LA FLAMME ROUGE
SANS BRILLER, LES TOULONNAIS SONT FROIDEMENT VENUS À BOUT DE LA SECTION (32-12). AVEC CE QUATRIÈME SUCCÈS CONSÉCUTIF, ILS ABORDENT LES PHASES FINALES AVEC UN STATUT D’OUTSIDERS.
Samedi soir, dans la douce nuit toulonnaise, les joueurs de Richard Cockerill n’ont pas réalisé un « grand match ». Mais dans un style qui leur est désormais propre, ils sont froidement venus à bout de la Section paloise. La rengaine du RCT version Cockerill ? Du jeu à une ou deux passes, une défense bien en place, des avants dominateurs physiquement, une conquête irréprochable et de la discipline. Et après Toulouse, Castres et Bordeaux, le retour du jeu direct a fait une quatrième victime consécutive : la Section paloise. Méthodiques, les Toulonnais ont d’abord pris le large au score, avant de gérer, faire le dos rond et optimiser les moindres failles de la défense béarnaise. « Cette quatrième victoire nous rassure évidemment, remarquait Guilhem Guirado après la rencontre. Elle montre que chaque fois qu’on est précis, qu’on tient le ballon et que chacun trouve sa place au sein de l’équipe, nous sommes dangereux, nous faisons mal et nous mettons en place des choses assez cohérentes ». Comprenez que quand le RCT oublie le jeu d’initiative que prônait Mike Ford, pour faire… du RCT, il retrouve une force de frappe qui n’a que peu d’égaux en France. « Pour un groupe en reconstruction, en année transition, ayant mal géré l’après-Laporte et au regard du nombre d’entraîneurs passés par Toulon cette saison, je trouve que ce n’est pas trop mal. Je tiens d’ailleurs à dire que Richard Cockerill est un putain de bon entraîneur ! », s’amusait Mourad Boudjellal en conférence de presse. Car s’il est arrivé sur la rade début janvier, le manager n’a pris la tête de l’équipe qu’au début du mois d’avril. Depuis ? Le RCT ne connaît plus la défaite et fonce, tête baissée, vers les phases finales.
S’INSPIRER DU RACING ET DU STADE FRANÇAIS
Et si tout semble aller pour le mieux du côté de Toulon, les joueurs ne veulent pas céder à l’euphorie. « Ce fut une saison que nous nous sommes rendus très compliquée, poursuivait Guirado. Mais l’objectif était de faire partie des phases finales, c’est chose faite. Nous allons recevoir Castres et faire plaisir à notre public une dernière fois. Donc nous sommes assez contents, mais pas euphoriques. Nous avons bien conscience que c’est maintenant que tout commence. » Car s’ils abordent les phases finales avec la meilleure dynamique des six qualifiés, les Varois ne veulent pas griller les étapes. « Tienton le bon bout ? Si nous perdons dans quinze jours je vous dirais que non ! Ce qui est sûr c’est que nous sommes cohérents sur ce que l’on met en place. Mais c’est maintenant que ça va devenir intéressant. Les compteurs sont remis à zéro. On va tenter de s’inspirer de ce qu’ont fait le Racing et le Stade français (en terminant la phase régulière à la quatrième place, ils ont soulevé le bouclier de Brennus). Sans être prétentieux, ni voir trop loin, nous savons que c’est faisable. Dans notre championnat, ce ne sont pas forcément les meilleurs, ceux qui ont tenu la tête tout au long de la saison, qui finissent champions. » Ambitieux mais mesuré, Guilhem Guirado semblait parfaitement illustrer l’état d’esprit du groupe.
« ON CRAINT DÉGUN ! »
Pourtant le discours du capitaine du XV de France ne trouvait que peu d’écho chez son président. La langue de bois ? Elle était une nouvelle fois restée aux vestiaires. « Nous allons jouer un quart, ce qui n’est que très rarement arrivé dans l’histoire du club. On sait que si nous avons la chance de gagner ce match (il coupe). Être premiers ou sixièmes on n’en a rien à cirer ! Aujourd’hui ce que l’on veut, c’est gagner des matchs. Même 1-0 ça ne me dérange pas. […] Est-ce que Toulon se met à croire au Brennus ? Toulon se met surtout à croire que d’une saison pourrie peut naître un truc exceptionnel. »
Et si une grande page de l’histoire du RCT se tournera en fin de saison, nul doute que Matt Giteau, Drew Mitchell et autres Juanne Smith auront à coeur de sortir sur une bonne note. La conclusion de la soirée a d’ailleurs été donnée par un partant, Paul Stridgeon (préparateur physique du RCT depuis 2014). Devant un stade Mayol ému aux larmes, celui qui se fait communément surnommer « Bobby », s’est emparé du micro tenu par Mourad Boudjellal et s’est contenté de lâcher un très symbolique : « On craint dégun ! ». Car, malgré la saison à rebondissements qu’il vient de connaître, personne ne sait véritablement où s’arrêtera ce RCT.