DE L’AUTRE CÔTÉ DES QUINZE MÈTRES...
S’ILS PEUVENT CONSTITUER UN ATOUT OFFENSIF MAJEUR DE PAR TOUTES LES OPTIONS QU’ILS OFFRENT, LES LANCERS LONGS PEUVENT AUSSI CONSTITUER UNE ARME À DOUBLE TRANCHANT, À UTILISER À BON ESCIENT.
La recette est antédiluvienne, bien sûr. Mais elle a le mérite de revenir régulièrement sur le devant de la scène. On parle ici, bien sûr, des lancers en fond d’alignement. Lesquels, s’ils supposent des conditions météorologiques favorables (à commencer par un vent le moins violent possible…) peuvent ouvrir la voie à bien des perspectives, notamment offensives. « L’avantage, lorsqu’on lance au-delà des quinze mètres, c’est qu’on se situe d’ores et déjà sur la ligne d’avantage, face à une défense qui n’a pas eu le temps de combler son retard » nous expliquait voilà quelque temps l’entraîneur du Racing 92 Laurent Travers. À condition, bien sûr, d’utiliser parcimonieusement ce genre de combinaison… « Si on les utilise de manière trop systématique, les lancers longs sont contreproductifs. Si la défense peut anticiper et arriver en même temps que l’attaque au point de chute du ballon, le mouvement sera tué dans l’oeuf. L’objectif, c’est de prendre la défense par surprise, de façon à capter le ballon alors que celle-ci n’aura pas eu le temps de monter, pour exploiter immédiatement la zone de fracture entre le dernier joueur de l’alignement et le premier non-participant à l’alignement, qui se situe à dix mètres. »
PLUSIEURS OPTIONS DE SOUTIEN
Et pour cela, les recettes sont nombreuses. La plus simple consistant tout simplement à servir directement pour un trois-quarts lancé comme une balle… Risqué, tout de même, puisque le lancer devra effectuer au moins vingt mètres… L’autre option revient à une feinte de saut du dernier bloc, pour jouer « à l’ancienne » sur le verrouilleur. « L’avantage à fonctionner de la sorte, c’est que si le bloc saut est mobilisé en l’air, la défense du fond de touche sera plus difficile à assurer. L’inconvénient, c’est que le preneur de balle n’est pas lancé. Il faut alors prévoir une animation autour de lui, avec des joueurs qui arrivent à sa hauteur. » Par exemple le relayeur à son intérieur (pour exploiter l’intervalle entre le fond de touche et l’ouvreur, ou un centre en croisée ou à hauteur.
LE RISQUE DU « RELAYEUR-CONTREUR »
Toutefois, l’utilisation de ces lancers longs n’est pas sans risque. Notamment lorsque ces derniers sont utilisés (comme c’est souvent le cas) sur touche défensive, à cinq mètres de son propre enbut. Sur le papier, le principe est pourtant séduisant : comme les partenaires du lanceur se situent sur l’en-but, soit à cinq mètres de la touche, et les défenseurs à dix mètres, il semble relativement « sécuritaire » d’utiliser ces lancers longs, étant donné l’avantage spatio-temporel des partenaires du lanceur. Sauf que, le weekend dernier, les Rochelais et le Racing ont simultanément offert une belle réponse, en profitant du règlement pour faire intervenir leur relayeur en contre (lire ci-contre). Et si les Racingmen se sont fait piéger pour un léger hors-jeu lors du derby, ce ne fut pas le cas des Rochelais contre Montpellier, à la grande stupéfaction des joueurs du MHR. Le genre de détail qui peut s’avérer précieux lors des matchs au couteau, et qu’il vaut mieux maîtriser…