UN CHAMPION EN DANGER
ÉLIMINÉ DE LA CHAMPIONS CUP ET MAL EN POINT EN CHAMPIONNAT, LES RACINGMEN ONT BESOIN DE BATTRE LE LEADER ROCHELAIS POUR SE RASSURER. POURRONT-ILS LE FAIRE ?
On n’a rien oublié de cette matinée d’été, à une époque pas si lointaine où La Rochelle squattait déjà le haut du Top 14. Sous le préau d’un des terrains synthétiques du Plessis, cherchant probablement un recoin d’ombre salutaire, Laurent Labit, tout juste auréolé d’un titre de champion de France, évaluait alors les forces en présence de la poule unique. « Méfiezvous de La Rochelle, disait-il alors. Cette année, ils ne seront pas loin du titre. » Sur le coup, on relevait à peine, mettant ce grain de provoc’ sous le coup de la chaleur accablante, lui jurant même que le Stade rochelais s’essoufflerait un jour ou l’autre, que les Jaune et Noir de Patrice Collazo n’étaient encore assez mûrs pour se mêler au festin des rois. Six mois plus tard, il faut bien avouer que le rugby est un métier et que Labit connaît le sien… « Je suis très inquiet, confie-t-il aujourd’hui. Le Stade rochelais est une équipe redoutable, dense et particulièrement difficile à manoeuvrer. Son recrutement a aussi été très judicieux : Brock James amène le surplus de maîtrise et d’intelligence tactique qui leur manquait peut-être auparavant. Quant à Victor Vito, il est à mes yeux le meilleur joueur du championnat. Ses gestes, ses courses, sa lecture du jeu… Tout ça n’est pas loin d’être parfait… Ce troisième ligne est toujours à 17/20. »
Pour ne pas totalement compromettre une saison déjà bien mal barrée et s’installer dans le wagon des six qualifiés, les Racingmen ont néanmoins l’obligation de s’imposer samedi soir, face à l’actuel leader du Top 14. Afin de parvenir à leurs fins, les deux Laurent ont choisi de relancer Dan Carter, dont ils attendent davantage que les timides coups de reins entraperçus depuis le début de saison (lire ci-dessous). Laurent Labit poursuit ainsi : « Je suis moins sévère que vous vis-à-vis de Dan (Carter). Il ne faut pas oublier qu’il a l’an passé enchaîné deux saisons, débutant avec les Crusaders, poursuivant avec le Mondial et terminant en juin à nos côtés, à Barcelone ! Le faire autant jouer en début de saison n’était pas prévu. Mais le départ de Goosen et la blessure de Rémi (Talès) nous ont poussés à revoir nos plans… » Après avoir hésité à quitter le club à l’automne, au plus fort de la tempête initiée par « l’affaire des corticos », Dan Carter serait aujourd’hui décidé à terminer sa deuxième année de contrat sur un triomphe. Labit, encore : « Le joueur a passé six semaines très difficiles ; il était en effet très remonté contre la France et s’est demandé dans quel pays il avait conduit sa femme et ses deux fils. En fait, Dan a simplement estimé que la réhabilitation n’avait pas eu le même impact que l’accusation. Il m’a dit s’être senti sali… »
LEONE NAKARAWA EN NUMÉRO 8?
Un Dan Carter revanchard, un Sean Robinson (de retour d’un prêt à Colomiers) voulant aujourd’hui montrer qu’il a les épaules pour remplacer Brice Dulin ou les retours dans le 15 majeur de Dimitri Szarzewski et Manuel Carizza sont autant de signes encourageants pour les Racingmen. Enfin, les deux Laurent pourraient, en l’absence de So’otala Fa’aso’o (blessé) et Chris Masoe (suspendu), titulariser la star de leur dernier recrutement (Leone Nakarawa) au poste de numéro 8, et ce pour la deuxième fois cette saison. La dernière fois que l’expérience avait été tentée, les Racingmen avaient mordu la poussière à Glasgow (23-7). Le Fidjien va-t-il enfin répondre aux attentes colossales placées en lui en début de saison ? C’est le moment ou jamais, serait-on tenté de dire…