PLUS QU’UN CLUB...
DEPUIS LE 13 MARS, LE STADE FRANÇAIS DÉMONTRE UN PEU PLUS QU’IL N’EST PAS UN CLUB COMME UN AUTRE. EXPLICATIONS.
Pour Thomas Savare, la pilule est difficile à avaler. L’amertume qu’il évoque (ci-contre) apparaît légitime. La situation sportive actuelle, évidemment, satisfait le président parisien. Mais comme beaucoup, il cherche à comprendre comment une équipe moribonde, luttant pour éviter la relégation avant le 13 mars dernier, se retrouve aujourd’hui en finale de la Challenge Cup, après un exploit majuscule à Cardiff contre les Ospreys en quarts de finale, et encore en position de se qualifier pour la phase finale du Top 14. Mystère et boule de gomme ? « L’épisode de la fusion a boosté le groupe, rétorque
Gonzalo Quesada. Les joueurs ont pris leurs responsabilités et l’état d’esprit est revenu. » « Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour que l’équipe explose, pense le capitaine Sergio Parisse. Mais on s’est resserré et personne n’a rien lâché. C’est ce qui fait notre force aujourd’hui, cette équipe a du caractère. » Et
d’ajouter : « l’humain a répondu présent. » Mais force est de s’interroger. Pourquoi avoir attendu d’être au pied du mur pour afficher ce visage ? « De l’extérieur, ça ressemble à du gâchis, reconnaît
l’ailier Julien Arias. Et je ne parviens pas à l’expliquer. On ne décide pas en début de saison d’être nuls comme on a pu l’être. Chaque match, on l’a joué pour le gagner. Mais depuis quelques semaines, le collectif a pris le pas sur les individualités. On s’est senti attaqués, menacés par cette histoire de fusion. On s’est donc resserrés.
À partir du moment où on a campé sur nos positions, où on a mené cette grève, on savait qu’il nous faudrait assumer. Tout le monde en a pris conscience. Et on a retrouvé cette petite flamme collective. » Et l’ailier parisien, au club depuis 2004, de détailler ce qu’est devenu le quotidien du Stade français depuis cette date du 13 mars qui restera dans l’histoire : « Désormais, chacun fait un peu plus pour l’autre, chacun a envie de donner un peu plus pour l’équipe. Ce n’est pas grandchose, mais sur le terrain, ça fait
la différence. » Le meilleur exemple ? Pascal Papé, qui s’est posé en leader des « Insoumis » et qui a mené la fronde contre la fusion, a livré face à Pau, le 15 avril dernier, la meilleure performance de sa saison. Jusquelà, il s’était montré d’une discrétion absolue.
Aujourd’hui, l’incertitude planant encore sur l’avenir du Stade français vient s’ajouter à cet état d’esprit remarquable. Les Parisiens se sentent investis d’une mission : offrir la meilleure image de leur club et susciter l’intérêt. Mais pas seulement. « Le scénario incroyable du match contre Bath ajoute encore un peu plus de magie à notre histoire, estime encore Julien Arias. Mais surtout, ça nous montre que nous sommes dans le vrai. Ça montre que cette équipe a une âme. Parce que, individuellement, on n’est pas meilleur qu’il y a un mois. Mais collectivement, il s’est passé quelque chose que je ne saurai expliquer. C’est totalement inconscient. » La même inconscience qui avait mené le Stade français au Brennus il y a deux ans ? A. B.