Les clivages gauche-droite ont la vie dure
Sans surprise, aucun candidat ne propose ouvertement d’alourdir la fiscalité des revenus, à l’heure où le pouvoir d’achat s’est imposé comme l’un des principaux thèmes de la campagne. Cela n’a pas empêché Philippe Poutou de proposer, au risque de contrevenir à la Constitution, un taux d’imposition de 100% pour les revenus au-delà de cinq Smic. Plus globalement, l’ambition générale est de refondre le barème de l’impôt à gauche, afin de le rendre plus progressif (Mélenchon, Jadot, Poutou), pour l’alléger au profit des classes populaires et l’alourdir pour les plus aisés, alors qu’anne Hidalgo n’entend pas y toucher.
Instrument de redistribution des richesses, l’impôt est aussi couramment utilisé pour redonner du pouvoir d’achat, ce qu’emmanuel Macron a fait durant son quinquennat en baissant le taux de la première tranche de 14 à 11%, pour alléger l’imposition de 5 milliards d’euros, au profit des classes moyennes. Marine Le Pen propose, par exemple, d’exonérer d’impôt sur le revenu « tous les jeunes actifs jusqu’à 30 ans pour qu’ils restent en France et fondent leur famille chez nous ». Pour que le calcul de l’impôt leur soit plus favorable, elle entend aussi rétablir la demi-part fiscale supplémentaire pour les veufs et veuves, tout comme Éric Zemmour et Nicolas Dupont-aignan.
VISIONS DE LA FAMILLE OPPOSÉES
Certains décideurs assignent également à l’impôt un rôle dans la politique familiale. À droite, on y voit un moyen de relancer la natalité, à l’instar d’éric Zemmour qui propose de quasiment doubler le plafond du quotient familial (avantage fiscal lié au nombre d’enfants, NDLR) de 1.592 à 3.000 euros. Yannick Jadot veut, au contraire, remplacer le quotient familial par un crédit d’impôt par enfant, d’un montant « constant quel que soit le niveau de revenu ». Il propose, en outre, l’instauration d’une individualisation de l’impôt en supprimant le quotient conjugal, afin de « rendre les niveaux d’imposition indépendants des choix individuels de mise en couple ». De façon assez iconoclaste, Emmanuel Macron veut permettre aux concubins vivant ensemble « de réduire leurs impôts comme s'ils étaient mariés ou pacsés », vraisemblablement via une déclaration de revenus commune.
CONSENSUS À GAUCHE SUR LA SUPPRESSION DE LA FLAT TAX
Considéré comme un cadeau fait par Emmanuel Macron aux plus riches au début de son quinquennat, le prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou flat tax, au taux de 12,8% sur les placements financiers fait l’unanimité contre lui à gauche : Fabien Roussel, Yannick Jadot, Jean-luc Mélenchon et Philippe Poutou appellent à sa suppression.