AH, L’ATTAQUE...
FACE À LA PLUS MAUVAISE DÉFENSE DU TOURNOI DES 6 NATIONS, LE XV DE FRANCE AURA L’OBLIGATION DE MARQUER ENFIN DES ESSAIS. JUSQUE-LÀ, L’ATTAQUE TRICOLORE S’EST RÉVÉLÉE TRÈS PAUVRE. AVEC DEUX ESSAIS INSCRITS EN TROIS RENCONTRES, ELLE EST LA PLUS MAUVAISE DU
D’abord, un simple constat. Comme pour mieux enfoncer une porte déjà bien ouverte (l’Italie n’est pas dernière du classement de ce Tournoi par hasard) la défense n’est pas la qualité première de la sélection transalpine. Les chiffres témoignent : dix-huit essais encaissés par Sergio Parisse et ses partenaires en seulement trois matchs. Contre la Squadra Azzura, L’Irlande en a inscrit neuf, l’Angleterre six. De prime abord, on en vient à penser que nos cousins latins sont une proie idéale, l’adversaire parfait pour qu’enfin le XV de France parvienne à marquer des essais. Parce que, là aussi, les chiffres sont saisissants. Avec deux essais inscrits depuis le début de la compétition, les Bleus possèdent la plus mauvaise attaque du Tournoi. Comble de l’ironie, même les Italiens ont fait mieux (3 essais).
« On doit être plus tueurs », avait réclamé le sélectionneur Guy Novès à l’aube du premier match du Tournoi des 6 Nations face à l’Angleterre. Un voeu formulé en raison d’un cruel manque d’efficacité à l’approche de la ligne d’essai adverse lors de la dernière tournée du mois de novembre. Las, le sélectionneur n’a toujours pas été entendu, les Bleus pêchent toujours dans ce secteur. Le constat s’est révélé criard, notamment à Twickenham. En première mi-temps, à trois reprises (4e, 29e, 40e), les Bleus sont venus mourir à quelques mètres de la ligne d’essai anglaise. Bis repetita en début de seconde période avec un en-avant de Uini Atonio, à l’instant de franchir le dernier mètre avant la ligne d’essai. Il aura finalement fallu attendre la cinquième occasion pour voir les Bleus enfin marquer. Depuis, ils n’ont inscrit qu’un seul essai contre l’Ecosse. Et affiché un zéro pointé en Irlande.
28 FRANCHISSEMENTS POUR SEULEMENT 2 ESSAIS EN 3 MATCHS
Le plus incompréhensible, c’est que cette équipe de France, par sa volonté de déplacer le ballon, d’étirer les défenses, franchit régulièrement le premier rideau défensif adverse. Avec 28 franchissements nets en trois rencontres, elle rivalise avec l’Angleterre (30) et l’Irlande (33). Sauf qu’elle ne score pas. L’Écosse franchit moins (19), mais marque trois fois plus d’essais (7).
« Le ratio n’est pas bon et il faut l’inverser. » Ces propos, Guy Novès les a tenus en amont du premier match contre l’Angleterre. Trois rencontres plus tard, ils sont plus que jamais d’actualité. Face à la défense italienne, il s’agira donc d’un véritable test pour l’attaque de l’équipe de France. Les largesses de la défense italienne invitent à l’optimisme. Franchir le premier rideau défensif, les Bleus savent comment le faire. Ensuite ? « On a des petits soucis d’efficacité à très haute intensité, des problèmes de justesse », avait reconnu Yannick Bru après le match de l’Irlande, regrettant par exemple : « une éjection de balle qui prend quelques dixièmes de secondes de trop, un soutien qui a quelques centimètres de retard. Il faut être plus précis et patient quand on s’approche des zones de marque. »
LOPEZ : « LE JEU AU PIED FAIT PARTIE DE NOTRE STRATÉGIE »
Mais pas seulement. Jusque-là, les Bleus ont souffert d’un manque d’alternance. « Il faut qu’on arrive effectivement à mettre plus de jeu au pied, soulignait mardi en conférence de presse l’ouvreur Camille Lopez. Certes, on a un jeu basé sur la conservation du ballon et sur la multiplication des passes, mais le jeu au pied fait partie de notre stratégie offensive. Il faudra qu’on s’en serve lorsque le jeu s’y prêtera face à l’Italie. Jeff (Dubois) nous en parle régulièrement. »
Toujours est-il que pour s’éviter un match piège, l’équipe de France devra scorer rapidement. Ainsi, elle fera forcément déjouer l’Italie. Facile à dire, nous direz-vous. Certes, mais les joueurs de Novès ont les atouts pour réussir. Et si tant est que les joueurs de Connor O’Shea rejouent la partition du ruck fantôme (lire par ailleurs), les Tricolores ont aussi les armes pour s’adapter et jouer dans l’axe. Ils s’y sont préparés en début de semaine. À croire que tout est bon pour enfin inscrire des essais.