Les voitures autonomes prennent les commandes
Se glisser dans sa voiture, lui donner sa destination (comme on a pris l’habitude de le faire avec un chauffeur de taxi) et se laisser conduire : les scientifiques en parlent et les constructeurs automobiles nous assurent que c’est pour bientôt… Les premi
Se glisser dans sa voiture, lui donner sa destination et se laisser conduire… Les premières voitures sans pilote roulent à Saint-Étienne du Rouvray et nous nous sommes donné pour mission de faire le point.
Pas une semaine ne passe sans que les voitures autonomes ne fassent l’actualité. En général, il est question d’une actualité positive – demain vous lâcherez le volant – mais parfois encore dramatique avec ces véhicules qui n’ont pas pris la bonne décision au bon moment. Si un système de freinage d’urgence, soit le simple niveau 1 d’autonomie, met en moyenne 700 ms pour réagir à une aler te, l’homme peut mettre environ 1,5 s pour la même sollicitation. II y a donc du bon dans l’autonomie, et aussi du moins bon car, comme souvent avec la technologie, passé un cer tain cap, l’humain a tendance à faire confiance, trop peut-être, à la technique. En attendant, pour comprendre pourquoi votre voiture ne vous raccompagne pas encore à la maison, voici le guide de l’autonomie au volant.
4 à 5 niveaux d’autonomie
Pour complexifier encore les niveaux d’autonomie de nos prochaines automobiles, il n’y a pas une échelle, mais deux ! L’Américaine de 0 à 4 et l’Européenne de 0 à 5, sachant que nous sommes d’accord de chaque côté de l’Atlantique pour que le zéro corresponde à une voiture qui ne fait rien seule. La différence est au niveau du stade 3 américain que l’Europe partage en fait en deux niveaux, les 3 et 4. Nous sommes sur le vieux continent… donc restons-y. Chaque niveau est un par tage de compétences entre la voiture et son conducteur, on ne parle plus de l’autonomie comme on le faisait dans les années 80 ou même 90. À l’époque, on pensait que la voiture pourrait « être » autonome en rejoignant des routes où, au final, elle suivrait un rail magnétique transférant à un régulateur extérieur le soin de gérer les vitesses et autres directions. Aujourd’hui, l’autonomie passe par l’action de confier au véhicule des tâches que le conducteur fait normalement, puis de laisser le véhicule et son intelligence se passer de « l’humain » au dernier stade de l’autonomie.
NIVEAU 1
On le découvre immédiatement quand on regarde ce qu’est le niveau 1. La voiture va pouvoir gérer une dimension de guidage, soit en latéral, soit en longitudinal, c’est ce que font aujourd’hui de nombreux véhicules sans que l’utilisateur considère cela comme de l’autonomie. On parle ici d’un régulateur de vitesse adaptatif, c’est-à-dire capable de réduire la vitesse en cas de ralentissement. Ou encore du système qui va déclencher un freinage d’urgence sans l’aide du conducteur ou avant que celui-ci ne réagisse en cas de détection d’un obstacle. Ou pour finir sur la notion de latéralité, avec les aides de maintien dans la voie de circulation. Avec un véhicule de moins de 5 ans et quasiment sans option, vous avez déjà une voiture autonome. Ici on demande peu d’intelligence, un simple radar avant, ou des capteurs latéraux, et le tour est joué.
NIVEAU 2
Grimpons d’un échelon pour atteindre le niveau 2. Cette fois, le conducteur va pouvoir confier à un instant T pour une mission la gestion de deux directions à sa voiture. Le conducteur reste l e super viseur des manoeuvres, ne lâche pas les commandes et
peut inter venir quand il le souhaite. Il en est ainsi des assistances au stationnement qui s’enrichissent de plus en plus, mais sans changer de niveau d’autonomie. Ici la voiture peut conseiller une place, ou la signaler une fois le système de parcage automatique activé, mais c’est le conducteur qui décide. La voiture manoeuvre, mais le conducteur peut prendre la main quand il veut. On peut aussi classer dans cette catégorie les fonctions d’assistance à la conduite dans les embouteillages, comme VW peut le proposer depuis quelques années. Cette fois la voiture peut conserver une vitesse dans les embouteillages, ralentir quand le flux de circulation ralentit, comme le ferait un régulateur adaptatif, mais elle peut aussi s’arrêter et reprendre sa route seule, mais toujours sur une seule file de circulation et sous le contrôle du conducteur qui ne peut lâcher les mains du volant. NIVEAU 3 Le niveau 3 ne change finalement pas vraiment face au niveau 2, puisqu’ici aussi le conducteur va pouvoir confier la gestion de deux dimensions au véhicule. La différence, c’est qu’une voiture autonome de niveau 3 va offrir au conducteur la possibilité d’abaisser son niveau de surveillance ou vigilance. Le conducteur ne va plus devoir en permanence avoir les mains sur le volant, mais il doit être à tout moment capable de reprendre le contrôle ou de répondre à une sollicitation du véhicule qui nécessiterait une reprise de contrôle. Ici le véhicule est capable de tenir sa voie de circulation, d’adapter sa vitesse aux conditions de trafic, et de prendre des décisions comme d’arrêter le véhicule, tout en permettant au conducteur d’être plus libre de faire une autre tâche. Malgré tout, en cas de changement de conditions de circulation, de direction, ou encore à la sollicitation du véhicule, le conducteur doit être apte à reprendre à reprendre immédiatement les commandes. Aujourd’hui, le niveau 3 n’est plus un mythe mais une réalité pour de nombreux véhicules sur le marché, comme la Nissan Leaf de notre essai par exemple. Mais ne comptez pas l i re l e j ournal, ou consulter vos mails, premièrement parce que le Code de la route n’a pas évolué et ne reconnaît pas la notion d’autonomie, mais en plus parce que les constructeurs bardent leurs systèmes de sécurités pour éviter tout problème juridique. Un véhicule de niveau 3 permet en fait d’avoir la main négligemment posée sur le volant et de se détendre puisque l’IA conduit dans sa file pour vous. Pour tout cela, la voiture a besoin de plus d’infor mations, des capteurs de mouvements fournissent les informations du véhicule, la lecture optique des panneaux croisés avec un GPS et une car tographie peuvent être un plus, mais c’est surtout la vision du véhicule qui importe. Donc radars courte et longue por tée associés à une vision 360° autour du véhicule permettent cette prise d’autonomie. NIVEAU 4 Le niveau 4 apporte encore plus d’autonomie à l’IA de la voiture, mais en contrôle l’espace de liber té. On peut parler d’un parking, voire d’une autoroute par exemple. Dans le premier cas, le niveau 4 d’autonomie peut aller jusqu’à laisser la voiture seul maître à bord pour aller stationner, le conducteur n’étant plus présent. Mais aussi cette même voiture pourrait répondre à une sollicitation de son conducteur pour venir le retrouver à l’entrée du parking quelques heures plus tard. Sur une autoroute, la voiture pourra prendre une bretelle de sortie ou s’arrêter sur une aire de stationnement sans que le conducteur n’ait à reprendre les commandes. En cas de problème, la voiture est apte à décider de son comportement et de la mise en sécurité. Le conducteur est quelque part déresponsabilisé face aux décisions du véhicule et à la reprise des commandes. Le véhicule est capable de parer ce type de « comportement ». NIVEAU 5 Must de la technologie à venir, qui en est aujourd’hui encore à ses balbutiements, le niveau 5 de l’autonomie. Ici la différence avec le niveau inférieur se trouve dans le concept d’environnement. Plus de limites, plus d’environnement fermé comme un parking ou une autoroute, la voiture est capable d’agir et d’interagir par tout, elle s’adapte. Le niveau 5 est une sorte de brouillon pour l’instant, car on ne sait pas comment gérer ce type de compor tement. Mais avec ou sans conducteur, la voiture « vit » sa vie. Cela implique que les infrastructures évoluent, aussi bien routières avec une signalisation normalisée et intelligible pour l’IA du véhicule, mais aussi les systèmes de localisation, avec un GPS plus précis qu’actuellement avec sa tolérance de 10 mètres, de quoi pousser le niveau 5 vers les années 2025. Tout aura évolué, notamment l’IA et les capteurs embarqués.