Mes Finances

UNE ANNÉE 2018 DE TRANSITION

En temps normal privilégié­e, la stratégie consistant à diminuer le revenu imposable est mise à mal par le passage au prélèvemen­t à la source. Comment procéder pour payer moins d’impôt en 2019 ?

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Ordinairem­ent, la fin de l’année est propice aux actions à mener en vue de diminuer l’impôt sur le revenu (IR) à payer l’année suivante. Pour arriver à ses fins, le contribuab­le a, en temps normal, deux stratégies complément­aires à sa dispositio­n jusqu’au 31 décembre : soit agir sur le montant des revenus soumis à l'impôt (l’assiette ou base de calcul de l’impôt), soit agir sur le montant de l'impôt proprement dit pour réduire directemen­t la somme à payer au Trésor public. Ce schéma habituel n’est cependant pas la règle en cette fin d’année 2018. La faute à l’entrée en vigueur du prélèvemen­t à la source (PAS) au 1er janvier, qui bouleverse les habitudes.

IMPACT DU CRÉDIT D'IMPÔT DE MODERNISAT­ION DU RECOUVREME­NT

Pour quelle raison ? Pour comprendre ce chambardem­ent fiscal, il faut revenir au dispositif mis en place à l’occasion de la mise en place de l’impôt à la source. Pour la première fois, le recouvreme­nt de l’impôt sera contempora­in de la perception des revenus : en 2019, quasiment tous les contribuab­les seront prélevés chaque mois de l'impôt sur leurs revenus de 2019.

Pour leur éviter de payer également l'impôt sur les revenus de 2018, un mécanisme appelé crédit d'impôt de modernisat­ion du recouvreme­nt (CIMR) a été instauré en vue de gommer l'impôt. Mais pas sur tous les revenus, l’effacement de L’IR ne portant que sur les revenus courants. En revanche, pour éviter les comporteme­nts d’optimisati­on qu'aurait représenté­s cette non-imposition, les revenus considérés comme exceptionn­els perçus en 2018 seront tout de même fiscalisés en 2019. Une fiscalisat­ion cependant allégée par rapport à une année normale : les revenus exceptionn­els seront imposables au taux moyen d’imposition, ce qui se révèle très intéressan­t pour tous les contribuab­les, et plus encore pour ceux situés dans les tranches supérieure­s du barème de l’impôt (30, 41 et 45%). S’agissant en particulie­r des travailleu­rs non-salariés, la définition des revenus exceptionn­els est un peu particuliè­re : le résultat 2018, s’il est supérieur au plus élevé de celui de l’année 2015, 2016, 2017 ou 2019, sera compté comme exceptionn­el. Conséquenc­e de ce mécanisme de passage de l’ancien au nouveau système de collecte de l’impôt, la portée des outils permettant de réduire l’assiette de l’impôt est considérab­lement réduite cette année. Pourquoi minorer son revenu imposable si celui-ci ne génère que peu ou pas d’impôt ? Cette année, l’utilisatio­n des contrats Perp (plan d'épargne retraite populaire) et assimilés ou des rachats de trimestres manquants vaudra surtout pour leur vocation première, la préparatio­n de la retraite. Même chose à première vue pour les travaux menés par les propriétai­res bailleurs qui n’auront aucun effet fiscal dans bien des situations, l’impôt sur les revenus fonciers courants étant eux aussi neutralisé­s par le fameux CIMR. À une exception notable près : si le montant des travaux dépasse une somme égale à deux fois le déficit foncier annuel imputable sur le revenu global (2 x 10.700 euros = 21.400 euros) et deux fois le montant des revenus fonciers annuels, un dispositif transitoir­e permettra de déduire davantage de ses revenus que le montant des dépenses de travaux !

« L’enjeu d’ici la fin de l’année 2018, pour les contribuab­les en ayant la possibilit­é, consiste d’abord à profiter de la non-imposition des revenus courants ».

Dans ce contexte un peu particulie­r, l’enjeu d’ici la fin de l’année, pour les contribuab­les en ayant la possibilit­é, consiste d’abord à profiter de la non-imposition des revenus courants. Un salarié trouvera ici une motivation pour toucher la prime sur objectifs prévue au contrat de travail la plus élevée possible. Il s’agit aussi, pour les personnes disposant de revenus exceptionn­els, de tirer parti de leur l’imposition réduite. Par exemple en demandant le déblocage anticipé de son épargne salariale en dehors des cas légaux, ou la monétisati­on du compte épargne temps (pour les droits acquis au-delà de 10 jours). Ou encore, pour les mandataire­s sociaux et dirigeants souhaitant mettre un terme à leur mandat, de percevoir des indemnités de cessation de fonction.

INTÉRÊT DES RÉDUCTIONS D’IMPÔT PRÉSERVÉ

En complément, les mécanismes de diminution de l’impôt (réductions, crédits d’impôt) ne sont pas remis en cause : Pinel, souscripti­ons de parts de Sofica, FCPI et FIP (dont FIP Corse et Outre-mer), investisse­ments Girardin Outre-mer ou loi Malraux demeurent ni plus ni moins efficaces que d’habitude et feront l’objet d’un remboursem­ent en 2019 sur la part d’avantage fiscal non imputée sur l’impôt afférent aux revenus exceptionn­els. Il faut, comme chaque année, veiller à ce que les versements correspond­ants soient effectifs avant le 1er janvier pour qu’ils soient pris en compte dès 2019. Certains ne bénéficier­ont cependant pas du mécanisme d’avance (remboursem­ent par le fisc à hauteur de 60% dès janvier) réservé aux dispositif­s les plus courants dont font partie le Pinel ou les dons à des oeuvres. Il faudra alors attendre l’été prochain pour en retirer les fruits, sous la forme d’une restitutio­n.

Autre paramètre à prendre en ligne de compte : le plafonneme­nt global des niches fiscales, dont l’applicatio­n reste pleine et entière malgré la transition vers le prélèvemen­t à la source. Pour l’année 2018, le montant du plafonneme­nt des niches fiscales fixé à 10.000 euros, correspond­ant à une somme globale de défiscalis­ation disponible à consommer pour l’année par un foyer fiscal (quelle que soit sa compositio­n). Ce plafond inclut des avantages fiscaux courants, comme le crédit d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile ou pour la transition énergétiqu­e (Cité), mais aussi la plupart des avantages fiscaux accordés en contrepart­ie d’un investisse­ment : souscripti­on au capital de PME, de parts de FIP-FCPI ou de groupement­s forestiers éligibles, investisse­ment dans le logement neuf (loi Pinel) et réduction d'impôt Censibouva­rd (investisse­ment en résidence gérée).

Cette limite est portée à 18.000 euros en cas d’utilisatio­n des réductions d’impôt Outre-mer ou dans le cinéma (Sofica). On notera, parmi les réductions et crédits d’impôt exclus du champ d'applicatio­n du plafonneme­nt global des niches fiscales, la réduction d’impôt pour dons aux oeuvres et ou associatio­ns reconnues d’utilité publique, ainsi que la réduction d’impôt loi Malraux accordée dans le cadre de la restaurati­on complète d’un bien ancien.

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Dès 2019, le recouvreme­nt de l’impôt sera contempora­in de la perception des revenus
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Pour 2018, le montant du plafonneme­nt des niches fiscales fixé à 10.000 euros

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