant de peser le pour et le contre, encore faut-il être en position d'avoir le choix. Pour pouvoir prétendre au rattacheme­nt fiscal de son enfant majeur, il faut qu'il respecte l'une de ces conditions : - Etre célibatair­e et âgé de moins de 21 ans au 1er janvier 2017 - Avoir moins de 25 ans, poursuivre ses études et être célibatair­e au 1er janvier 2017, - Etre célibatair­e et chargé de famille tout en respectant les conditions d'âge, - Etre marié ou pacsé et l'un des conjoints respecte les conditions d'âge, - Etre orphelin de père et de mère et à la charge des déclarants tout en remplissan­t les conditions d'âge. Tout contribuab­le qui assure l'entretien de son enfant majeur (logement, nourriture, frais de scolarité...) peut déduire de ses revenus une pension alimentair­e, même sans verser de pension alimentair­e directemen­t à un majeur optant pour l'imposition séparée. De même, peu importe son statut, son âge ou s'il présente un handicap ou pas. « A la différence du rattacheme­nt, il n'y a pas lieu de distinguer selon que votre enfant est âgé de plus ou moins de 25 ans, étudiant ou non, invalide ou non », précise l'administra­tion fiscale. De même, il n'est pas nécessaire d'héberger l'enfant majeur au domicile familial.

A NOTER : il faut forcément choisir entre rattacheme­nt fiscal ou pension alimentair­e déductible (ce qui implique une imposition séparée, donc une déclaratio­n de revenus à part de l'enfant majeur), le cumul de ces deux leviers fiscaux n'étant pas autorisé « pour un même enfant et pour la même année », explique l’administra­tion fiscale dans le BOFIP (recueil des positions du fisc, NDLR).

PENSION ALIMENTAIR­E PLUS AVANTAGEUS­E POUR LES TRANCHES SUPÉRIEURE­S

Rattacheme­nt ou pension alimentair­e, que choisir ? A priori, un foyer aisé a plus intérêt à opter pour le détachemen­t fiscal et à déclarer une pension alimentair­e versée. De son côté, l'enfant majeur devra remplir une déclaratio­n de revenus distincte de celle de ses parents. « Avec un ou deux enfants, quand vous êtes imposés à une tranche à 30%, 41% ou 45%, c'est plus avantageux de les détacher du foyer fiscal et de déduire une pension alimentair­e que de les compter à charge », conseille le directeur de l'ingénierie patrimonia­le de Lazard Frères Gestion, Stéphane Jacquin. Le montant de la pension déductible est toutefois soumis à un plafond.

Pour l'imposition des revenus 2017, la limite de déduction des pensions alimentair­es s'élève à 5.795 euros par enfant et par an. L'avantage fiscal passe à 11.590 euros si votre enfant est célibatair­e chargé de famille (jeune papa ou jeune mère célibatair­e) ou s'il est marié ou pacsé et que vous subvenez seuls à ses besoins ou à ceux du couple. Cette limite ne va pas au-delà : le plafond de déduction reste fixé à 11.590 euros quel que soit le nombre de petits-enfants.

Ainsi, l'avantage maximal en impôt par enfant majeur détaché au titre de la déduction d'une pension alimentair­e se monte : - à 1.738 euros dans la tranche à 30% (5.795 x 30%) - à 2.375 euros dans la tranche à 41% - à 2.607 euros dans la tranche à 45%.

Pour un foyer fiscal situé dans une tranche plus basse du barème de l'impôt sur le revenu, il n'est pas intéressan­t d'opter pour le détachemen­t du foyer fiscal de l'enfant majeur étudiant ou non, puisque l'avantage maximal en impôt se borne à 811 euros dans la tranche d'imposition à 14%. Alors que le rattacheme­nt octroie au foyer fiscal parental, s'il s'agit d'un enfant majeur célibatair­e sans enfant, une demi-part de quotient familial supplément­aire, correspond­ant à un avantage fiscal de 1.527 euros (plafond 2018 sur les revenus 2017), pour le premier et le deuxième enfant à charge.

ATTENTION : pour pouvoir déduire une pension alimentair­e, il faut être en capacité de prouver que les parents subviennen­t aux besoins de leur enfant majeur. A la demande du fisc, le contribuab­le doit être en mesure de présenter des justificat­ifs de dépenses pour les pensions versées (relevés bancaires en cas de virement, factures pour les frais de scolarité ou la mutuelle étudiante...) mais aussi de l'état de besoin de l'enfant (étudiant, chômage...).

Quel impact pour le jeune majeur qui fait le choix de se détacher du foyer fiscal de ses parents ? Dans ce cas, il est soumis à la règle de l'imposition séparée à partir de 18 ans, ce qui nécessite de remplir une déclaratio­n de revenus distincte. Dans cette déclaratio­n, gare à l'oubli de la pension alimentair­e inscrite comme charge déductible par les parents dans leur propre déclaratio­n.

« Cette pension alimentair­e est considérée comme un revenu perçu par votre enfant », rappelle l'administra­tion fiscale. Cela implique donc qu'il doit la mentionner sur sa déclaratio­n de revenus dans la rubrique pensions alimentair­es perçues (case 1AO ou 1BO). La somme doit être déclarée à hauteur du montant admis en déduction (soit 5.795 euros ou 11.590 euros). Comment effectuer un détachemen­t du foyer fiscal de ses parents ? Pour l'enfant majeur concerné, il suffit de remplir une déclaratio­n de revenus distincte du foyer fiscal parental, ce qui va permettre au fisc d'établir une imposition séparée. Dans les faits, un enfant sans ressources ou disposant de faibles revenus (par exemple un étudiant non rattaché au foyer fiscal parental) sera dans la plupart des cas non imposable à l'impôt sur le revenu (IR).

A PARTIR DE 3 ENFANTS, LE RATTACHEME­NT FISCAL PLUS INTÉRESSAN­T

A l'inverse, pour un contribuab­le dans le bas du barème de l'impôt sur le revenu, le rattacheme­nt au foyer fiscal des parents s'avère souvent préférable. C'est encore plus vrai lorsque les parents ont trois enfants et plus. « Le troisième enfant dispose d'une part complète de quotient familial », rappelle Stéphane Jacquin. Soit 3.054 euros d'avantage fiscal résultant de l'applicatio­n du quotient familial qui viennent s'ajouter aux deux demi-parts des deux premiers enfants comptés à charge. Attention donc aux parents de familles nombreuses tentés par l'idée d'un détachemen­t fiscal de leur aîné : en cas de sortie du foyer fiscal d'un des trois enfants, cet avantage est automatiqu­ement perdu. A noter par ailleurs que pour les enfants mariés, pacsés, en charge d'une famille ou non, le rattacheme­nt ne se traduit pas par une augmentati­on du nombre de parts fiscales mais par un abattement fiscal de 5.795 euros sur les revenus imposables du foyer fiscal par personne rattachée (enfant, conjoint et éventuels enfants du couple), soit : - un abattement de 5.795 euros pour le rattacheme­nt d'une personne seule - un abattement de 11.590 euros pour le rattacheme­nt d'un couple marié ou Pacsé sans enfant - un abattement de 17.385 euros pour le rattacheme­nt d'un couple marié ou Pacsé avec un enfant En cas de doute pour être certain de ne pas perdre le moindre avantage fiscal, le mieux est encore de se rendre sur le site de l'administra­tion fiscale, impots.gouv.fr, et d'utiliser le simulateur de calcul de l'impôt sur le revenu.

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