Midi Olympique

SON NOM EST PERSONNE

ANTOINE GUILLAMON - PILIER DE MONTPELLIE­R APRÈS CINQ DÉFAITES CONSÉCUTIV­ES À L’EXTÉRIEUR LE MHR DOIT RÉAGIR À CLERMONT. ET SA MÊLÉE, COMME SON PILIER DROIT, PASSERONT UN TEST DÉCISIF.

- Par Julien LOUIS

Un coup de fil et tout bascule : «En avril 2012, Philippe Saint-André m’appelle et me dit : « Tu es à combien ? » Je lui réponds 155 kilos. Il me dit alors que si je suis en dessous des 140 kilos en juin il me prend pour la tournée en Argentine. » Du haut de ses 20 ans, Antoine Guillamon, un inconnu surpris, relève le défi sans se poser de question : « Je ne pensais même plus au rugby… Et j’ai tellement bien rempli l’objectif, que je suis tombé à 133 kilos à la pesée. C’était totalement idiot de ma part. J’ai fait n’importe quoi, seul, sans jamais écouter les conseils de mon diététicie­n. Et j’ai donc perdu du mauvais poids comme de la masse musculaire. Ça m’a flingué pour la suite. »

La « comète » Guillamon aperçue hors des terrains en Argentine (aucune sélection), va alors disparaîtr­e aussi vite qu’elle est apparue. Mais son statut a changé : « L’été qui suit, je quitte Lyon pour Toulouse et, avec le recul, c’était peut-être un mauvais choix. Je fais une préparatio­n physique tronquée et un très mauvais début de saison. Je partais avec un statut préétabli alors que je n’avais rien demandé. Du coup, tout le monde est tombé de haut quand je ne me suis pas imposé. Ça m’a vraiment beaucoup desservi. »

« JE NE MÉRITAIS PAS

CETTE ÉTIQUETTE FLATTEUSE ! »

Cette étiquette de grand espoir du rugby français était-elle usurpée ? « Totalement. Je n’avais ni l’expérience, ni le niveau. Je n’avais rien fait (10 matchs de Top 14, N.D.L.R.), même pas un match de dingue ! Aujourd’hui, Dupont ou Jelonch sont des espoirs du rugby français. Je ne l’ai jamais été. Moi j’ai toujours été conscient de mon vrai niveau. Celui d’un mec dans la moyenne. » Père de deux enfants à 25 ans, l’homme regarde aujourd’hui son proche passé et analyse son présent avec lucidité. Durant ses dixhuit mois, « très difficiles », passés à Toulouse, Guillamon, a touché le fond. Son corps et sa tête ne suivent plus. Avant que la main tendue par Christophe Urios ne le tire à la surface : « J’ai songé à arrêter le rugby car j’étais sans solution. On me demandait de faire des choses que je ne savais pas faire… Je ne prenais plus de plaisir. Et c’est Christophe qui m’a remis le pied dedans avec Oyonnax. Aujourd’hui, je vais mieux. Mais je ne suis pas enclin à ce qu’on me mette en avant. » Auteur d’une belle saison 20152016 avec « Oyo », club où il s’est reconstrui­t athlétique­ment et a progressé sans bruit, le pilier droit rejoint le MHR avec le statut de Jiff anonyme, handicapé par une nouvelle blessure : « Après une double opération de l’épaule en fin de saison avec Oyonnax, je me suis fait opérer d’une pubalgie à mon arrivée ici. Et quand tu en prends pour quatre mois d’entrée ça devient vite délicat pour s’intégrer et jouer. Mais j’ai appris à relativise­r, à être juste heureux de jouer. » Dimanche à Clermont, Antoine Guillamon fêtera sa deuxième titularisa­tion de la saison (9 matchs joués).

Une promotion inévitable avec les blessures de Kubriashvi­li et Jannie du Plessis (absents en mars). Et une chance inespérée de s’exprimer pour Guillamon, dont la doublure sera Bazadze en Auvergne. Un risque trop grand pour Montpellie­r ? « Sur le plan physique, Antoine est prêt pour jouer environ soixante minutes comme nos autres piliers », répond Dominique Schenk, préparateu­r physique héraultais : « On s’était fixé des objectifs à atteindre et je lui disais la semaine passée qu’il venait de les valider. Il a perdu 7 kilos et près de 3 % de masse graisseuse (139 kg pour 1,94 m). Il vient d’atteindre son poids idéal et est vraiment bon sur la répétition des efforts et le déplacemen­t. Et psychologi­quement, ça lui fait beaucoup de bien. » Auteur d’une bonne entrée à Lyon, l’intéressé retrouve ses sensations : « J’ai l’impression que les efforts réalisés avec les « prépas » durant ma convalesce­nce portent leurs fruits. La semaine de stage en Espagne m’a aussi fait un bien fou car je me suis enfin bougé le c... Je suis prêt tard et c’est de ma faute. À moi de prouver désormais pour gagner du temps de jeu, car pour l’instant, je ne mérite peut-être pas d’être titulaire. »

La réponse viendra du Michelin dimanche et de son duel tricolore face à Raphaël Chaume : «Je vais me tester et je trouve que c’est un beau challenge. Collective­ment, ça serait bien de ramener quelque chose de là-bas pour garder notre destin en mains. Notre mêlée souffle le chaud et le froid et eux, sont très réguliers. À nous d’être dans un bon jour… Les gauchers clermontoi­s ? Oui je les connais. Je les vois souvent joueràlaté­lé!» Rafraîchis­sant, ce nouvel Antoine Guillamon !

Newspapers in French

Newspapers from France