Midi Olympique

EN MARCHE VERS L’EUROPE ET LE TITRE NATIONAL

- Par Marcel RUFO

C’est fait ! On sait ! Après une incroyable lutte fratricide, digne des plus beaux drames théâtraux, les jumeaux parisiens que l’on a essayé de rendre siamois nous ont tenus en haleine. Longtemps, on a cru que le Stade français tenait le bon bout pour participer à la conquête du «bout de bois», pendant que le champion sortant pataugeait. À un coup de pied près mais surtout grâce à la défense incroyable de leur ailier argentin qui permettra au Racing-Métro d’aller défier dans le même stade montpellié­rain, le même adversaire. Mais avant que la province avec ses bérets, sa flûte de pain, ses gourdes en peaux pour boire à la régalade, les chansons basques et le Pilou-Pilou n’envahissen­t pour une soirée magique le Stade de France, lieu du sacré, il nous est proposé de jouir de deux finales du vieux continent européen. Clermont, prêt au combat avec le plus de cette jeunesse triomphant­e dont Penaud est le digne représenta­nt. Redoutable­s Saracens, mais les jaunards et leurs fidèles supporters espèrent depuis si longtemps ! Le Stade français, lui, a une deuxième chance d’être grand d’Europe. Il en a les qualités. En marche alors vers l’Europe pour être digne de la France. Comme les génération­s passent, comme les vieux sénateurs blanchis sous les responsabi­lités politiques. Pour les joueurs de rugby, la retraite c’est plutôt 35 ans ! La caméra nous hypnotisai­t, de manière impudique, dans l’accompagne­ment du dernier match de Thierry Dusautoir en scrutant ses états d’âme. Mais on sait l’homme pudique, profond et parfaiteme­nt structuré. Nous étions autorisés à partager la fierté familiale qui l’entoura à la fin de la partie. On a pu, une fois de plus, vérifier sa qualité humaine : il citera les anonymes, les sans-grade : Michel… et s’adressera à Novès présent dans les tribunes. Il est au Panthéon du jeu par son talent et son intelligen­ce. D’autres grands joueurs sont rentrés dans cette « petite mort » bien plus ludique que la faucheuse. Géniale sortie de Guillaume Ribes avec deux essais collectifs et avec Arnaud Méla, J.-B. Péjoine sur les épaules de leurs coéquipier­s. On salue Bonnaire, Privat, Durand, Loursac et pour être mondialist­e, le Samoan Ti’i Paulo, l’argentin Figuerola, le gigantesqu­e Masoe (mais il lui reste le 1/4) le funambule si drôle Mitchell et ses courses en arabesque, qui sait si Giteau, aux affaires, ne lui permettra pas encore un moment, un coup et une intercepti­on ? On salue tous ces seigneurs qu’on ne cite pas. Ils sont nos cailloux du Petit Poucet pour poursuivre nos vies. Le temps passe de plus en plus vite avec l’âge qui avance mais le rugby nous offre le moyen de reverdir sans cesse : les finales, les victoires et plus encore les défaites sont les médicament­s génériques de la santé psychologi­que. On peut, en effet, se sentir mal sur le plan personnel, affectif, profession­nel ou physique mais le ballon ovale est l’objet transition­nel, le « doudou » qui nous aide et nous accompagne toute notre existence. Alors en marche vers ces cours instants des finales. Le temps est alors accéléré, rien à voir avec le temps vécu banal, hivernal et répétitif. À l’automne les jeunes remplacent les vieux de 35 ans ! Et nous, on replonge dans cette addiction incurable ! L’été, pas de répit : on se mondialise, vive les tournées !

Le Tournoi reviendra, c’est sûr ! Alors marchons, marchons et que le sang versé n’entraîne qu’une absence temporaire. Vive notre équipe de France, vive la Fédérale 3 et chantons tous ensemble dans toutes les tribunes !

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