Du changement pour l’OS de Google
Le système d’exploitation mobile de Google va subir une nouvelle cure de jouvence au passage à la version pour l’instant prénommée P. Nouvelle ergonomie, nouveaux usages et des partenaires déjà « prêts »… L’OS de la révolution ? Voici ce qu’il faut en sav
Le système d’exploitation mobile de Google va subir une nouvelle cure de jouvence au passage à la version pour l’instant prénommée P. Voici ce qu’il faut en savoir.
Android est le système mobile de Google disponible depuis 2008. Chaque année ou presque, il bénéficie d’une mise à jour majeure qui prend le nom d’un dessert et d’un numéro. L’incrémentation est relativement simple à comprendre, on a commencé par Cupcake qui était la version 1.5. Aujourd’hui la dernière mouture stable est la « 8.1 » et elle por te le nom d’Oreo, comme les fameux biscuits. La prochaine itération prendra un nom commençant par la lettre P et sera vraisemblablement estampillée 9.0. Les paris sont ouver ts quant au nom retenu par le géant du Web. Avant d’entrer dans les détails des nouveautés introduites dans cette version, on peut d’ores et déjà remarquer un changement dans l’écosystème de Google : l’omniprésence des par tenaires. Jusqu’ici Google montrait les nouveautés sur ses propres gammes de terminaux Nexus ou plus récemment Pixel, les autres constructeurs devant patienter de longs mois avant de pouvoir le proposer sur leurs appareils après avoir ajouté leurs personnalisations respectives. Ajoutez à cela une validation des opéra- teurs… et il pouvait se passer plus d’un an avant de trouver un appareil fourni avec l’ultime version du système, c’est- à- dire pas loin de la présentation de l’itération d’après !
Le Project Treble d’Oreo
Mais avec Oreo ( ou Android 8. x), Google a découpé son OS en couches indépen- dantes dont une qu’il se réserve et qui est le coeur du système pour pouvoir le mettre à jour rapidement. Et cela sans que les autres couches soient impactées. L’intérêt est multiple. D’un point de vue sécurité, Google peut déployer très rapidement des correctifs sans que les constructeurs et par tenaires n’aient à inter venir. Mais cela permet aussi au plus grand nombre d’utilisateurs – en théorie – de bénéficier d’un meilleur suivi et pourquoi pas de profiter d’une à deux mises à jour majeures sans
avoir à changer d’appareil. Avoir Oreo sur son téléphone ne garantit pas automatiquement que le constructeur se soit engagé à quoi que ce soit. Il faut impérativement qu’il ait implémenté le « Project Treble » depuis le départ. Un exemple parmi tant d’autres, Samsung, l’a en effet intégré uniquement à par tir du Galaxy S9, alors que d’autres modèles bénéficient bien des versions 8 ou 8.1 du système…
Une bêta avec des partenaires
Toujours est- il que lors de la présentation du système d’exploitation en mai dernier, Google a distillé des préversions pour ses propres appareils Pixel (qui ne sont toujours pas disponibles en France) mais aussi une série de smar tphones venant de Huawei, Nokia, One Plus, Sony, etc. Surtout, on note que bon nombre de par tenaires se positionnent très tôt sur l’arrivée d’Android P sur cer tains de leurs mobiles, notamment ceux qui ont une encoche sur l’écran. Et pour cause, le système prend en compte cette singularité et évite que des éléments soient masqués. C’est donc un réel changement d’optique qui, on l’espère, va permettre enfin de limiter la fragmentation importante. D’après les chiffres publiés par Google fin mai, seuls 5,7% des utilisateurs bénéficient de la dernière version en date de l’OS. À titre de comparaison, chez Apple ce sont 81% des utilisateurs qui ont iOS 11. Alors cer tes, c’est beaucoup plus simple car l’écosystème est nettement plus réduit du côté d’Apple, mais c’est un véritable fossé qui existe entre les deux mondes… Enfin, Google annonce, et c’est une première, que la majorité de ses par tenaires devrait pouvoir l ancer des mobiles sous Android P dès le mois d’octobre ! Car tout le travail préparatoire a d’ores et déjà été réalisé avec Qualcomm, Mediatek ou encore Samsung Electronics au niveau du support des processeurs, puces vidéo et pilotes.
Une mise à jour pour tous
Cette mise à jour d’Android P va concerner principalement les smar tphones dans un premier temps, même si rien n’empêche en pratique de l’installer sur une tablette. La quasi-totalité des nouveautés introduites vont dans le sens d’un usage mobile avec les smartphones en ligne de mire. Ce changement de paradigme s’explique assez facilement : le marché des tablettes ne fait que s’effondrer en termes de volume depuis maintenant deux ans. Même Apple souffre de cette situation avec ses iPad. Qui pl us est, depuis l ’ année der ni ère, Wear OS ( montres connectées), Android Things (appareils connectés) et Android TV ont leurs propres cycles de mises à jour i ndépendamment d’Android. Cela n’empêche pas qu’ils tirent une partie des nouveautés issues d’Android P.
Des nouveautés visibles
Comme d ’ h a b i t u d e av e c les versions majeures, il y a des changements visibles, et il y a ceux que l’on découvre à l’usage car pas ou peu évidentes pour les utilisateurs que nous sommes. Ici, la mécanique interne a été revue en profondeur afin de rendre le système plus souple et plus agile. Mais surtout Google a souhaité mettre l’accent sur le « machine learning » au sein de son système. Il faut comprendre par là que l’OS va devenir de plus en plus suggestif en fonction de ce que vous faites à un temps donné. Par exemple, vous faites une capture d’écran, l’action qui suit sera cer tainement de procéder à une retouche ou, si vous avez l’habitude d’envoyer cette capture par mail… l’application de messagerie va se montrer d’une façon ou d’une autre que ce soit via une notification, un message ou un « slice ». Cette fonctionnalité va prendre le temps de vous analyser, c’est pourquoi elle ne sera pas pleinement fonctionnelle au départ. Autre fonctionnalité qui ne devrait pas forcément être très visible immédiatement, Android P ajoute le suppor t du Wi- Fi RTT (Wi-Fi Round-Trip-Time) – qui n’a rien à voir avec des jours de repos – mais qui permet de nous localiser à l’intérieur des bâtiments au mètre près grâce aux bornes Wi-Fi. Il est nécessaire que cette fonctionnalité soit implantée côté smar tphone, mais aussi du côté des bornes Wi- Fi. Cela peut donc prendre du temps avant d’être effectif. La sécurité a été remise à niveau, il faut dire que l’apparition de failles ces derniers mois ont mis en exergue qu’Android à l’instar
des autres systèmes d’exploitation pouvait être vulnérable à de nombreuses attaques. Là encore, l’importance des cycles de mises à jour est cruciale pour pouvoir venir colmater rapidement les différents problèmes. Les sauvegardes aussi ont droit à un changement majeur avec l’arrivée du chiffrement par mot de passe, code Pin ou schéma. Ce chiffrement offre un niveau de sécurité intéressant pour pouvoir tout de même mettre une copie dans les nuages sans qu’elle ne soit lisible par quiconque qui n’a pas la clé pour en lire le contenu. Cette clé sera demandée lors de la réinstallation sur un appareil hôte. Android P sera capable de gérer nativement et simultanément l es doubles caméras physiques que l’on retrouve sur les smartphones les plus haut de gamme. Cela doit permettre à des applications photo ou vidéo d’en tirer par ti pour ajouter des effets de flou, de vision stéréoscopique, de zooms particuliers, etc. De plus, le système ajoute le suppor t du HDR pour la lecture de vidéos. Il permet pour r appel d’ améliorer sensiblement l e rendu en modifiant l es couleurs, l es contrastes et l es l umières au sein des vidéos. Cette fonctionnalité est présente sur des applications comme YouTube, Play Films ou encore Netflix pour ne citer que ces exemples-là. Android P, à l’instar d’iOS 11, ajoute aussi le support des i mages au f or mat HEIF. Ce format permet de stocker deux fois plus d’informations qu’un JPG dans un fichier de taille égale. Google indique d’ailleurs que ce format d’image pourra être employé aussi pour l’habillage des applications, ce qui doit en théorie les rendre plus légères.
Des notifications plus lisibles
Ce qui va être rapidement visible, pour peu que les applications tirent par ti des nouveautés d’Android P, ce sont les notifications qui gagnent en lisibilité et surtout qui font vraiment gagner du temps. En effet, à de nombreuses reprises, des réponses pré-enregistrées vont apparaître. Leur affichage change aussi avec des mouvements plus modernes.Mieux encore. Si vous jugez qu’une appli n’a pas à vous déranger ou que vous ignorez l’ensemble des notifications produites en faisant un glisser du doigt sans les ouvrir, alors elles n’apparaîtront tout simplement plus sur votre écran d’accueil. Pratique pour ne plus être dérangé ! Voilà qui devrait peut-être calmer un peu les développeurs d’applis qui s’amusent avec des notifications à tor t et à travers…
Une meilleure gestion de la batterie
Comme chaque itération (ou presque) d’Android, un travail a été réalisé sur la gestion d’énergie. Mais ici Google a été plus loin et il est ainsi possible de restreindre les applications en arrière-plan. L’intérêt est de les couper presque totalement afin qu’elles ne puisent plus inutilement sur votre batterie. Mais attention il y a un revers : les notifications pourront arriver avec du délai. Il faudra alors jauger manuellement des applis qui méritent votre attention et les autres, mais cela a beaucoup de sens. Android P à ce jour appor te de très nombreuses nouveautés qui donnent un vrai coup de f ouet à l ’ OS de Google et un bon vent de fraîcheur. Des idées ont été reprises çà et là chez le concurrent Apple par exemple, mais après tout pourquoi ne pas piocher aussi dans les bonnes idées ? Assurément, Google signe ici une bonne mouture de son OS.
Android P sur de bons rails
Ce qui nous intéresse encore finalement, c’est de pouvoir observer comment va réagir l’écosystème du leader du monde mobile car, pour la première fois, cet OS a été disponible en bêta chez de nombreux par tenaires et il serait du coup assez étonnant qu’ils ne propulsent pas très rapidement les mises à jour sur leurs propres parcs de terminaux. C’est vraiment ici qu’Android P devrait marquer les esprits, tout du moins on l’espère ! Enfin, il sera intéressant d’observer aussi le comportement de certains leaders tels que Samsung qui n’est que peu présent dans ce programme bêta. Le constructeur est le numéro 1 mondial des ventes, mais s’il ne suit pas la route tracée par ses concurrents, il y a for t à parier qu’il va y laisser quelques plumes au passage. Quand on voit déjà la remontée inattendue de Nokia en haut du classement, on se dit que tout est encore possible. Mais c’est une autre affaire et nous y reviendrons.