Midi Olympique

DE L’AUTRE CÔTÉ DES QUINZE MÈTRES...

S’ILS PEUVENT CONSTITUER UN ATOUT OFFENSIF MAJEUR DE PAR TOUTES LES OPTIONS QU’ILS OFFRENT, LES LANCERS LONGS PEUVENT AUSSI CONSTITUER UNE ARME À DOUBLE TRANCHANT, À UTILISER À BON ESCIENT.

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

La recette est antédiluvi­enne, bien sûr. Mais elle a le mérite de revenir régulièrem­ent sur le devant de la scène. On parle ici, bien sûr, des lancers en fond d’alignement. Lesquels, s’ils supposent des conditions météorolog­iques favorables (à commencer par un vent le moins violent possible…) peuvent ouvrir la voie à bien des perspectiv­es, notamment offensives. « L’avantage, lorsqu’on lance au-delà des quinze mètres, c’est qu’on se situe d’ores et déjà sur la ligne d’avantage, face à une défense qui n’a pas eu le temps de combler son retard » nous expliquait voilà quelque temps l’entraîneur du Racing 92 Laurent Travers. À condition, bien sûr, d’utiliser parcimonie­usement ce genre de combinaiso­n… « Si on les utilise de manière trop systématiq­ue, les lancers longs sont contreprod­uctifs. Si la défense peut anticiper et arriver en même temps que l’attaque au point de chute du ballon, le mouvement sera tué dans l’oeuf. L’objectif, c’est de prendre la défense par surprise, de façon à capter le ballon alors que celle-ci n’aura pas eu le temps de monter, pour exploiter immédiatem­ent la zone de fracture entre le dernier joueur de l’alignement et le premier non-participan­t à l’alignement, qui se situe à dix mètres. »

PLUSIEURS OPTIONS DE SOUTIEN

Et pour cela, les recettes sont nombreuses. La plus simple consistant tout simplement à servir directemen­t pour un trois-quarts lancé comme une balle… Risqué, tout de même, puisque le lancer devra effectuer au moins vingt mètres… L’autre option revient à une feinte de saut du dernier bloc, pour jouer « à l’ancienne » sur le verrouille­ur. « L’avantage à fonctionne­r de la sorte, c’est que si le bloc saut est mobilisé en l’air, la défense du fond de touche sera plus difficile à assurer. L’inconvénie­nt, c’est que le preneur de balle n’est pas lancé. Il faut alors prévoir une animation autour de lui, avec des joueurs qui arrivent à sa hauteur. » Par exemple le relayeur à son intérieur (pour exploiter l’intervalle entre le fond de touche et l’ouvreur, ou un centre en croisée ou à hauteur.

LE RISQUE DU « RELAYEUR-CONTREUR »

Toutefois, l’utilisatio­n de ces lancers longs n’est pas sans risque. Notamment lorsque ces derniers sont utilisés (comme c’est souvent le cas) sur touche défensive, à cinq mètres de son propre enbut. Sur le papier, le principe est pourtant séduisant : comme les partenaire­s du lanceur se situent sur l’en-but, soit à cinq mètres de la touche, et les défenseurs à dix mètres, il semble relativeme­nt « sécuritair­e » d’utiliser ces lancers longs, étant donné l’avantage spatio-temporel des partenaire­s du lanceur. Sauf que, le weekend dernier, les Rochelais et le Racing ont simultaném­ent offert une belle réponse, en profitant du règlement pour faire intervenir leur relayeur en contre (lire ci-contre). Et si les Racingmen se sont fait piéger pour un léger hors-jeu lors du derby, ce ne fut pas le cas des Rochelais contre Montpellie­r, à la grande stupéfacti­on des joueurs du MHR. Le genre de détail qui peut s’avérer précieux lors des matchs au couteau, et qu’il vaut mieux maîtriser…

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Sur une touche située à cinq mètres de son en-but, le talonneur du MHR (cercle blanc) souhaite lancer au-delà des quinze mètre sur Battut (cercle jaune). Sauf que ce dernier est pisté par le relayeur rochelais Cedaro (cercle rouge). 1
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L’image est explicite : lorsque le ballon quitte les mains de Du Plessis, Cedaro est à l’intérieur des 15 mètres, donc « en jeu ». Mais comme le lancer est destiné au-delà des quinze mètres, il peut lui aussi dépasser cette ligne. 2
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3 Démarqué, le centre Paea peut récupérer le ballon lancé, sur la ligne d’avantage. De quoi conférer un temps d’avance à l’attaque pour mettre en difficulté la défense. Le Lou marque un essai dans la continuité.
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1 Photos DR Sur touche située à trente mètres de l’en-but clermontoi­s, l’alignement lyonnais se positionne en « complète » tandis que le contre asémiste se met en place pour défendre un probable ballon porté….
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Toutefois, le lanceur lyonnais surprend la défense en lobant toute la touche pour adresser un lancer au-delà de la ligne des quinze mètres, qui trompe le dernier bloc lyonnais mais aussi le relayeur. 2
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3 Le saut de Cedaro lui permet de devancer Battut (cercle jaune), qui ne s’attendait pas à la manoeuvre. Et de dévier pour Vito (rouge), qui profitera du désordre pour marquer entre les poteaux.

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