MARCHÉS FINANCIERS
EST-CE L'HEURE DE LA SÉLECTIVITÉ ?
Après quinze mois de vive remontée, jusqu’à atteindre de nouveaux records, les marchés actions vontils poursuivre leur marche en avant, alors que l’inflation est plus vive qu’anticipé ? Éclairage.
Simple respiration ou début d’une phase plus compliquée pour les actions ? Les investisseurs ont, en tout cas, montré des signes de fébrilité à la fin du mois de juin. Cette situation erratique n’est pas surprenante. Elle intervient au terme d’un semestre spectaculaire, ponctué par l’atteinte d’un sommet à 6.687,29 points pour le CAC 40 le 17 juin. Proche des 6.700 points, l’indice parisien n’avait pas atteints ces niveaux depuis septembre 2000, lors de la bulle des valeurs TMT (technologies, médias, télécommunications). Le CAC 40 a connu une folle ascension de plus de 80% par rapport au point bas touché le 16 mars 2020 à 3.632,06 points, au tout début de la pandémie de Covid-19. Difficile d’aller chercher de nouveaux plus hauts au-delà, alors que l’économie européenne n’a pas retrouvé son rythme d’avant-crise et que le variant Delta commence à provoquer de nouvelles restrictions sanitaires aux quatre coins du globe.
INFLATION PASSAGÈRE OU NON ?
Si le risque d’une nouvelle flambée épidémique ne peut pas être totalement écarté, ce sujet n’est pas celui qui inquiète le plus les marchés à ce stade. Une menace bien plus tangible pèse sur la tendance ces derniers temps. Celle d’une remontée de l’inflation aux États-unis, faisant craindre une fermeture du robinet de la Fed, la banque centrale américaine, qui inonde les marchés de liquidités depuis plus de 15 mois, source de valorisation élevée de la plupart des actifs financiers.
Les marchés sont toujours dans l’anticipation et ne détestent rien de plus que l’incertitude. C’est ce qui s’est produit aux prémices de la crise sanitaire et qui se manifeste actuellement : pendant combien de temps l’inflation américaine va-t-elle durer ? Pour l’heure, le sujet alimente les réflexions des observateurs. La question est de savoir s’il s’agit simplement d’un contrecoup temporaire lié à la sortie de crise, les goulots d’étranglement provoquant une flambée de la plupart des matières premières liées, ou d’un mouvement plus durable.
Qu’elle soit passagère ou non, cette hausse des prix pourrait provoquer des conséquences en cascade, d’une entrave à la reprise économique à l’érosion des marges des entreprises, en passant par en renchérissement des denrées alimentaires difficilement supportables pour des populations déjà précarisées par les conséquences de la crise sanitaire et la mise à l’arrêt de l’économie.
CHANGEMENT DE TON
Que dit la Fed ? Elle a certes relevé les anticipations d’inflation pour les années 2021 et 2022,
tout en laissant inchangées celles de 2023. Surtout, les prévisions individuelles de la majorité des membres du FOMC, organe en charge du pilotage de la politique monétaire de la Fed, laissent augurer une remontée des taux des Fed funds dès 2023 (taux courts, NDLR), soit un an plus tôt que prévu initialement. Et il est désormais question de réduire la voilure en termes de ses programmes d’achat d’actifs.
Ce changement de ton a fait tomber les indices boursiers de leur piédestal, tout en donnant lieu à diverses interprétations. La déstabilisation des marchés, peu habitués à appréhender une sortie de crise sanitaire, est logique. Pour autant, nombre de facteurs de soutien des marchés restent présents.
FACTEURS DE SOUTIEN
Nous l’avons vu, la politique accommodante de la banque centrale américaine ne va pas s’arrêter du jour au lendemain. De même que celle de la Banque centrale européenne (BCE), confrontée à une reprise plus modérée et disparate qu’outre-atlantique. Le Vieux Continent va aussi commencer à profiter des premiers déblocages de fonds du plan de relance européen, destiné à favoriser le redressement économique des vingt-sept pays de l’union européenne. Un cocktail de soutien budgétaire et monétaire inédit.
Deuxième moteur allumé, celui des flux de placement, en provenance notamment des particuliers, qui se tournent en partie vers des supports à risque plus rémunérateurs que les dépôts bancaires sur des comptes sur livret qui ne rapportent rien, voire leur font perdre du pouvoir d’achat dans un contexte d’inflation plus soutenue.
Last but not least, les publications de résultats des sociétés cotées tendent à dépasser les espérances. Ceux du premier trimestre ont agréablement surpris et l’année 2021 devrait, fait rare, être marquée par une révision à la hausse de la croissance des profits. D’habitude, c’est l’inverse qui se produit : les analystes financiers sont trop optimistes puis ajustent leurs estimations après des résultats inférieurs à leurs attentes du début d’année. La plupart des secteurs ayant retrouvé des couleurs en Bourse, l’heure des choix valeur par valeur a sonné. Celles qui continueront à surpasser les anticipations, dotées d’un management ayant fait ses preuves et de solides fondamentaux, continueront à surperformer. Rendez-vous dès mi-juillet, lors de l’annonce des premiers résultats du deuxième trimestre.