Midi Olympique

ET LA TENDRESSE, BORDEL ?

FORTEMENT REMANIÉ, LE LOU N’A PAS FAIT LE POIDS DANS UN MATCH SANS ENJEU. PAS DE QUOI FAIRE REGRETTER SES CHOIX « HUMAINS » À PIERRE MIGNONI.

-

Il paraît que certains, du côté de Lyon, ont fait à Pierre Mignoni le mauvais procès de ne pas avoir joué à fond le jeu en Top 14, le jugeant coupable de ne pas avoir aligné son équipe-type pour aller chercher le bonus offensif à Grenoble. Non mais quoi, sérieuseme­nt ? Ces gens-là pensaient-ils vraiment que le Racing 92, ci-devant champion de France, allait chuter à domicile face à l’Union BordeauxBè­gles, pendant que Montpellie­r allait chuter devant Paris, et que Castres allait l’emporter à Brive ? Ou même, que l’objectif d’une septième place, synonyme de qualificat­ion pour l’usine à gaz d’un (double) barrage qualificat­if pour la Coupe d’Europe, était vraiment souhaitabl­e ? À d’autres, allons… « Il faut comprendre que l’on construit, petit à petit, prenait malgré tout la peine d’expliquer le manager lyonnais Pierre Mignoni. Je suis satisfait de ce que nous avons réalisé cette saison. Il ne faut pas être hypocrite, même si c’est dommage pour la région de ne pas avoir de derby l’an prochain, je préfère être à notre place qu’à celle des Grenoblois. Alors, de là à parler de Coupe d’Europe l’an prochain… Je connais un peu cette compétitio­n pour l’avoir remportée avec Toulon, ainsi que le niveau d’exigence qu’elle implique. Aurions-nous été prêts dès l’an prochain pour la jouer ? Certains diront peut-être que oui, d’autres que non. Certes, nous aurons dès l’an prochain un effectif encore plus consistant, mais il faut surtout apprendre à ne pas aller trop vite, car c’est le meilleur moyen de tomber. »

MIGNONI : « J’ASSUME MES CHOIX »

Ceux qui ont un peu de mémoire se souviennen­t d’ailleurs bien ce qui est advenu de l’US Oyonnax, qualifiée en phase finale de Top 14 dès sa première saison en élite, puis reléguée après avoir reçu le cadeau empoisonné­e de disputer la Champions Cup sans y être préparée. Et de la mémoire, figurez-vous que Pierre Mignoni en a. À tel point que, plutôt que de se bercer d’illusion, celui-ci a souhaité honorer ceux qui travaillen­t dans l’ombre depuis le début de la saison. « Quand on ne fait pas jouer les jeunes, les gens ne sont pas contents, soupirait le manager lyonnais, à demi dépité à l’idée de devoir convaincre son auditoire. Et quand ils jouent, ils ne sont pas contents non plus… Pour moi, en ce qui concerne une éventuelle qualificat­ion, nous avions manqué le coche chez nous, lors de la réception de Clermont. Il était trop aléatoire de compter sur un alignement de planètes qui, en plus, ne nous aurait pas été favorable. C’est pour cela que l’idée, c’était de préparer l’avenir, de voir évoluer nos jeunes dans le contexte du Top 14, et pas de la Challenge Cup. Et pour tout dire, le comporteme­nt de ceux qui sont entrés en deuxième période m’a bien plu, même si le score était déjà lourd. Nous avons fait des choix, je les assume… » Cela s’appelle du management, ou plutôt, en un mot moins barbare, de l’affectif. Une donnée fondamenta­le dans ce beau sport que demeure le rugby, lorsqu’il n’oublie pas que sa première dimension demeure humaine, qui plus est lors de la dernière journée d’une interminab­le saison. Et la tendresse, bordel…

Newspapers in French

Newspapers from France