POUR LE MODÈLE ARGENTIN ?
Depuis plusieurs mois, le nom de Facunda Isa traînait dans beaucoup de couloirs du Top 14, mais aussi d’Angleterre. Un Pumas vers l’Europe ? Pour rappel, la Fédération argentine (UAR) a établi, au sortir de la Coupe du monde 2015, une nouvelle politique obligeant ses joueurs à évoluer au pays, avec les Jaguares en Super Rugby ou dans le championnat domestique, pour désormais prétendre aux Pumas. Une mesure adoptée pour mettre fin à l’hémorragie des talents vers l’Europe. Mais qui trouve aujourd’hui ses limites financières.
DES SALAIRES DIVISÉS PAR DEUX
L’arrivée imminente de Facundo Isa à Lyon fait suite à la colère de l’UAR concernant son engagement à Toulon pour la saison prochaine. La Fédération a alors décidé de se passer de ses services de manière anticipée. Ce départ est surtout symbolique. Meilleur joueur argentin du dernier Rugby championship (Four-Nations), le numéro 8 a préféré s’asseoir provisoirement sur son destin international pour répondre favorablement aux sirènes fortunées du vieux continent. Il rejoint, dans ce club des « expatriés », les piliers Ayerza et Figallo, le trois-quarts centre Marcelo Bosch, l’ailier Juan Imhoff ou le troisième ligne Juan Martin Fernandez Lobbe. « Les joueurs aiment leur pays, ce n’est pas le problème. Mais dans les conditions financières actuelles, si ce modèle tient jusqu’à la prochaine Coupe du monde, ce sera déjà un petit miracle », confiait un Pumas en marge de la dernière tournée des Bleus à Tucumàn. L’écart des salaires entre les Jaguares et l’Europe est aujourd’hui immense. Pour Juan Imhoff, par exemple, à qui l’UAR avait proposé le salaire le plus élevé des Jaguares (aligné sur Juan Hernandez), cela signifiait tout de même la division par 2 de ses émoluments actuels, au Racing 92. Un delta qui fait craindre, côté argentin, que l’exode ne se poursuive.
DES PROIES PRIVILÉGIÉES
Cet écart fait des Pumas des proies privilégiées. D’autant plus que nombre d’entre eux sont en fin de contrats, et pas des moindres à l’image de l’ouvreur Juan Martin Hernandez, de l’ailier Santiago Cordero ou encore du troisième ligne Leonardo Senatore. En octobre dernier, pendant la semaine précédant la rencontre face à l’Australie délocalisée à Londres, le sélectionneur Daniel Hourcade avait ainsi congédié les (très) nombreux agents de joueurs, mandatés par des clubs européens, et qui s’étaient massés dans le hall de l’hôtel des Pumas.
La menace est réelle. Très récemment, le Racing 92 a raté d’un cheveu de décrocher la signature du talentueux et polyvalent 10-12 Emiliano Boffelli (22 ans). Lequel a finalement prolongé l’aventure avec les Jaguares, début février. Qu’en sera-t-il de ses coéquipiers ? « Il ne se passe pas un mois sans qu’un club appelle Tomàs Lavanini. Avec des offres qui n’ont rien à voir avec ce qu’il touche actuellement », confie une source argentine. Passé par le Racing 92, le colossal deuxième ligne conserverait un accord de principe avec le club Francilien, pour sa fin de contrat (31 décembre 2018). Entre-temps, il a été dragué par le RC Toulonnais. Qui s’était finalement rabattu sur son coéquipier Guido Petti, avec lequel les contacts étaient très avancés. Il vient finalement de prolonger avec les Jaguares, en même temps que neuf autres de ses coéquipiers. Du baume au coeur de l’UAR qui, au rayon des batailles perdues, avait quelques semaines plus tôt échoué dans sa tentative de ramener au pays sa pépite, Patricio Fernandez (prolongation à Clermont jusqu’en 2020).