LA GESTION THÉMATIQUE SE RENOUVELLE
Concrets, les fonds thématiques s’appuient sur des grandes tendances de société porteuses de croissance. Ils séduisent de plus en plus les investisseurs. Les sociétés de gestion innovent pour étoffer leur offre et de nouveaux thèmes apparaissent.
Concrets, les fonds thématiques s’appuient sur des grandes tendances de société porteuses de croissance. Ils séduisent de plus en plus les investisseurs. Les sociétés de gestion innovent pour étoffer leur offre et de nouveaux thèmes apparaissent.
« Les fonds thématiques ont été l'un des grands gagnants de la pandémie mondiale », statue Morningstar dans une étude sur la gestion thématique publiée en mai 2021. Selon les chiffres du fournisseur de données, l’encours des fonds thématiques a triplé en l’espace de trois ans pour atteindre 595 milliards de dollars dans le monde à fin mars 2021. L’europe n’échappe pas à cette tendance puisqu’elle accapare 51% de ces encours.
MÉGATENDANCES MONDIALES
Ces produits cumulent les bons points aux yeux des investisseurs. Tout d’abord, il s’agit de stratégies simples à appréhender pour l’épargnant final et elles sont porteuses de sens, concrètes. En outre, ces fonds sont généralement transverses à plusieurs secteurs d’activité, les rendant plus robustes que des produits sectoriels. Par ailleurs, les fonds thématiques reposent sur des mégatendances, autrement dit des mouvements internationaux, de très long terme et qui bouleversent nos sociétés.
Le vieillissement de la population est l’une de ces mégatendances. Dans son rapport annuel dédié au sujet, Credit Suisse évoque ainsi le fait que la population mondiale des seniors va doubler d’ici 2050. La digitalisation de l’économie en est une autre, encore accentuée par la pandémie. En analysant les impacts de ces mégatendances, les gérants tentent d’identifier les entreprises et les secteurs d’activité capables d’en profiter sur le plan économique. Les valeurs en portefeuille de ces fonds sont donc supposées dégager un surplus de croissance se traduisant dans leur cours de Bourse et, in fine, dans les performances des fonds.
D’ailleurs, les particuliers ne sont pas les seuls à être séduits par la gestion thématique. Selon une récente étude de Vontobel AM menée auprès des 300 investisseurs institutionnels et intermédiaires européens, 57% des participants allouent au moins 20% de leurs portefeuilles d’actions à une approche thématique et 49% des répondants prévoient d’augmenter leurs allocations au cours des trois prochaines années.
« Les sociétés de gestion étoffent leur catalogue pour répondre aux attentes des investisseurs et profiter de nouvelles tendances porteuses ».
DE PLUS EN PLUS DE CHOIX DE PRODUITS
Dans ce contexte, le nombre de supports d’investissement ne cesse de progresser. Parmi les stratégies les plus anciennes, on trouve des fonds sur le thème de l'économie des seniors, avec par exemple le produit CPR Silver Age (de CPR AM), créé fin 2009. Les fonds sur la rareté de l’eau sont également bien représentés, à l’image du support BNP Paribas Aqua, lancé fin 2008. Les fonds sur la technologie sont également très nombreux, avec des ramifications plus récentes sur les smart cities, la robotisation, l’intelligence artificielle… Avec des performances parfois très alléchantes, à l’image de la hausse enregistrée par le fonds Echiquier Artificial Intelligence (de La Financière de l’échiquier) en 2020 : +78,93% !
Les sociétés de gestion étoffent leur catalogue pour répondre aux attentes des investisseurs et profiter de nouvelles tendances porteuses. Les ETF (exchange traded funds), ces fonds indiciels cotés qui reproduisent un indice, se développent également sur ce créneau porteur. Lyxor a ainsi créé en 2020 une gamme de cinq ETF thématiques sur les mégatendances et le gestionnaire a annoncé vouloir enrichir cette gamme en s’intéressant aux technologies de rupture dans divers domaines comme la santé et les « clean tech » (technologies propres en matière d’énergie, d’agriculture…).
L’ESSOR DE L’ISR PORTE LA GESTION THÉMATIQUE
Ce dynamisme est accentué par le désir des investisseurs de privilégier des supports d’investissement socialement responsable ayant un impact concret. Or, les fonds thématiques sont particulièrement bien positionnés pour répondre à cette attente. La réglementation européenne en matière de finance durable devrait encore renforcer cela.
Le 10 mars dernier, le règlement européen SFDR (Sustainable Finance Disclosure) est entré en vigueur pour son premier niveau. Celui-ci oblige entre autres les sociétés de gestion à catégoriser leurs fonds en fonction de leurs caractéristiques extra-financières. Trois niveaux ont été instaurés : les produits dits « article 6 » n’ont pas d’objectif de durabilité ; les « article 8 » intègrent des critères environnementaux et/ou sociaux ; enfin les fonds « article 9 » sont ceux qui affichent un objectif d’investissement durable. Les fonds thématiques intègrent naturellement la catégorie « article 9 », la mieux-disante en matière de prise en compte des enjeux de durabilité. L’enjeu est fort pour les sociétés de gestion de disposer de fonds « article 9 ».
Attention toutefois aux stratégies très spécifiques, qui doivent demeurer des outils de diversification et non des fonds de coeur de portefeuille. À défaut, des produits multithématiques permettent de surfer sur les différentes mégatendances au sein d’un seul support.